percluse de douleurs sur la tombe
- Klausinski
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percluse de douleurs sur la tombe
Dans Les mots de Sartre, je tombe sur cette phrase : "on rit cent fois de suite, sans se lasser, de cette étudiante qui vient d'écrire dans un thème français : 'Charlotte était percluse de douleurs sur la tombe de Werther'" et je n'arrive pas à déterminer ce qui est risible. Je ne saurais même pas dire s'il s'agit d'une faute de grammaire, de syntaxe, si l'on se moque de l'expression difficile ou d'un autre ridicule. Est-ce qu'on critique le fait que "douleur" soit au pluriel ? est-ce la préposition "sur" que l'on critique ? Comme je me sens bête et que j'aimerais être enfin fixé, j'ai décidé de recourir à vos lumières. Je vous remercie d'avance.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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Je ne vois pas bien non plus. Peut-être parce que perclus se dit de gens âgés que les douleurs articulaires empêchent de se mouvoir, et qu'on ne le dit pas pour quelqu'un de jeune ? Mais de là à trouver du comique dans une « erreur » si vénielle, je suis perplexe. Percluse de douleurs sur la tombe, peut-être parce l'expression s'emploie seule ? Ce serait un peu tiré par les cheveux. L'humour de la phrase m'échappe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Il y a certainement un rapport : Werther est amoureux de Charlotte, qui est mariée dans un cadre bourgeois. Werther est jeune, impétueux, il se consume d'amour, Charlotte veut bien l'aimer comme un frère mais sa pureté ne peut la conduire à l'aimer autrement, Werther finit par se suicider. Mon résumé n'est pas très bien fait, mais ma mémoire ne retient jamais tous les détails. Pourtant, j'ai relu la fin du livre et Lotte ne pleure pas sur la tombe de Werther, étant donné qu'elle se meurt en même temps que lui. Mais, ce dont il est parlé ici, c'est d'un "thème" français, l'étudiante n'a donc pas inventé la phrase...
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Klausinski
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Ah, ce n'est pas bête du tout, cette proposition ! Vous devez avoir raison, Perkele.
EDIT : Ce qui m'étonne tout de même, si c'est bien cela, c'est que Sartre n'ait pas jugé utile de donner la phrase allemande pour qu'on puisse constater si la traduction est correcte ou non. A moins que la phrase originale soit si célèbre qu'on puisse se dispenser de la donner...
EDIT : Ce qui m'étonne tout de même, si c'est bien cela, c'est que Sartre n'ait pas jugé utile de donner la phrase allemande pour qu'on puisse constater si la traduction est correcte ou non. A moins que la phrase originale soit si célèbre qu'on puisse se dispenser de la donner...
Dernière modification par Klausinski le ven. 12 oct. 2007, 16:15, modifié 1 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Perkele
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Sinon le dictionaire de l'Académie, comme j'en avais le sentiment, définit "perclus" comme impotent (entièrement ou en partie). Il ne donne pas le sens de paralysé de façon passagère que donne le TLF par une cause physique ou morale.
Le ridicule de la traduction se trouve sans doute là.
Quoi qu'il en soit, je trouve la réflexion de Sartre peu charitable, et peu judicieux son mépris de l'ennemi par le truchement du devoir d'une jeune-fille.
Le ridicule de la traduction se trouve sans doute là.
Quoi qu'il en soit, je trouve la réflexion de Sartre peu charitable, et peu judicieux son mépris de l'ennemi par le truchement du devoir d'une jeune-fille.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Klausinski
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Il était fort jeune à l'époque, et son grand-père et lui riaient sans méchanceté. Pour ma part, en tout cas, je continue à trouver la phrase tout à fait valable. :DPerkele a écrit :Quoi qu'il en soit, je trouve la réflexion de Sartre peu charitable, et peu judicieux son mépris de l'ennemi par le truchement du devoir d'une jeune-fille.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Klausinski
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Chez Maupassant, je trouve cette phrase :
"Le vieux ne travaillait plus. Triste comme tous les sourds, perclus de douleurs, courbé, tortu, il s'en allait par les champs, appuyé sur son bâton, en regardant les bêtes et les hommes d'un œil dur et méfiant."
Est-ce à dire que Maupassant ne saurait pas écrire ?![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
J'EDITE ENCORE :
J'ai posé la question à mon professeur de stylistique. Cette femme m'a dit que Sartre avait en effet de quoi rire étant donné que l'on utilise en général le mot "perclus" pour parler de rhumatismes. Ce qui ne pouvait évidemment pas convenir dans le contexte et ce qui éclaire le fait que l'expression passe tout à fait bien chez Maupassant. Vous aviez donc raison, Perkele. Merci à vous tous, en tout cas.
"Le vieux ne travaillait plus. Triste comme tous les sourds, perclus de douleurs, courbé, tortu, il s'en allait par les champs, appuyé sur son bâton, en regardant les bêtes et les hommes d'un œil dur et méfiant."
Est-ce à dire que Maupassant ne saurait pas écrire ?
![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
J'EDITE ENCORE :
J'ai posé la question à mon professeur de stylistique. Cette femme m'a dit que Sartre avait en effet de quoi rire étant donné que l'on utilise en général le mot "perclus" pour parler de rhumatismes. Ce qui ne pouvait évidemment pas convenir dans le contexte et ce qui éclaire le fait que l'expression passe tout à fait bien chez Maupassant. Vous aviez donc raison, Perkele. Merci à vous tous, en tout cas.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Utilisation étrange de percluse dans cet article en ligne :
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/cul ... ar-BBJYkx7
Avec quel mot, à votre avis, le journaliste a-t-il pu confondre ? Pleine, peut-être, et ce serait un coup du correcteur d'orthographe ?! Cela dit, le style de tout l'article est loin d'être clair.N’est pas un navet qui veut ! Un nanar est une œuvre percluse de bonnes intentions qui se découvre un potentiel comique inespéré au détour de maladresse de scénario et autres effets visuels bancals.
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/cul ... ar-BBJYkx7
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- Yeva Agetuya
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Dans cette phrase, il s'agit de douleurs physiques dues à l'âge.Klausinski a écrit :Chez Maupassant, je trouve cette phrase :
"Le vieux ne travaillait plus. Triste comme tous les sourds, perclus de douleurs, courbé, tortu, il s'en allait par les champs, appuyé sur son bâton, en regardant les bêtes et les hommes d'un œil dur et méfiant."
Est-ce à dire que Maupassant ne saurait pas écrire ?
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Exactement. Je crois que SARTRE a raison de se moquer gentiment de l'étudiante pour qui Charlotte était « percluse de douleurs » sur la tombe de Werther : la douleur de la jeune femme n'était pas physique.
Il me semble par ailleurs que certains critiquent l'expression « perclus de douleurs » et demandent que l'on fasse suivre l'adjectif uniquement d'un nom d'affection : perclus de rhumatismes...
Il me semble par ailleurs que certains critiquent l'expression « perclus de douleurs » et demandent que l'on fasse suivre l'adjectif uniquement d'un nom d'affection : perclus de rhumatismes...