Fautif ou non ?

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Diomède
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Fautif ou non ?

Message par Diomède »

J'ai trouvé cette tournure dans un roman dont, pour l'instant, je ne dévoile ni le titre, ni l'auteur : "où sont les plus gens de goût et les plus fins connaisseurs"
Pensez-vous qu'elle soit fautive ?
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
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Klausinski
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Message par Klausinski »

J'ai posté tout à l'heure, en réponse à votre message, une bêtise. Je viens de regarder le Littré à "gens" et je trouve :
Les plus gens de bien, ceux qui ont le plus de vertu.
Il fait paraître du zèle dans les choses qui ne blessent pas son ambition, et il semble même vouloir contenter les plus gens de bien, BOSSUET, Polit. VII, III, 9.
Les plus gens de bien sont relâchés, BOURD. Dominicales, I, Afflict. des justes, 127.
Mais les plus gens de bien n'en font pas de scrupule, dites-vous, MASS. Confér. Amb. des clercs.
Autrement, j'aime beaucoup l'auteur que vous citez. :D
Dernière modification par Klausinski le lun. 26 févr. 2007, 16:21, modifié 3 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Diomède
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Message par Diomède »

C'est pour cela que je n'ai pas mis l'auteur : je craignais que, voyant son nom, on n'ose s'attaquer à sa tournure... Car si un parfait inconnu l'avait utilisée, elle aurait été fautive.
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
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Diomède
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Message par Diomède »

Ha, ma réponse a croisé votre correction. C'est donc une expression ? D'accord... Une faute dans l'écriture de cet auteur m'aurait paru incongrue...
Pour ceux qui n'auraient pas fait le lien, la phrase est tirée du Capitaine Fracasse de Théophile Gautier.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Diomède a écrit :Ha, ma réponse a croisé votre correction.
C'est ma faute, je devrais faire tourner sept fois mes pixels dans l'écran avant de valider.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Diomède
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Message par Diomède »

Puisque vous aimez ce livre assez génial, vous êtes pardonné...
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Jacques
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Message par Jacques »

Je pense que la tournure est hardie mais non fautive : gens de goût est un groupe de mots utilisé en fonction d'adjectif, et l'adjonction de connaisseurs qui vient derrière nous met sur cette piste.
Il existe d'autres emplois sur le même modèle : Il fait très homme du monde – Elle est très femme d'intérieur.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Diomède
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Message par Diomède »

En poursuivant le livre, j'ai pu remarquer que l'auteur utilise cette tournure une seconde fois dans le récit. Ce doit donc, en effet, être une locution admise.
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
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Orientale

Message par Orientale »

Bonjour à tous,

Cette question m'en rappelle une autre que je me pose depuis quelques temps, donc j'en profite pour solliciter votre avis. Au fait, que pensez-vous de ces emplois (du nom comme adjectif) :

1. Celui-ci est très avocat du diable.
2. Il est professeur en médecine, très professeur mais peu médecin.
3. Ils font très gens de la haute.
4. Elle est la plus femme de maison de nous toutes.
5. Il semble plus artiste du dimanche que je ne le pensais.
6. Tu parles de VTV ? c'est la plus chaîne de télé vietnamienne.
7. Nous avons séjourné le plus hôtel du pays.
8. Sur cet annuaire on trouvera les plus forums français du monde.
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Claude
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Message par Claude »

Si l'on considère, d'après ce que dit Jacques, qu'il s'agit de groupes de mots employés comme adjectifs, il me semble qu'un exemple d'Orientale n'est pas convenable :
- Nous avons séjourné le plus hôtel du pays : séjourner n'est pas un verbe transitif, il est nécessaire d'ajouter dans.
Qu'en pensez-vous ?
Orientale

Message par Orientale »

Merci Claude, vous avez raison, j'ai fait une confusion avec « habiter »
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Claude
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Message par Claude »

Orientale a écrit :J'ai fait une confusion avec « habiter »
Ça change tout ! :lol:
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Jacques
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Message par Jacques »

Voici ce que dit Bordas :
« La langue expressive admet l'emploi de très devant un nom employé accidentellement comme adjectif : Elle est très dame patronnesse, il est très notaire de province. »
Mais selon moi cet emploi ne se fait qu'avec un pronom personnel auquel on rapporte le groupe de mots attribut.
Dans les phrases que vous citez, sont donc correctes 1 à 5. Les trois dernières rélèvent du charabia.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Diomède
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Message par Diomède »

Je me pose une question, Klausinski : comment avez-vous pu deviner de quelle oeuvre je parlais avec cette seule phrase ? Elle offre pourtant assez peu d'indices.
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
Leconte de Lisle
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Diomède a écrit :Je me pose une question, Klausinski : comment avez-vous pu deviner de quelle oeuvre je parlais avec cette seule phrase ? Elle offre pourtant assez peu d'indices.
En écrivant, tel quel et entre guillemets le passage que vous citiez dans la barre de recherche de Google. Je n'ai pu résister à faire cette recherche parce que je soupçonnais que cette expression fût de l'auteur de cette phrase :

"J’ai traversé tant de choses, quoique j’aie fait le tour de bien peu, qu’il n’y a plus que les sommets les plus escarpés qui me tentent. — Je suis attaqué de cette maladie qui prend aux peuples et aux hommes puissants dans leur vieillesse : — l’impossible."
Dernière modification par Klausinski le ven. 26 oct. 2012, 14:20, modifié 1 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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