ce que, une utilisation nouvelle

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David Briand
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ce que, une utilisation nouvelle

Message par David Briand »

Bonjour, je dis nouvelle en ce qu'elle l'est à mes yeux; aussi, je vous sollicite au sujet de l'utilisation de "ce que" dans un contexte dont j'ignorais l'existence. J'ai entendu récemment quelqu'un dire-et il est vrai que mes lectures me le confirment: cela se fait- je suis frappé de ce que les gens n'ont pas accès...Ici, il semblerait que l'utilisation de "ce que" n'est pas celle que j'utilise pour demeurer vague au sujet de quelque chose dont je ne parle pas ou que j'évoque ensuite: ce que j'aime, c'est ceci...; ce que tu as dit ne m'a pas plu. Ainsi, je me demande si vous êtes davantage familier que moi (l'accord avec vous et familier est-il correct, j'hésite entre un adjectif auquel doit être ajouté la marque du pluriel ou une locution figée) avec cet usage.
Bonne soirée
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freddy.lombard
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par freddy.lombard »

C'est d'un usage courant. Il serait aussi simple de dire : Je suis frappé que les gens n'aient pas accès [...]
En utilisant ce que on se dédouane du conditionnel et on se contente d'un bon vieil indicatif présent. Simplification, comme à l'accoutumée.
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Leclerc92
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par Leclerc92 »

Bonsoir David,
Question intéressante.
Effectivement, l'emploi de "ce que" est moins basique dans la construction que vous soulignez que dans la construction habituelle.
Néanmoins, oui, c'est une construction bien connue, du moins dans la langue soutenue. On peut l'utiliser avec de nombreux verbes qui gouvernent un complément introduit par "que" :
Je suis frappé de qqch ; je suis frappé de ce que les gens n'ont pas accès à... = je suis frappé du fait/par le fait que les gens n'ont pas accès à...
Je suis étonné de qqch ; je suis étonné de ce que personne ne semble avoir compris mon discours = je suis étonné du fait/ par le fait que personne ne semble avoir compris mon discours


Concernant votre autre question, oui, "familier" est adjectif attribut et doit s'accorder dans "vous êtes familiers de/avec cette construction". Mais en vérité, cet usage est plutôt calqué sur l'anglais "to be familiar with" et est à éviter. La construction régulière en français se fait dans l'autre sens "Cette construction m'est/nous est familière".
David Briand
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par David Briand »

Bonjour, merci pour vos réponses
Il semblerait donc que l'expression à privilégier soit "être familier à quelque chose", n'est-ce pas ?
Par ailleurs, en ce qui concerne le "ce que", il y aurait donc des verbes auxquels puisse être accolé le "ce que", et d'autres avec lesquels ce serait inapproprié sinon tout à fait faux. Aussi, j'aimerais savoir s'il y a une règle à laquelle se fier pour s'assurer de la licéité de cet emploi. Dans les quelques exemples que nous avons étudiés (frapper de...), il y a ce "de". Dès lors, étant donné que l'on dit "être jaloux de quelqu'un, de quelque chose" pouvons-nous dire "je suis jaloux de ce que mon frère a obtenu" (il peut y avoir un contresens ici, prenons un autre exemple), je suis jaloux que ce que certains ont, et d'autres non (contresens encore, on ne sait si je parle de l'objet que certains semblent posséder ou si j'introduis une idée . "être triste de"; je suis triste de ce que les enfants n'ont pas à manger, je trouve cette phrase bien mieux, quoique toutefois le contresens n'en soit loin. Qu'en pensez-vous ?
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Perkele
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par Perkele »

Question 1 :
Les rudes climats sont familiers aux aventuriers.
Les aventuriers sont familiers des rudes climats.

Question 2 :
Lorsque un verbe permet une construction immédiate avec que, on n'a pas besoin de "à ce que" ou "de ce que"
J'ai demandé qu'on me donne à boire / J'ai demandé à ce qu'on me donne à boire.
J'ai demandé à boire.
J'ai demandé de l'eau.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Uranie
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par Uranie »

David Briand a écrit : jeu. 29 août 2024, 8:37 Dès lors, étant donné que l'on dit "être jaloux de quelqu'un, de quelque chose" pouvons-nous dire "je suis jaloux de ce que mon frère a obtenu" (il peut y avoir un contresens ici, prenons un autre exemple), je suis jaloux que ce que certains ont, et d'autres non (contresens encore, on ne sait si je parle de l'objet que certains semblent posséder ou si j'introduis une idée . "être triste de"; je suis triste de ce que les enfants n'ont pas à manger, je trouve cette phrase bien mieux, quoique toutefois le contresens n'en soit loin. Qu'en pensez-vous ?
Bonjour !

Je ne vois pas de contresens dans "Je suis jaloux de ce que mon frère a obtenu".

Ni dans l'autre exemple que vous donnez : on a bien le droit d'introduire une idée tout en parlant d'un objet !

"Je suis triste de ce que les enfants n'aient pas à manger" est lourd. On dira plus facilement : "Le manque de nourriture des enfants m'attriste."

Ne compliquons pas les choses ! :d
"Les exceptions à la règle sont la féerie de l'existence." (Marcel Proust)
"Connaître sert beaucoup pour inventer." (Mme de Staël)
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Leclerc92
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par Leclerc92 »

David Briand a écrit : jeu. 29 août 2024, 8:37 Il semblerait donc que l'expression à privilégier soit "être familier à quelque chose", n'est-ce pas ?
Non, c'est le contraire : quelque chose est familier à quelqu'un !
β) [En parlant d'une chose]
− Dont on a l'habitude, qui est bien connue, car elle s'impose souvent (à quelqu'un). Bruit, paysage familier; figure, forme, musique, odeur familière. L'individu jette sur l'objet familier le coup d'œil rapide et léger de l'indifférence et passe outre (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 93).Un décor trop familier rapetisse les plus vives sensations (Barrès, Homme libre,1889, p. 51).La mort est ici une chose familière qui participe au paysage quotidien (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 127).
♦ Familier à qqn.Une image familière aux habitués de la piste (Montherl., Olymp.,1924, p. 239).
− À quoi on est habitué, car on en a une pratique courante; bien connu à la suite d'un apprentissage. Des mots peu familiers ou même inconnus (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 287).
♦ Familier à qqn.Par une manœuvre familière aux avoués, habitués à rester calmes (Balzac, Chabert,1832, p. 95).Cette opération très simple doit être familière au gazier (Quéret, Industr. gaz,1923, p. 154).Il parlait plusieurs langues, et les principaux courants de la littérature européenne lui étaient familiers (Martin du G., Confid. afric.,1931, p. 1108).
https://www.cnrtl.fr/lexicographie/familier

Mais, dans l'autre sens, quelqu'un est familier de/avec quelque chose !
b) Valeur active. [En parlant d'une pers.; avec compl. prép. avec, parfois de]
− Qui a l'habitude de (quelque chose), qui connaît bien (une chose), car elle s'impose souvent (à la personne). Il joue, dès l'enfance, entre les genoux de Cybèle, il est déjà familier de ses taillis et de ses sources, de ses nuages et de ses brumes (Mauriac, Journal 3,1940, p. 234).
♦ Qui fréquente souvent (un lieu). À feu mon père, à mon grand-père, familiers des deuxièmes balcons (SartreMots,1964, p. 99).
− Qui a l'habitude de (quelque chose) à cause d'une pratique courante, qui connaît bien à la suite d'un apprentissage.
♦ Familier avec qqc.Chacun sera devenu familier avec le chant (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 197):
5. ... la princesse qui, n'étant pas familière avec les travaux de Darwin et de ses successeurs, comprenait mal la signification des plaisanteries de la duchesse. Proust, Guermantes 2,1921, p. 517.
♦ Familier de qqc.Ainsi, maintenu hors de la hiérarchie paroissiale régulière, familier des besognes les plus serviles, en toute occasion maître Jacques et bon à toutes fins, le pauvre curé... (Bernanos, Imposture,1927, p. 338).
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Leclerc92
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par Leclerc92 »

David Briand a écrit : jeu. 29 août 2024, 8:37 Par ailleurs, en ce qui concerne le "ce que", il y aurait donc des verbes auxquels puisse être accolé le "ce que", et d'autres avec lesquels ce serait inapproprié sinon tout à fait faux. Aussi, j'aimerais savoir s'il y a une règle à laquelle se fier pour s'assurer de la licéité de cet emploi. Dans les quelques exemples que nous avons étudiés (frapper de...), il y a ce "de". Dès lors, étant donné que l'on dit "être jaloux de quelqu'un, de quelque chose" pouvons-nous dire "je suis jaloux de ce que mon frère a obtenu" (il peut y avoir un contresens ici, prenons un autre exemple), je suis jaloux que ce que certains ont, et d'autres non (contresens encore, on ne sait si je parle de l'objet que certains semblent posséder ou si j'introduis une idée . "être triste de"; je suis triste de ce que les enfants n'ont pas à manger, je trouve cette phrase bien mieux, quoique toutefois le contresens n'en soit loin. Qu'en pensez-vous ?
On peut envisager ces constructions.
Je suis jaloux/triste de ce que mon frère ait réussi là où j'ai échoué.
David Briand
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Re: ce que, une utilisation nouvelle

Message par David Briand »

Bonsoir, il me semblait que le "ce que" nous permettait de faire l'économie d'un subjonctif: je suis triste que tu aies perdu de l'argent; je suis triste de ce que tu as perdu (encore une fois, le contresens me frappe). Merci beaucoup
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