Genre des adjectifs utilisés comme noms

[Leclerc92]

À la suite d'une question posée dans un autre fil, on a abordé le sujet du genre des adjectifs utilisés comme noms.
Mais rappelons l'échange :

Bon, c'est à moi, alors. De qui est cette ligne ? Facile (et peut-être déjà posé) :

Leur laine était d'un couleur de feu si vif qu'il éblouissait la vue.

Pourquoi la faute soulignée ?

Il n'y a pas de faute, même si le féminin pourrait aussi se justifier.
https://www.google.com/url?sa=t&source= ... 3tdG-c_RMy

Pourquoi la faute soulignée ?

Je n'ai pas souligné une faute. J'ai souligné un usage... perdu (?) justement pour indiquer un sic. Ce qui devrait vous aider à dater le texte.
Des éditions récentes ne se posent guères le problème, qui mettent d'office un féminin sans vraiment se poser de questions.

Il n'y a pas de faute, même si le féminin pourrait aussi se justifier.
https://www.google.com/url?sa=t&source= ... 3tdG-c_RMy

Je ne comprends pas cette histoire de masculin. Qu'est-ce que ce couleur de feu ?

Certains mettent (mettaient) "couleur" au masculin, dans certains cas. J'ignore si cela se pratique encore (mais c'est aujourd'hui qualifié de "vieilli").
Cherchez et farfouillez... vous trouverez bien ces exemples clairs et limpides dans notre belle littérature.

TLFi :

a) Couleur + nom spécifiant la nuance (après un subst. le mot prend une valeur adj. inv.).
♦ Couleur + nom désignant une couleur.Couleur bleu de roi; couleur (d')argent, (d')or; couleur (de) pourpre; la couleur noisette de ses yeux.
♦ Couleur + nom d'obj. dont la couleur est prise comme variété de couleur.Couleur d'encre, de neige; couleur de rose; des gants couleur beurre frais, un manteau couleur de muraille. Dans les circonstances actuelles qui ne sont pas couleur de rose (Barb. d'Aurev., Memor.1, 1838, p. 182):
2. J'ai vu sept femmes très belles, vêtues de robes d'or et d'argent et de manteaux couleur du soleil, couleur de la lune et couleur du temps, ... A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 111.
♦ Couleur + nom abstr.Couleur de crépuscule, couleur de nuit.
Couleur du temps. Bleu ciel. L'eau roule à ses pieds, couleur du temps, livide (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1470).C'est la blonde insouciance, Aux yeux bleus, couleur du temps (Bouilhet, Dern. chans.,1869, p. 165).
Rem. Couleur est masc. dans ces loc. elliptiques, le couleur de feu, le couleur de rose, de chair, de citron, etc... Ce ruban est d'un beau couleur de feu (Ac. 1835, 1878).

Je ne comprends toujours pas. Depuis 1878 il y a des gens qui mettent couleur au masculin ???

Mais non ! La remarque en rouge du texte de Leclerc (toute dernière ligne) mentionne l'édition des dictionnaires (1835, 1878) qui font référence à l'antériorité de l'usage, pas à l'usage futur qui en sera fait

Je rappelle que d'une manière générale, l'adjectif qualificatif de couleur employé comme nom prend le genre masculin. On dit le rose, un orange brillant, etc. Cela s'applique naturellement aux mots composés, et on peut donc dire un beau lie-de-vin, ou un beau couleur-de-feu. Ce n'est pas à proprement parler "couleur" qui devient masculin, mais l'ensemble "couleur-de-feu".

Tout à fait. D'un autre côté... on peut aussi rappeler que color est masculin en latin classique, comme la plupart des substantifs à finale en -or (exemples d'exceptions "naturelles", de genre féminin : uxor, soror, arbor...).
Le personnage a vécu AVANT le XIXe.

[Leclerc92]

Voilà ce que rappelle Grevisse (Le Bon Usage, 16e édition, paragraphe 479, page 660:

https://books.google.fr/books?id=SX0wDQ ... 22&f=false

La vieille grammaire de Girault-Duvivier précise :

https://books.google.fr/books?id=W1lOAA ... &q&f=false

[Leclerc92]

Mais la discussion la plus complète semble se trouver dans l'Encyclopédie :






https://books.google.fr/books?id=ArXRYT ... &q&f=false

[Leclerc92]

Je trouve qu'il est simplement à regretter que l'usage n'ait pas prévu de mettre des traits d'union à ce genre d'expression, couleur-de-feu.

[dudule]

Je trouve qu'il est simplement à regretter que l'usage n'ait pas prévu de mettre des traits d'union à ce genre d'expression, couleur-de-feu.

Oui ! Tout à fait exact.

Aurais-je trouvé un contre-exemple (toujours dans Psyché) :

- Ce que vous dites est fort vrai, repartit Acante ; mais je vous prie de considérer ce gris-de-lin, ce couleur d'aurore, cet orangé, et surtout ce pourpre qui environnent le roi des astres. En effet, il y avait très longtemps que le soir ne s'était trouvé si beau. Le Soleil avait pris son char le plus éclatant, et ses habits les plus magnifiques.

Peut-on qualifier "aurore" de couleur et le masculiniser ?

[Leclerc92]

Ce couleur d'aurore me paraît fort beau, et désigne effectivement une teinte légèrement orangée.

L'Académie le définit ainsi dans la première édition du dictionnaire :

On appelle, Couleur d’Aurore, Une espece de jaune doré. Tafetas, satin couleur d’Aurore. Et on dit par abregé, Du satin aurore, de la soye aurore.

https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A1A0404
On est passé dans la 9e à : Couleur d’aurore, d’un rosé doré.

Le masculin, universel pour les noms de couleur, me semble toujours justifié.

https://books.google.fr/books?id=oI4PAA ... &q&f=false

[Perkele]

Il me semble que dans "d'un couleur de feu" couleur n'est pas masculinisé, le mot entre dans le nom de la couleur.

C'est comme pour "couleur du temps" on ne serait pas compris en employant "temps" seul si on avait à dire d'un couleur du temps très approprié.