Jacques a écrit :Le langage des enfants obéit à une logique de base non analytique. Si on demande à un enfant tu as mal ? il répondra NON, à question positive réponse négative. Donc si l'on demande tu n'as pas mal ? il est normal pour lui de confirmer par l'affirmative OUI [je n'ai pas mal], tu as bien envisagé la situation. Notre esprit d'adultes est habitué aux distorsions de sens ou de syntaxe, le sien est direct.
Permettez-moi de remonter le topic pour m'inscrire en faux contre votre analyse.
En fait, toutes les langues ne manipulent pas la négation de la même manière. Je ne me souviens plus précisément de mon cours, mais en tout cas, en français la négation porte sur le verbe uniquement (et le morphème discontinu "ne... pas" est pratique car il entoure le verbe concerné). Donc la réponse "non" dans ce cas cible le verbe "avoir" > "Non, je n'ai pas mal."
Or, il existe des langues où la négation affecte la phrase entière, et la réponse "non" est la négative de la proposition "je n'ai pas mal" > "Tu n'as pas mal ?" "Non, ce que tu dis est faux, j'ai mal"
Bref, tout ça pour dire qu'il y a deux analyses. Et l'enfant, en répondant "mal", ne manque pas d'analyse, il ne fait que tester une analyse qui lui a semblé logique mais qu'on ne lui a pas apprise pour autant. Je ne suis pas d'accord pour dire qu'il a une pensée "directe", car ce n'est pas du tout évident la négation, et les "fautes" de l'enfant ne viennent pas d'un manque d'analyse, mais seulement du fait qu'
il n'a pas la bonne analyse. Et cela s'acquiert avec l'usage.
Pour avoir un peu travaillé sur des énoncés d'enfants, je vous assure que cela donne des résultats fascinants. Qui ne correspondent pas à l'usage du "bon" français, peut-être, mais qui témoigne du potentiel incroyable de ces petites têtes blondes — un potentiel intellectuel d'adulte, soyez-en sûrs.