imparfait ou passé simple ... encore
imparfait ou passé simple ... encore
Problème de conjugaison / aux deux phrases suivantes :
"L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter, et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
"L'énorme camion ralentit, sembla hésiter, et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devint impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
La première phrase est-elle totalement erronée ou alors peut-on considérer qu'elle peut être correcte si on admet que la durée des différentes actions et donc le sens n'est pas le même dans les 2 phrases :
dans la première on considère que le camion ralentit progressivement, hésite longuement et finalement se décide à tourner à gauche. Dans la deuxième les 3 actions sont beaucoup plus courtes.
J'ai du mal à expliquer à mon fils pourquoi la première serait totalement erronée.
Merci pour vos eclaircissements.
"L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter, et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
"L'énorme camion ralentit, sembla hésiter, et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devint impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
La première phrase est-elle totalement erronée ou alors peut-on considérer qu'elle peut être correcte si on admet que la durée des différentes actions et donc le sens n'est pas le même dans les 2 phrases :
dans la première on considère que le camion ralentit progressivement, hésite longuement et finalement se décide à tourner à gauche. Dans la deuxième les 3 actions sont beaucoup plus courtes.
J'ai du mal à expliquer à mon fils pourquoi la première serait totalement erronée.
Merci pour vos eclaircissements.
Merci pour ton opinion.
Voilà la mienne:
La valeur fondamentale de l'imparfait est une valeur d'aspect: le fait passé est saisi dans son aspect de durée, d'inachevé, comme en train de se dérouler, en dehors de son commencement et de sa fin
En opposition avec l'imparfait, le passé simple saisit le fait dans la totalité de sa durée, qui peut être brève ou longue.
La première, je la formulerais ainsi
"L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter, et s'est finalement engagé à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
Il faut toutefois vérifier, car il ne faut pas que le sens de la phrase change, alors attendons d'autres opinions.
Voilà la mienne:
La valeur fondamentale de l'imparfait est une valeur d'aspect: le fait passé est saisi dans son aspect de durée, d'inachevé, comme en train de se dérouler, en dehors de son commencement et de sa fin
En opposition avec l'imparfait, le passé simple saisit le fait dans la totalité de sa durée, qui peut être brève ou longue.
La première, je la formulerais ainsi
"L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter, et s'est finalement engagé à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
Il faut toutefois vérifier, car il ne faut pas que le sens de la phrase change, alors attendons d'autres opinions.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne suis pas choqué par le passage de l'imparfait au passé simple, qui peut se justifier sans porter atteinte à la grammaire. L'imparfait exprime une notion de durée dans le passé. Le passé simple est un instantané qui cite un fait non durable, bref et se déroulant à un moment précis.
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter,
On ne décrit pas le geste instantané et rapide, qui provoque le ralentissement ; aux yeux d'un spectateur c'est un ralentissement qui dure plusieurs secondes. Même chose pour l'hésitation.
et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
Le passé simple exprime la décision brusque et instantanée de changer de direction ; toutefois, le passage d'un temps à l'autre dans la continuité n'est pas correct, il faut scinder. Sans cette scission le temps doit rester le même dans la phrase.
La syntaxe correcte serait :
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter. Il s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait" .
Vous avez bien marqué le passage du passé simple à un nouvel imparfait par un point ; il faut faire de même dans l'autre sens.
Vous constaterez qu'alors votre hésitation disparaît.
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter,
On ne décrit pas le geste instantané et rapide, qui provoque le ralentissement ; aux yeux d'un spectateur c'est un ralentissement qui dure plusieurs secondes. Même chose pour l'hésitation.
et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
Le passé simple exprime la décision brusque et instantanée de changer de direction ; toutefois, le passage d'un temps à l'autre dans la continuité n'est pas correct, il faut scinder. Sans cette scission le temps doit rester le même dans la phrase.
La syntaxe correcte serait :
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter. Il s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devenait impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait" .
Vous avez bien marqué le passage du passé simple à un nouvel imparfait par un point ; il faut faire de même dans l'autre sens.
Vous constaterez qu'alors votre hésitation disparaît.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Re: imparfait ou passé simple ... encore
C'est donc celle-ci qui est utilisée par l'auteur et que j'ai reprise à une exception près ; en effet, j'ai utilisé l'imparfait pour devenir car le demi-tour impossible commence à partir du moment où le camion tourne à gauche, c'est une situation qui va durer. Le passé composé peut également convenir.NUSSBAUM a écrit :"L'énorme camion ralentit, sembla hésiter, et s'engagea finalement à gauche. Désormais tout demi-tour devint impossible. La piste était étroite. Mais cela, Ryham le savait"
Attendons d'autres avis.
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Ah bon ?Jacques a écrit :... toutefois, le passage d'un temps à l'autre dans la continuité n'est pas correct, il faut scinder. Sans cette scission le temps doit rester le même dans la phrase.
La syntaxe correcte serait :
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter. Il s'engagea finalement à gauche.
![[choqué] :shock:](./images/smilies/icon_eek.gif)
Je fais couramment des phrases sur le modèle : "Il faisait froid, il mit son manteau et sortit." Suis-je dans l'erreur depuis toutes cesa années ?
![[triste] :(](./images/smilies/icon_sad.gif)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce qui ne va pas dans la phrase, c'est le ET. Dans la vôtre il me paraîtrait plus logique de remplacer la virgule par un point-virgule.Perkele a écrit :Ah bon ?Jacques a écrit :... toutefois, le passage d'un temps à l'autre dans la continuité n'est pas correct, il faut scinder. Sans cette scission le temps doit rester le même dans la phrase.
La syntaxe correcte serait :
L'énorme camion ralentissait, semblait hésiter. Il s'engagea finalement à gauche.![]()
Je fais couramment des phrases sur le modèle : "Il faisait froid, il mit son manteau et sortit." Suis-je dans l'erreur depuis toutes cesa années ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Ce qui est déroutant dans une phrase comme : Le camion semblait hésiter et il s'engagea., c'est, comme le note Jacques, que les deux temps sont reliés par la conjonction « et » comme si les deux actions se suivaient. Une phrase telle que la vôtre, Claude : Il faisait froid, il mit son manteau. ne choque en rien parce qu'un verbe est dévolu à la description et l'autre à l'action, mais si vous écriviez : Il faisait froid puis il mit son manteau. la phrase serait troublante, les choses sembleraient se superposer, le « et » s'il veut dire « puis » (car il veut parfois dire « parce que », « en conséquence de quoi ») ne semble pas capable de mettre un terme à une action à l'imparfait, alors que le terme « quand » est propre à le faire : « Le camion semblait hésiter, quand il s'engagea... »
Le point et la reprise d'une nouvelle phrase permettent aussi, et cela Jacques l'a bien montré, d'assurer la transition entre les temps.
Le point et la reprise d'une nouvelle phrase permettent aussi, et cela Jacques l'a bien montré, d'assurer la transition entre les temps.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Rendons à Perkele ses lauriers et son manteau.Claude a écrit :Je ne voudrais pas être le receleur d'une phrase qui appartient à PerkeleKlausinski a écrit :...Une phrase telle que la vôtre, Claude : Il faisait froid, il mit son manteau. ne choque en rien...
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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