Le pot au lait
Votre lien sonore propose une version sans liaison acceptable pour mon oreille, ce qui n'a pas toujours été le cas. Cela dit, la liaison, pour ce vers, me convient encore.
Votre citation au sujet de Booz propose deux exemples que je ne traiterais pas de la même manière. A mon avis, le premier interdit la liaison, tandis que le second l'encourage beaucoup plus. C'est une question d'appréciation personnelle qui ne remet pas en cause la justesse de l'écrit. Sur ce dernier vers, je parle de liaison quand vous parlez d'"hiatus".
Par contre, pour ce qui est de sa définition et de ces possibilités d'acceptation en poésie, je vous rejoins tout à fait.
Votre citation au sujet de Booz propose deux exemples que je ne traiterais pas de la même manière. A mon avis, le premier interdit la liaison, tandis que le second l'encourage beaucoup plus. C'est une question d'appréciation personnelle qui ne remet pas en cause la justesse de l'écrit. Sur ce dernier vers, je parle de liaison quand vous parlez d'"hiatus".
Par contre, pour ce qui est de sa définition et de ces possibilités d'acceptation en poésie, je vous rejoins tout à fait.
- Klausinski
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- Localisation : Aude
Vous avez raison, le deuxième cas est une liaison toute simple. Je vous remercie. Emporté, par ma démonstration, je n'y ai pas pris garde. Pour le premier cas, en revanche, la liaison serait assez malvenue.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'ouvre une parenthèse, Klausinski, pour remarquer votre hésitation concernant le mot hiatus, qui rejoint nos précédentes discussions sur le choix à faire le concernant, à savoir H muet ou aspiré. Car vous écrivez d'une part l'hiatus, ce qui indique un H muet, et d'autre part ce hiatus, qui penche pour H aspiré.
Ce n'est pas une critique, mais une constatation de l'embarras dans lequel nous met ce mot, objet d'éternelles polémiques ; car il faut bien dire que cet hiatus a un aspect quelque peu insolite. Votre choix inconscient en est l'illustration. Voilà qui parlerait en faveur de la position de certains spécialistes qui admettent les deux possibilités.
Ce n'est pas une critique, mais une constatation de l'embarras dans lequel nous met ce mot, objet d'éternelles polémiques ; car il faut bien dire que cet hiatus a un aspect quelque peu insolite. Votre choix inconscient en est l'illustration. Voilà qui parlerait en faveur de la position de certains spécialistes qui admettent les deux possibilités.
Dernière modification par Jacques le sam. 12 janv. 2008, 12:30, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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- Localisation : Aude
Vous faites bien de noter ce point Jacques. Cependant, j'y ai pensé en écrivant. Je me suis référé au TLFi qui dit que généralement le h de « hiatus » n'est pas aspiré, mais qui donne des exemples où le h aspiré : ce hiatus, du hiatus, au hiatus. Vous voyez que malgré cela, j'ai continué à hésiter et n'ai pu que considérer que l'on n'élidait pas pour des raisons euphoniques.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Je vous trouve un peu sévère, Jacques, envers ce hiatus rimbaldien, que l'on doit considérer à mon sens comme la manifestation d'une licence poétique parfaitement maitrisée.
Une page intéressante sur l'usage du hiatus en poésie se trouve dans cet extrait d'un ouvrage de Christine Lombez (allez directement à la dernière page) :
http://www.edutemps.fr/extrait/EX2pomod.pdf
Une page intéressante sur l'usage du hiatus en poésie se trouve dans cet extrait d'un ouvrage de Christine Lombez (allez directement à la dernière page) :
http://www.edutemps.fr/extrait/EX2pomod.pdf
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne vois pas bien où se situe la sévérité. J'exprime une certaine surprise de constater que Rimbaud ait pu construire ce vers qui fait hésiter entre deux choix, et c'est surtout la possible allitération qui m'a l'air un peu saugrenue. Quant au hiatus, il est généralement admis qu'il choque l'oreille, et ce n'est pas spécialement moi qui le dis. Mais je n'ai pas porté le moindre jugement à son sujet.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pour ma part, je partage l'avis de Jacques. L'hiatus que nous propose Rimbaud fait se rencontrer le même son "O", c'est dans ce genre de cas que cela peut vraiment déranger l'oreille. Dans le lien que vous proposez, les hiatus concernent deux sons distincts, ce qui est moins gênant. Dans le cas du "paletot", je ne vois pas comment on peut en déduire un art de l'embellissement.
Excusez-moi Jacques, j'ai du lire vos interventions un peu superficiellement. Il me semble toutefois que Rimbaud, précisément, a choisi de choquer l'oreille en employant ce hiatus, ceci à des fins d'expression poétique dont je ne me risquerai pas à proposer la clé, et pas du tout par irrespect gratuit des codes classiques (mais je sais que ce n'est pas non plus vraiment ce que vous avez dit).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Votre analyse rejoint celles exprimées par ailleurs, et notamment les idées émises par Marco : non une erreur, mais une construction voulue. Pour un simple profane, l'impression ressentie est autre. L'âme des poètes recèle des mystères impénétrables au non-initié.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Et les mystères Rimbaldiens ne sont pas les moins brumeux de la poésie.Jacques a écrit : L'âme des poètes recèle des mystères impénétrables au non-initié.
Sans remettre en cause la possibilité de votre supposition, j'en doute.Jean-de-la-lune a écrit : Qu'une faute de goût ait pu se glisser dans un vers d'un grand poète, fût-il même le plus grand, n'est pas non plus impensable. Cela s'est déjà vu!
Je persiste à croire qu'il existe quelques mystères derrière cela. Mais qui peut avoir la certitude d'en détenir la clef, si ce n'est Rimbaud lui-même ?
J'en doute également, à vrai dire, concernant l'oeuvre poétique de Rimbaud dont on est en droit de supposer que chaque mot a été pesé, chaque vers poli et repoli jusqu'à la parfaite adéquation entre l'intention d'origine et le résultat final. On serait moins surpris de trouver quelques tournures légèrement bancales dans la prose abondante de Balzac ou de Hugo, par exemple.