Jouer le… Faire le…
- Klausinski
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Jouer le… Faire le…
Je me demande, dans des phrases comme
il fait l’idiot
il fait l’imbécile
il joue la mouche du coche
il joue l’homme parfait
quelle est la fonction des termes en gras, s’ils sont attributs du sujet, et si dans ce cas l’on considère que les verbes faire et jouer sont, par occasion, attributifs, ou si on considère qu’il y a une ellipse : il joue le rôle de l’homme parfait, et dans ce cas, le GN aurait-il la fonction d’un COD ?
Je vous remercie d’avance.
il fait l’idiot
il fait l’imbécile
il joue la mouche du coche
il joue l’homme parfait
quelle est la fonction des termes en gras, s’ils sont attributs du sujet, et si dans ce cas l’on considère que les verbes faire et jouer sont, par occasion, attributifs, ou si on considère qu’il y a une ellipse : il joue le rôle de l’homme parfait, et dans ce cas, le GN aurait-il la fonction d’un COD ?
Je vous remercie d’avance.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Je ne m'étais jamais posé la question, et je suis aussi embarrassé que vous. On trouve bien dans Grevisse, faire le mariol, le malin, l'intéressant. Mais Grevisse n'analyse pas les éléments grammaticaux.
Littré donne aussi quelque chose de proche : jouer l'homme d'importance, jouer la douleur, mais là encore pas d'analyse grammaticale.
Je pencherais, sans certitude, pour des verbes d'attribution. Je reprends des exemples donnés dans mon article sur l'attribut, et notamment celui-ci : Frédéric devient le chef de la comptabilité où le nom chef est attribut du sujet Frédéric. Dans le même esprit : Il est professeur à Rouen, professeur étant attribut du sujet il.
Je crois que nous pouvons comparer : il fait l'imbécile, il est professeur me semblent être de même construction.
Rappelons-nous quand même qu'il s'agit de tournures très idiomatiques, et que les idiotismes échappent souvent à l'analyse ou au raisonnement logique, ce qui explique peut-être que les spécialistes constatent le fait et le donnent comme bon sans proposer d'autre explication.
Littré donne aussi quelque chose de proche : jouer l'homme d'importance, jouer la douleur, mais là encore pas d'analyse grammaticale.
Je pencherais, sans certitude, pour des verbes d'attribution. Je reprends des exemples donnés dans mon article sur l'attribut, et notamment celui-ci : Frédéric devient le chef de la comptabilité où le nom chef est attribut du sujet Frédéric. Dans le même esprit : Il est professeur à Rouen, professeur étant attribut du sujet il.
Je crois que nous pouvons comparer : il fait l'imbécile, il est professeur me semblent être de même construction.
Rappelons-nous quand même qu'il s'agit de tournures très idiomatiques, et que les idiotismes échappent souvent à l'analyse ou au raisonnement logique, ce qui explique peut-être que les spécialistes constatent le fait et le donnent comme bon sans proposer d'autre explication.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Ce qui tendrait, je crois, à aller dans votre sens, c’est qu’on ne peut pas écrire ces phrases à la voix passive :
*L’idiot a été fait par lui.
*L’honnête homme a été joué par lui. (le sens serait différent dans ce cas : La bergère a été jouée par une grande actrice.)
Ce serait donc des locutions figées, difficiles à analyser, mais qui auraient une valeur attributive. En attendant une confirmation, je crois que je vais rester sur cette conclusion pour le moment.
*L’idiot a été fait par lui.
*L’honnête homme a été joué par lui. (le sens serait différent dans ce cas : La bergère a été jouée par une grande actrice.)
Ce serait donc des locutions figées, difficiles à analyser, mais qui auraient une valeur attributive. En attendant une confirmation, je crois que je vais rester sur cette conclusion pour le moment.
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- Klausinski
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Complément :
Pour jouer, cela peut-être différent, ce n’est pas forcément une locution figée, mais, comme je l’avais suggéré, et comme le TLF semble le confirmer, une ellipse de « jouer le rôle de… », il faudrait bien sûr l’entendre métaphoriquement, ici. Mais une nouvelle question se pose. Dans la phrase : Il joue le rôle de Tartuffe, quelle est la fonction de Tartuffe ? Je ne me trompe pas en l’analysant comme une épithète nominale indirecte ?
Pour jouer, cela peut-être différent, ce n’est pas forcément une locution figée, mais, comme je l’avais suggéré, et comme le TLF semble le confirmer, une ellipse de « jouer le rôle de… », il faudrait bien sûr l’entendre métaphoriquement, ici. Mais une nouvelle question se pose. Dans la phrase : Il joue le rôle de Tartuffe, quelle est la fonction de Tartuffe ? Je ne me trompe pas en l’analysant comme une épithète nominale indirecte ?
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- Jacques
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Vous avez raison, pour le verbe jouer nous pouvons envisager l'ellipse. Quand vous dites il joue le rôle de Tartuffe, Tartuffe est je pense complément du nom rôle.
Mais remarquez qu'avec la construction idiomatique, nous rencontrons souvent le pluriel : il joue les délicats, elle joue les victimes, tu joue les savants... Nous voilà donc devant une autre bizarrerie et une autre interrogation. Je me demande même si seulement on doit mettre un S : elle joue les sainte nitouche (?). Nous nous enfonçons dans la confusion.
Mais remarquez qu'avec la construction idiomatique, nous rencontrons souvent le pluriel : il joue les délicats, elle joue les victimes, tu joue les savants... Nous voilà donc devant une autre bizarrerie et une autre interrogation. Je me demande même si seulement on doit mettre un S : elle joue les sainte nitouche (?). Nous nous enfonçons dans la confusion.
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- Klausinski
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Je ne le crois pas. Pour compléter le nom, le complément ne doit pas (je ne sais comment dire la choseJacques a écrit :Quand vous dites il joue le rôle de Tartuffe, Tartuffe est je pense complément du nom rôle.
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Quant aux saintes nitouches, tel est le pluriel que le TLF indique. Il faudrait donc écrire : Elle joue les saintes nitouches.
Dernière modification par Klausinski le ven. 25 avr. 2008, 14:32, modifié 1 fois.
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- Jacques
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Ne serait-ce pas plutôt un complément déterminatif ? La grammaire de Grevisse le définit comme « un nom, un pronom, un infinitif, un adverbe, une proposition qui se subordonne au nom pour en limiter le sens » et donne cet exemple : Paris est la capitale de la France.
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- Klausinski
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Dans votre exemple, capitale et France n’ont pas de rapport d’identité, France est un complément du nom capitale, il donne une précision sur la capitale ; c’est une précision qui permet de l’identifier, certes, mais ce n’est pas la même chose que la ville de Strasbourg, car, dans ce dernier exemple, on ne parle pas d’une ville qui serait connue comme la seule ville (ou une ville particulière) dans Strasbourg, mais on parle de Strasbourg même.
Mais je suis de nouveau perdu et n’aurait pas dû me déclarer sûr de ce que je disais dans le message précédent. La Grammaire méthodique du français classe ce cas parmi les compléments du nom. Elle le présente comme un cas particulier et donne comme exemples :
l’épreuve du bac = le bac est une épreuve
la barrière du langage = le langage est une barrière
le problème des réfugiés = les réfugiés sont un problème
Ce manque de nom est assez frustrant. La Grammaire dit seulement que ces constructions « n’ont rien d’appositif », contrairement à ce que prétend l’analyse traidtionnelle. Nous ne sommes pas avancés.
Mais je suis de nouveau perdu et n’aurait pas dû me déclarer sûr de ce que je disais dans le message précédent. La Grammaire méthodique du français classe ce cas parmi les compléments du nom. Elle le présente comme un cas particulier et donne comme exemples :
l’épreuve du bac = le bac est une épreuve
la barrière du langage = le langage est une barrière
le problème des réfugiés = les réfugiés sont un problème
Ce manque de nom est assez frustrant. La Grammaire dit seulement que ces constructions « n’ont rien d’appositif », contrairement à ce que prétend l’analyse traidtionnelle. Nous ne sommes pas avancés.
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Je suis bien d'accord, c'est plutôt déroutant. Grevisse explique que le complément déterminatif peut prendre de nombreuses formes, comme :
Comprenez-vous l'importance de cela ?
L'ardeur de vaincre cède à la peur de mourir (Corneille)
Les hommes d'autrefois
l'espoir qu'elle guérira me soutient
la bataille de Waterloo
une salle d'escrime
la maison de mon père
une tasse de lait
un trajet de dix kilomètres
Je vous avouerai que, loin de m'éclairer, tout cela me laisse perplexe et désorienté. En somme, le complément déterminatif couvre un large nombre de cas.
Les sportifs qui grimperont sur le podium aux J.O. sont certainement loin de penser qu'ils auront droit à un complément déterminatif avec leur médaille d'or, d'argent ou de bronze !
Comprenez-vous l'importance de cela ?
L'ardeur de vaincre cède à la peur de mourir (Corneille)
Les hommes d'autrefois
l'espoir qu'elle guérira me soutient
la bataille de Waterloo
une salle d'escrime
la maison de mon père
une tasse de lait
un trajet de dix kilomètres
Je vous avouerai que, loin de m'éclairer, tout cela me laisse perplexe et désorienté. En somme, le complément déterminatif couvre un large nombre de cas.
Les sportifs qui grimperont sur le podium aux J.O. sont certainement loin de penser qu'ils auront droit à un complément déterminatif avec leur médaille d'or, d'argent ou de bronze !
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- Klausinski
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Je ne raille pas ; plus j’étudie les fonctions et les natures et moins tout cela est clair pour moi. La nature de « qui grimperont sur le podium » est d’être une proposition relative ; mais sa fonction, quelle est-elle ? N’est-ce pas de déterminer le mot sportifs ? Je sais que cette insistance me rend ennuyeux, mais vous n’êtes pas le seul que j’invite à répondre.Jacques a écrit :J'ose croire que vous galéjez selon le bon usage de notre forum. Je me garde donc de gâcher la plaisanterie en présentant une docte analyse logique. :D
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Je ne vous trouve pas ennuyeux, j'aime dialoguer sur ces sujets. Je vois simplement sur le podium comme un complément circonstanciel de lieu.
Je n'ai jamais été bien bon en analyse logique : à l'école on ne nous expliquait pas, il fallait appliquer ce qu'on nous disait ; on dirait que ma phrase comporte deux propositions principales, « qu'ils auront droit... » étant une subordonnée des deux, mais franchement j'aimerais qu'on me démêle cela. Voyez ce que c'est que d'apprendre sans comprendre, on se perd.
Je n'ai jamais été bien bon en analyse logique : à l'école on ne nous expliquait pas, il fallait appliquer ce qu'on nous disait ; on dirait que ma phrase comporte deux propositions principales, « qu'ils auront droit... » étant une subordonnée des deux, mais franchement j'aimerais qu'on me démêle cela. Voyez ce que c'est que d'apprendre sans comprendre, on se perd.
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La langue est avant tout une question d’intuition, il n’est pas utile de savoir analyser la fonction de chaque mot ou groupe de mots, je vous l’accorde. Voire, ce scrupule analytique peut nuire. Ce n’est donc pas pour mieux s’exprimer, ce me semble, qu’on se questionne sur la fonction des groupes de mots mais par curiosité (et pour mieux comprendre le cours que suit la pensée). À l’université, on analyse (j’analysais) la phrase d’une manière arborescente. Si ma mémoire a retenu certaines choses et si je ne me trompe, je peux vous montrer tout du moins comment on procède :Jacques a écrit :Je ne vous trouve pas ennuyeux, j'aime dialoguer sur ces sujets. Je vois simplement sur le podium comme un complément circonstanciel de lieu.
Je n'ai jamais été bien bon en analyse logique : à l'école on ne nous expliquait pas, il fallait appliquer ce qu'on nous disait ; on dirait que ma phrase comporte deux propositions principales, « qu'ils auront droit... » étant une subordonnée des deux, mais franchement j'aimerais qu'on me démêle cela. Voyez ce que c'est que d'apprendre sans comprendre, on se perd.
Les sportifs qui grimperont sur le podium aux J.O. sont certainement loin de penser qu'ils auront droit à un complément déterminatif avec leur médaille d'or, d'argent ou de bronze !
La phrase est une phrase complexe, composée de trois propositions :
1 - Les sportifs sont certainement loin de penser que… (la principale)
2 - qui grimperont sur le podium aux JO (relative déterminative)
3 - qu’il auront droit à un complément déterminatif, etc. (conjonctive complétive)
puis on analyse plus en détail chaque proposition :
Les sportifs qui grimperont sur le podium aux JO : est le groupe nominal sujet / sont certainement loin de penser, etc. est le prédicat.
Dans le groupe nominal sujet, nous avons donc notre groupe nominal : les sportifs ; et un complément (une proposition, en l’occurence) « qui grimperont, etc. » composé lui-même de la reprise du sujet avec le pronom qui, d’un verbe et de deux compléments circonstanciels.
Et l’on continue ainsi de macrostructure en microstructure. Tout cela pourrait être simple mais j’ai à peu près tout oublié. Peu importe, on vit très bien, et on écrit encore mieux, quand on ne sait pas tout cela. Je vais donc m’arrêter ici. :D
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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