Partir avec être et avoir

[valiente]

1. Partir prend l'auxiliaire avoir quand on veut exprimer l'action de partir, et l'auxiliaire être quand on veut marquer l'état du sujet parti. Je m'approche d'un chasseur, je lui demande quand le lièvre a parti. Il me répond : Il y a longtemps qu'il est parti.

Considérez-vous cette conjugaison valable de nos jours ?
Personnellement, je me vois difficilement l'utiliser...

[Jacques]

Je réagis comme vous. Je trouve chez Bordas : « De nos jours, toujours avec l'auxiliaire être, même pour exprimer l'action. »
Et je trouve encore, dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694) :
Partir, signifie encore, Se mettre à courir. Et en parlant des animaux, des oiseaux, il signifie Prendre sa course, son vol. Au moindre signe il part de vistesse. dés que le signal a esté donné, il a parti comme un trait. le liévre a parti à quatre pas des chiens. le chien a fait partir les perdrix.
C'est donc un emploi archaïque.

[valiente]

Merci Jacques pour ces précisions. Me voilà renseigné !

[Claude]

...Je m'approche d'un chasseur, je lui demande quand le lièvre a parti. Il me répond : Il y a longtemps qu'il est parti.

Se croyant très malin, le lièvre a parti après la tortue, mais elle a arrivé avant lui.

[valiente]

Aujourd'hui, cela sonne comme un langage enfantin.

[Jacques]

Aujourd'hui, cela sonne comme un langage enfantin.

C'est ce à quoi je pensais : les enfants qui commencent à parler ignorent la conjugaison avec l'auxiliaire être, et utilisent seulement avoir : j'ai tombé, j'ai parti... ce qui prouve qu'avoir exprime naturellement l'idée de mouvement ou d'action. Remarquez qu'en anglais c'est toujours avoir qui est utilisé.

[Invité]

Je réagis comme vous. Je trouve chez Bordas : « De nos jours, toujours avec l'auxiliaire être, même pour exprimer l'action. »
Et je trouve encore, dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie (1694) :
Partir, signifie encore, Se mettre à courir. Et en parlant des animaux, des oiseaux, il signifie Prendre sa course, son vol. Au moindre signe il part de vistesse. dés que le signal a esté donné, il a parti comme un trait. le liévre a parti à quatre pas des chiens. le chien a fait partir les perdrix.
C'est donc un emploi archaïque.

C'est en effet un archaïsme qui n'est plus pratiqué. Par contre le "j'ai été en Espagne" coule des jours heureux !

[Jacques]

Ce « j'ai été » pour je suis allé est l'un de ces popularismes qui ont la vie dure.

[Perkele]

Et : "J'ai descendu dans mon jardin pour y ceuillir du romarin" ?

[Jacques]

Et : "J'ai descendu dans mon jardin pour y ceuillir du romarin" ?

Gentil coquelicot mesdames...
C'est peut-être encore un archaïsme ?
À moins qu'il ne s'agisse d'une licence de poète. Les poètes ont tous les droits, paraît-il.

[Perkele]

Cela dit, vaut-il mieux être ou avoir ?

(Mieux que Shakespeare, non ?) :D

[Claude]

J'avais posé la question il y a un certain temps.

[Perkele]

J'vous présente toutes mes confuses...

J'envisageais la chose dans une suite pour "être ou ne pas être"...

Par exemple, nous déclarons volontiers : "Je suis balayeur" alors que nous devrions dire "Je sais m'y prendre pour balayer ; j'ai un emploi, une formation, des compétences... de balayeur" Notre vie ne se résume tout de même pas à ce que nous faisons. Nous avons une existence sociale qui va bien au-delà de nos actes (surtout les automatiques).

On me jette les regards qu'on destine aux extra-terrestres lorsqu'à la question ; "Perkele, quelles sont tes opinions politiques ?" je commence à répondre "Eh bien, dans ce domaine, les choses ne marchent pas si bien, et dans cet autre domaine..." alors que je sens bien que mon interlocuteur attend une réponse en un mot : droite ou gauche.

Nous ne savons pas (je trouve) faire la différence entre "être" et "avoir", et, en cela, nous nous déprécions.

Ex. Je ne suis pas casse pied, j'ai la manie de chercher la petite bête. Ce n'est pas pareil. (ça peut me passer un jour )