J’ai été surpris de lire récemment dans un petit journal gratuit la phrase : Quatre soirées pour se dégourdir les oreilles.
Peut-être cette expression fait-elle partie de la vie nocturne, où parlent les « ambianceurs » qui font la mode et ramènent souvent des îles des expressions aussi chamarrées que leurs tenues ?
A première lecture j’ai tiqué, ce qu’on se dégourdit habituellement ce sont les jambes, ou les bras, enfin un organe capable de motilité. Après une longue immobilité, une légère ankylose, le corps éprouve le besoin de s’ébrouer. Les doigts gourds de froid sont articulés, agités pour se réchauffer.
Il y a dans « dégourdir » l’idée de « se remuer, se mouvoir ». En général, et sauf exceptions, les oreilles restent fixes.
Mais enfin, l’expression prise au figuré se comprend bien, c’est ce qui en fait la force.
Une oreille un peu engourdie par un trop long silence a besoin d’être dégourdie. Qu’en pensez-vous ?
Dans le même ordre d’idées, Balzac a bien écrit :
« A cinq heures précises, le président G. de Bonfons et son oncle le notaire arrivèrent endimanchés jusqu’aux dents… » (Eugénie Grandet )
se dégourdir les oreilles
- Jacques
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Je me rallie à votre raisonnement. Il est vrai que dans l'absolu on ne peut dégourdir (sortir de l'engourdissement) que des membres. Mais il est plus que probable que l'auteur a voulu lancer une espèce de clin d'œil avec cet emploi figuré, une métaphore en quelque sorte. La seule chose à dire est que, lorsqu'on détourne en connaissance de cause une expression de son cadre habituel, il faut le signaler en la mettant entre guillemets, afin de bien faire comprendre qu'on ne commet pas une impropriété.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).