féminisation des noms de métier

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angeloï
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féminisation des noms de métier

Message par angeloï »

"Vous l’avez sans doute appris par la presse : Rose Kabuyé, un proche collaborateur du président-dictateur rwandais Paul Kagamé, vient d’être arrêtée et mise à l’ombre à Francfort pour être extradée vers la France."

Un lecteur m'a dit ceci : Juste un détail, remplacer "un proche collaborateur" par "une proche collaboratrice" aurait été plus clair.


A quoi j'ai répondu : J’ai hésité longuement pour le choix du genre, mais en fin de compte j’ai opté pour le masculin parce que celui-ci, en réalité, est aussi NEUTRE en français, de la même manière que le mot HOMME renvoie autant au mâle qu’à l’humanité sans distinction de sexe. "Collaborateur" et non "collaboratrice" parce que je n’envisage que la fonction de Mme Kabuyé, en dehors de toute considération sexiste. Il m"a semblé que l’utilisation du "neutre" était nécessaire à une époque où l’on insiste excessivement sur les particularités physiques des gens, surtout en politique (le pigment d’Obama est sans doute le meilleur exemple récent).

Qu'en pensez-vous ?
Gebalsace

Re: féminisation des noms de métier

Message par Gebalsace »

angeloï a écrit :Qu'en pensez-vous ?
+1 :wink:
Je partage tout à fait votre point de vue.
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Jacques
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Message par Jacques »

Collaboratrice est passé depuis longtemps dans l'usage, mais c'est un choix personnel. En règle générale, dans une fonction officielle, on emploie pour une femme le genre masculin de la fonction (mis par défaut pour le neutre), et on féminise seulement pour une fonction privée : une femme est président de tribunal ou président de la République, mais présidente d'un club de bibliophiles ou d'une association de bienfaisance.
Quand le sexe de la personne est clairement énoncé, on peut féminiser : madame Unetelle, collaboratrice du président... Mais quand il n'est pas donné, on se contente d'énoncer la fonction : Le collaborateur du président...
En fait, quand il s'agit de hautes fonctions, le masculin donne plus de poids et de solennité. C'est donc flatteur pour la dame, et cela lui attribue de la considération en mettant davantage l'accent sur la fonction que sur la personne.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Denis Normand

Message par Denis Normand »

Le masculin a peut-être une large place dans la langue diplomatique, mais l’exemple d’angeloï vient d’un article de journal, où il faut maximiser la concision et la clarté.

Il me vient tout naturellement collaboratrice à l’idée. Je trouve qu’il existe assez de controverse avec la formation de féminins fautifs qu’on devrait pouvoir utiliser les féminins qui existent déjà. On me dira que Rose, prénom féminin, indique clairement le sexe de la collaboratrice, mais le patronyme Rose existe au Québec.
Gebalsace

Message par Gebalsace »

Denis Normand a écrit :Le masculin a peut-être une large place dans la langue diplomatique, mais l’exemple d’angeloï vient d’un article de journal, où il faut maximiser la concision et la clarté.
Je ne vois pas bien en quoi le fait d'utiliser l'une ou l'autre formulation maximiserait ou minimiserait la concision et la clarté…
Il me semble d'ailleurs avoir vu quelque part que cette personne est également médecin et écrivain, et je ne trouve pas que ça obscurcisse le texte :wink:
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Perkele
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Message par Perkele »

Pour ma part j'essaierais d'éviter le terme "collaborateur" dont le sens de personne qui participe à l'élaboration d'une œuvre commune a glissé - grâce aux conseillers en communication - vers celui de subordonné. Pour preuve la controverse de septembre 2007 quand le Président avait ainsi désigné son Premier Ministre.

Je crois que j'aurais employé "bras-droit", par exemple.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Denis Normand a écrit :Le masculin a peut-être une large place dans la langue diplomatique, mais l’exemple d’angeloï vient d’un article de journal, où il faut maximiser la concision et la clarté.
Je ne vois pas en quoi la concision peut être en cause, à une lettre près. La question d'Angeloï porte sur le choix : faut-il donner la préférence à la fonction ou à la personne ? Pour ma part j'aurais écrit collaboratrice, sans m'interroger, mais sa démonstration mérite attention et son argument est défendable. C'est sur ce point qu'il demande notre avis.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Gebalsace

Message par Gebalsace »

Denis Normand a écrit :Disons que je ne comprends pas où vous êtes allé chercher la concision « à une lettre près ». Je me suis mis à la place d’un typographe qui doit rédiger une manchette. Le mot madame comporte six lettres et j’ai pensé que ça doit être important dans la composition d’un titre.
Entre collaborateur et collaboratrice, je crois que la différence est d'une lettre, cher Denis :wink:
Pour ce qui est d'une mise en page, votre raisonnement me semble cohérent, bien que ce ne soit pas le typographe qui décide du contenu mais le journaliste.
Invité

Message par Invité »

moi je trouve que Mme Kabuyé est déjà bien assez neutralisée comme ça ! :lol: pas besoin de lui en remettre une couche ! :lol: Qu'au moins on lui laisse sa féminité !
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Pour ma part j'essaierais d'éviter le terme "collaborateur" dont le sens de personne qui participe à l'élaboration d'une œuvre commune a glissé - grâce aux conseillers en communication - vers celui de subordonné. Pour preuve la controverse de septembre 2007 quand le Président avait ainsi désigné son Premier Ministre.

Je crois que j'aurais employé "bras-droit", par exemple.
Je me réveille un peu tardivement mais c'est vrai, j'ai également ressenti le mot collaborateur/trice comme un peu dévalorisant, à cause de ce détournement de sens qui, par démagogie, amène certains à désigner ainsi les personnes qui travaillent sous les ordres de quelqu'un. Encore un tour de médias, si je ne me trompe.
Jadis il avait le sens d'associé à une œuvre, sur un plan d'égalité.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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