Une question qui me trouble depuis longtemps...
Une question qui me trouble depuis longtemps...
L'autre jour j'ai demandé à un Chinois francophone "Qui est X ?"
Et il m'a répondu : "Il est un grand général de l'armée populaire de libération".
Sur quoi, j'ai dû le reprendre en lui disant qu'il fallait dire :
"C'est un grand général de l'APL."
Ce n'est pas la première fois que je rencontre cette faute, mais jusqu'à présent j'ai toujours été incapable d'expliquer pourquoi on n'emploie pas "il" dans ce type de phrase. Quelqu'un pourrait-il éclairer ma lanterne ?
Autre question qui me trouble :
Est-ce que Paris est cher ?
Oui, il est très cher.
Pourquoi, si les noms de ville sont masculins, ne peut-on pas dire "il est très cher" en parlant de Paris et doit-on répéter le nom de la ville : Oui, Paris est très cher ? ou alors dire qch comme : "Oui, c'est très cher" ?
Ca me trouble...
Et il m'a répondu : "Il est un grand général de l'armée populaire de libération".
Sur quoi, j'ai dû le reprendre en lui disant qu'il fallait dire :
"C'est un grand général de l'APL."
Ce n'est pas la première fois que je rencontre cette faute, mais jusqu'à présent j'ai toujours été incapable d'expliquer pourquoi on n'emploie pas "il" dans ce type de phrase. Quelqu'un pourrait-il éclairer ma lanterne ?
Autre question qui me trouble :
Est-ce que Paris est cher ?
Oui, il est très cher.
Pourquoi, si les noms de ville sont masculins, ne peut-on pas dire "il est très cher" en parlant de Paris et doit-on répéter le nom de la ville : Oui, Paris est très cher ? ou alors dire qch comme : "Oui, c'est très cher" ?
Ca me trouble...
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
A priori, vous posez une sacrée colle, parce que je n'ai pas, pour ce qui me concerne, la réponse à vos questions.
Le c'est au lieu de il est est une tournure idiomatique, car dans d'autres langues on dit bien il, vous le savez aussi bien que moi, et on n'emploie pas ce pronom neutre.
Je ne sais pas trop où chercher, mais je vais essayer.
Le c'est au lieu de il est est une tournure idiomatique, car dans d'autres langues on dit bien il, vous le savez aussi bien que moi, et on n'emploie pas ce pronom neutre.
Je ne sais pas trop où chercher, mais je vais essayer.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Concernant le général on devrait dire il est, car c' (ce) s'applique en principe aux inanimés (TLFi). Avant votre message, ce doute ne m'avait jamais effleuré l'esprit.
Pour la capitale, je dirais :
- Paris est-elle une ville chère ?
- Oui ! c'est même une ville très chère.
(Ce qui ne répond pas vraiment à votre question)
J'édite : Jacques, je n'avais pas vu votre message.
Pour la capitale, je dirais :
- Paris est-elle une ville chère ?
- Oui ! c'est même une ville très chère.
(Ce qui ne répond pas vraiment à votre question)
J'édite : Jacques, je n'avais pas vu votre message.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Claude, il arrive assez souvent que deux réponses soient validées à quelques secondes près et se recoupent.
Il se dégage une logique dans ce qu'explique l'Académie :
1 – 8e édition du Dictionnaire
CE. pron. démonstratif invariable. Il désigne la Chose en question. Dans cette acception, il est ordinairement suivi : soit d'une des formes du verbe Être à la troisième personne des temps de l'Indicatif ou du Subjonctif ou de l'Infinitif précédé du verbe Devoir. Ce fut une grande joie.... Ce doit être un beau spectacle. C'est mon père. C'était sa soeur. Ce sont de braves enfants.
Nous voyons que le pronom neutre ce désigne aussi bien une chose qu'une personne.
2 – la 9e nous éclaire davantage, grâce à l'origine latine de cet emploi, que je mets en gras :
CE pr. dém. neutre inv. (Ce s'élide en c' devant un mot commençant par a ou devant les formes de 3e personne du verbe être commençant par une voyelle.) Xe siècle, czo (ço), affaibli en ce par son emploi en position atone. Du latin populaire *ecce hoc, renforcement par ecce, « voici », de hoc, neutre singulier du latin hic, « ceci ».
Ce, suivi du verbe être, permet d'insister sur un des membres de la proposition. 1. Reprend un mot ou un groupe de mots. La liberté, c'est une belle chose. L'homme que vous voyez là, c'est mon frère. 2. Suivi du verbe être et d'un pronom relatif, attire l'attention sur le sujet ou un complément du verbe. C'est nous qui avons fait cela. C'est moi qui vais payer. Ce sont eux qui en profiteront. C'est la personne dont je me méfie le plus.
Ce que je retiens de cela, c'est qu'en fait il a la valeur démonstrative de voici. C'est le ou un général = voici le ou un général.
Alors que quand vous dites il est général, général est attribut de il.
Il se dégage une logique dans ce qu'explique l'Académie :
1 – 8e édition du Dictionnaire
CE. pron. démonstratif invariable. Il désigne la Chose en question. Dans cette acception, il est ordinairement suivi : soit d'une des formes du verbe Être à la troisième personne des temps de l'Indicatif ou du Subjonctif ou de l'Infinitif précédé du verbe Devoir. Ce fut une grande joie.... Ce doit être un beau spectacle. C'est mon père. C'était sa soeur. Ce sont de braves enfants.
Nous voyons que le pronom neutre ce désigne aussi bien une chose qu'une personne.
2 – la 9e nous éclaire davantage, grâce à l'origine latine de cet emploi, que je mets en gras :
CE pr. dém. neutre inv. (Ce s'élide en c' devant un mot commençant par a ou devant les formes de 3e personne du verbe être commençant par une voyelle.) Xe siècle, czo (ço), affaibli en ce par son emploi en position atone. Du latin populaire *ecce hoc, renforcement par ecce, « voici », de hoc, neutre singulier du latin hic, « ceci ».
Ce, suivi du verbe être, permet d'insister sur un des membres de la proposition. 1. Reprend un mot ou un groupe de mots. La liberté, c'est une belle chose. L'homme que vous voyez là, c'est mon frère. 2. Suivi du verbe être et d'un pronom relatif, attire l'attention sur le sujet ou un complément du verbe. C'est nous qui avons fait cela. C'est moi qui vais payer. Ce sont eux qui en profiteront. C'est la personne dont je me méfie le plus.
Ce que je retiens de cela, c'est qu'en fait il a la valeur démonstrative de voici. C'est le ou un général = voici le ou un général.
Alors que quand vous dites il est général, général est attribut de il.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Un peu comme dans la phrase que j'ai citée en exemple on a le cas de :
"Elle est médecin" mais "c'est un très bon médecin".
OR on dira "Je suis médecin" et "je suis un très bon médecin".
Il faut quand même remarquer une chose, à savoir que dans le langage parlé on dirait plutôt "Qui c'est Zibouldongue ? que "Qui est Z. ?" Par conséquent il est normal que l'on réponde en disant "c'est un général chinois".
C'est déroutant quand même, le français.
"Elle est médecin" mais "c'est un très bon médecin".
OR on dira "Je suis médecin" et "je suis un très bon médecin".
Il faut quand même remarquer une chose, à savoir que dans le langage parlé on dirait plutôt "Qui c'est Zibouldongue ? que "Qui est Z. ?" Par conséquent il est normal que l'on réponde en disant "c'est un général chinois".
C'est déroutant quand même, le français.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
En effet, dans ce type de cas nous avons deux possibilités qui sont toutes deux bonnes.
Je pense que de nos jours on s'interroge sur cet emploi d'un pronom neutre, parce qu'on a poussé à l'excès le sens de la dignité humaine, que CE est réservé aux choses et aux animaux et ne se dit pas pour des êtres pensants, mais je suppose qu'à une autre époque on était moins maniaque et admettait volontiers que quelqu'un dise : ceci est mon frère, par exemple, sans que l'intéressé s'en trouve offensé.
Je pense que de nos jours on s'interroge sur cet emploi d'un pronom neutre, parce qu'on a poussé à l'excès le sens de la dignité humaine, que CE est réservé aux choses et aux animaux et ne se dit pas pour des êtres pensants, mais je suppose qu'à une autre époque on était moins maniaque et admettait volontiers que quelqu'un dise : ceci est mon frère, par exemple, sans que l'intéressé s'en trouve offensé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ceci est mon frère !
Bonjour,Jacques a écrit :En effet, dans ce type de cas nous avons deux possibilités qui sont toutes deux bonnes.
Je pense que de nos jours on s'interroge sur cet emploi d'un pronom neutre, parce qu'on a poussé à l'excès le sens de la dignité humaine, que CE est réservé aux choses et aux animaux et ne se dit pas pour des êtres pensants, mais je suppose qu'à une autre époque on était moins maniaque et admettait volontiers que quelqu'un dise : ceci est mon frère, par exemple, sans que l'intéressé s'en trouve offensé.
Parfaitement d'accord ! D'autant plus que ce que vous dîtes-là, je l'ai déjà lu quelque part ; je tâcherai de retrouver tout cela, de l'exposer ici, si cela vous intéresse. Je crois que c'était Cerquiglini * - prononcé CerquiLini ! - qui l'eût dit dans un de ses livres.
C'est un peu publicitaire ce que je compte faire, mais en rapport direct avec le sujet et le thème du forum. J'attends tout de même votre accord avant de mettre, si je le trouve, ce bout de texte.
Bien à vous.
* Bernard Cerquiglini, professeur d'université, est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages consacrés à la langue française. Il a enseigné aux universités de Paris VII et de Louisiane. Il est actuellement recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie. Également animateur de Merci professeur ! « chroniques savoureuses sur la langue française » présentées sur TV5 MONDE.