La féminisation, à vol d'oiseau...

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Denis Normand

La féminisation, à vol d'oiseau...

Message par Denis Normand »

Je viens de passer plusieurs heures à lire, plus ou moins rapidement, les fils qui traitent de la féminisation. Je suis d’accord avec l’opinion déjà exprimée par Perkele et Jacques que les discussions sur le sujet n’aboutissent pas, chacun restant sur ses positions.

J’ai deux petits points à signaler :

1. Je consulte depuis des années le site et le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Je n’ai jamais cru que l’Office désirait imposer ses règles au reste de la francophonie. Comme je l’ai déjà écrit dans une autre papotière, il serait utopique de croire qu’une population d’environ 7 millions puisse imposer ses règles de langage à 87 millions de francophones à travers le monde.

2. Je reviens sur le terme accoucheur pour désigner l’homme sage-femme. On m’a indiqué qu’en France le terme désigne un médecin. Cette acception se vérifie dans le Trésor informatisé de la langue française et dans le Lexis, mais pas dans le Petit-Robert, ni le Petit Larousse, ni le Littré, ni le dictionnaire de l’Académie. C’est pourquoi je maintiens que s’il fallait créer un terme pour désigner une nouvelle réalité, ‘accoucheur’ serait tout indiqué. Par contre, j’apprends que ces ‘sages-hommes’ préfèrent garder l’appellation de sage-femme et là, je n’ai aucune objection.
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Jacques
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Message par Jacques »

J'aime bien le terme papotière, il est plaisant.
Il est vrai qu'accoucheur paraît être un mot bien approprié. Mais si ce n'est pas effectif dans les dictionnaires, quand on parle d'accoucheur dans la conversation courante, les Français pensent toujours au médecin accoucheur, même si le mot ne lui est pas apposé. C'est donc davantage une question d'usage que de terminologie. Quand j'étais enfant on n'utilisait pas ce mot, même s'il existait déjà. Les accouchements n'étaient pas pratiqués par des médecins, ni même en présence de médecins. Je suis né à domicile, et c'est une cousine sage-femme qui est venue à la maison. Le terme approprié qui mettrait tout le monde d'accord, maïeuticien, n'est pas connu du public.
Quant à l'Office québécois, nous sommes bien d'accord pour dire qu'il ne prétend pas imposer ses règles aux Européens, mais ce sont les Européens eux-mêmes qui vont les chercher et veulent les imposer chez nous. Je me rappelle notamment une adhérente de DLF qui voulait qu'on remplace bateau transbordeur, qui a cours chez nous, par je ne sais plus quel terme utilisé au Québec. L'Office québécois accepte la féminisation en -eure de tous les mots en -eur, y compris ceux en -teur. Comme je l'ai dit chacun est maître chez soi, et vos pratiques langagières ne nous regardent pas. Mais des Européens francophones appliquent ce principe, alors même que les linguistes européens sont contre. C'est là que le bât blesse.
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Denis Normand

Message par Denis Normand »

Jacques a écrit :J'aime bien le terme papotière, il est plaisant.
Il n'est pas de moi, il me vient de Jean-Michel Gaudin, créateur du Dicomoche.
Denis Normand

Message par Denis Normand »

Jacques a écrit :Je me rappelle notamment une adhérente de DLF qui voulait qu'on remplace bateau transbordeur, qui a cours chez nous, par je ne sais plus quel terme utilisé au Québec.
Les échanges que j’ai lus sur le sujet concernaient l’utilisation du mot traversier (utilisé chez nous) au lieu de ferry-boat, ferry, ferrys ou ferries (utilisés encore couramment chez vous). Je trouve qu’on ne peut rien reprocher à transbordeur sauf le fait qu’il est inconnu et inutilisé au Québec.
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Perkele
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Message par Perkele »

Nous avions autrefois des ponts transbordeurs et des barques à traille avant d'utiliser les féribohates.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Denis Normand a écrit :
Jacques a écrit :Je me rappelle notamment une adhérente de DLF qui voulait qu'on remplace bateau transbordeur, qui a cours chez nous, par je ne sais plus quel terme utilisé au Québec.
Les échanges que j’ai lus sur le sujet concernaient l’utilisation du mot traversier (utilisé chez nous) au lieu de ferry-boat, ferry, ferrys ou ferries (utilisés encore couramment chez vous). Je trouve qu’on ne peut rien reprocher à transbordeur sauf le fait qu’il est inconnu et inutilisé au Québec.
Il se pourrait bien que ce soit cela. La dame étant française, je n'ai pas compris pourquoi elle voulait faire accepter ce mot.
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Denis Normand

Message par Denis Normand »

Mes excuses si j’ai laissé croire qu’il s’agissait d’un même incident. Dans mon cas, c’était une réplique aux propos d’un académicien sur la nature du français québécois dans un quotidien montréalais par une linguiste et lexicographe québécoise.
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Jacques
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Message par Jacques »

L'académicien tenait-il des propos critiques ? Le français est ce qu'il est dans chaque pays dont on l'a déclaré langue officielle, avec des variantes lexicales. En France même, nous avons des mots et expressions propres à chaque province. C'est normal. Ce qui importe, ce n'est pas de porter un jugement sur nos variantes, mais d'être unis avec nos différences pour lutter contre la pollution de l'anglo-américain.
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Message par Denis Normand »

Jacques a écrit :L'académicien tenait-il des propos critiques ?
Au départ, il critiquait la féminisation des québécois. Puis il a mentionné notre parler pittoresque, pour ajouter : « n'oublions pas que la langue québécoise a été importée dans le Nouveau Monde surtout du parler poitevin, avant Corneille et Racine, avant Boileau, avant Voiture, avant Vaugelas, avant l'Académie, qui a fait de la langue française une langue très sûre, très pure, très exacte. »



« Ce n'est pas au Québec que j'irai prendre des leçons de langue française », a-t-il dit, après avoir fait remarquer que c'est l'Académie française (et non l'OLF) qui est « chargée de donner des règles à la langue ».

Il a eu droit à deux ou trois réponses.
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Jacques
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Message par Jacques »

Chaque parler est pittoresque pour ceux qui ne vivent pas dans le milieu où il est en usage. Les Français s'amusent des belgicismes, et les Belges rigolent de la façon de parler des Français.
Je me rappelle avoir vu à la télévision un reportage sur les Français qui s'expatrient au Québec, et j'ai été frappé par les propos d'une mère qui faisait la leçon à ses deux enfants : « Ne critiquez pas la manière dont les gens parlent. Ici c'est nous qui avons un drôle d'accent, et pas eux ».
En conclusion, devons-nous comprendre que cet académicien était francocentriste ? En ce qui concerne les féminisations, qui ne sont pas vues de la même façon en Europe, sans adhérer aux principes admis par l'OQ, je l'ai dit plus haut, j'évite de juger. J'ai lu très récemment que l'OQ avait pris ces décisions afin de faciliter aux étrangers l'apprentissage du français, en aplanissant quelques-unes de ses difficultés.
C'est peut-être une explication plausible.
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