Question : face à / suite aux
Question : face à / suite aux
Bonjour, je me posais certaines questions qu'en à la correction de mon professeur de français.
Je ne suis pas très bon en français et j'ai eu des erreurs pour avoir écrit << face à ...>> et <<... est apparu suite aux critiques..>>. Elle m'a dit que ces expressions n'étaient pas correctes sans autres explications, mais en cherchant sur internet je les vois écrites partout. Pourquoi ne puis-je utiliser ces expressions?
Je ne suis pas très bon en français et j'ai eu des erreurs pour avoir écrit << face à ...>> et <<... est apparu suite aux critiques..>>. Elle m'a dit que ces expressions n'étaient pas correctes sans autres explications, mais en cherchant sur internet je les vois écrites partout. Pourquoi ne puis-je utiliser ces expressions?
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
N'importe qui peut écrire n'importe quoi sur Google.
"Suite à" est tolérable en style télégraphique : par exemple "suite à avarie accostons prochain port"
Sinon, la construction correcte est : "à la suite d'une avarie, nous sommes contraints d'accoster au prochain port."
_____
Ce bar se trouve en face de la mairie.
Ce bar se trouve face à la mairie.
Tournure incorrecte :
Ce bar se trouve face la mairie
"Suite à" est tolérable en style télégraphique : par exemple "suite à avarie accostons prochain port"
Sinon, la construction correcte est : "à la suite d'une avarie, nous sommes contraints d'accoster au prochain port."
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Tournure incorrecte :
Ce bar se trouve face la mairie
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
L'expression "suite à" est très fréquemment utilisée, hélas !, et le plus souvent dans l'intention de soigner son langage pour faire officiel. Il n'est pas étonnant, Cyrille, que vous l'ayez crue correcte.
On entend souvent, dans le métropolitain parisien : "Suite à la présence de voyageurs sur les voies, le trafic est perturbé sur la ligne 9".
Et j'ai déjà reçu des lettres officielles commençant par "Suite à votre courrier, je vous adresse par la présente..."
Dans le premier cas, je dirais plutôt "en raison de la présence...", ou même plus simplement "à cause de", et dans le deuxième "Comme suite à votre courrier...".
On entend souvent, dans le métropolitain parisien : "Suite à la présence de voyageurs sur les voies, le trafic est perturbé sur la ligne 9".
Et j'ai déjà reçu des lettres officielles commençant par "Suite à votre courrier, je vous adresse par la présente..."
Dans le premier cas, je dirais plutôt "en raison de la présence...", ou même plus simplement "à cause de", et dans le deuxième "Comme suite à votre courrier...".
Non, vous ne devez pas supprimer (d’ailleurs vous ne pourriez pas le faireCyrille a écrit :P.S. Je suis nouveau dans ce forum et je me demande si je dois suprimmer ce sujet de conversation maintenant que la question a été répondue?
![[clin d'oeil] ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
En ce qui me concerne, j’enseigne le français depuis une dizaine d’années, et je me verrais mal corriger un suite à (encore moins un face à, approuvé par le dictionnaire de l’Académie). Suite à est certes une formule elliptique (où manque comme [suite à]), elle est également d’origine bureaucratique, mais c’est une locution désormais répandue dans tous les registres de langue, et il me paraît normal de tenir compte de l’usage établi.
Bien sûr, nous ne pouvons pas accepter n’importe quelle évolution, mais tant qu’il s’agit de structures compatibles avec l’« esprit » de la langue, je ne vois pas pourquoi il faudrait en déconseiller l’emploi. Il y aurait de nombreux exemples d’ellipses à citer, qui sont considérées comme parfaitement correctes, mais il est tard…
Vous n'avez pas ce pouvoir, et si vous l'aviez, il ne faudrait pas nécessairement supprimer le sujet, qui peut intéresser d'autres internautes.
Mais je m'aperçois que ni moi ni Perkele n'avons véritablement répondu à votre question "Pourquoi ?".
Selon moi, ces expressions sont incorrectes car face et suite sont des noms, et non des adverbes. On n'emploie comme ça des noms tout seuls sans article que dans le style télégraphique, comme l'a justement fait remarquer Perkele.
Une suite, c'est une conséquence. On n'imaginerait pas dire "conséquence à", il faudrait transformer le nom en adverbe et dire "conséquemment à".
Si l'on suit cette logique, l'expression "face à" devrait aussi être incorrecte, cependant elle ne m'a jamais choquée. Elle ne figure pas dans mon petit Robert, mais le TLF la mentionne.
Pourriez-vous, Cyrille, demander à votre professeur de français de justifier sa correction ?
J'édite : je pensais être la seule à baguenauder sur le forum à des heures aussi tardives, aussi ai-je pris mon temps, et votre réponse, Marco, est arrivée pendant ce temps. Elle discrédite un peu mon explication, alors je me sens bête.
Qu'appelez-vous "l'esprit de la langue", et en quoi l'évolution de "comme suite à" en "suite à" serait-elle dans "l'esprit de la langue" ?
J'ai hâte que vous nous donniez ces exemples d'ellipses quand vous aurez dormi.
Mais je m'aperçois que ni moi ni Perkele n'avons véritablement répondu à votre question "Pourquoi ?".
Selon moi, ces expressions sont incorrectes car face et suite sont des noms, et non des adverbes. On n'emploie comme ça des noms tout seuls sans article que dans le style télégraphique, comme l'a justement fait remarquer Perkele.
Une suite, c'est une conséquence. On n'imaginerait pas dire "conséquence à", il faudrait transformer le nom en adverbe et dire "conséquemment à".
Si l'on suit cette logique, l'expression "face à" devrait aussi être incorrecte, cependant elle ne m'a jamais choquée. Elle ne figure pas dans mon petit Robert, mais le TLF la mentionne.
Pourriez-vous, Cyrille, demander à votre professeur de français de justifier sa correction ?
J'édite : je pensais être la seule à baguenauder sur le forum à des heures aussi tardives, aussi ai-je pris mon temps, et votre réponse, Marco, est arrivée pendant ce temps. Elle discrédite un peu mon explication, alors je me sens bête.
Qu'appelez-vous "l'esprit de la langue", et en quoi l'évolution de "comme suite à" en "suite à" serait-elle dans "l'esprit de la langue" ?
J'ai hâte que vous nous donniez ces exemples d'ellipses quand vous aurez dormi.
Je suis encore debout malgré (autre impropriété acceptée par l’usage, car le ‘gré’ ne pouvait, à l’origine, se référer à des êtres inanimés, dépourvus de ‘volonté’ ou de ‘reconnaissance’) l’heure tardive, mais mes vacances me l’autorisent. Pour l’instant, je n’ai qu’un exemple en tête :
Faute de :
Et le combat cessa faute de combattants (Corneille, Cid, IV, 3.)
Je crois que c’est une ellipse de faire faute, ‘manquer, être en moins, faire défaut’. Voir le Littré, sous ‘faute’.
Pour ce qui concerne l’esprit de la langue, c’est exactement cela : le fait qu’elle use souvent d’ellipses. Pensez à des phrases comme J’ai fait toutes les recherches que j’ai pu [faire], où l’infinitif n’est généralement pas répété. Mais je trouverai bien des exemples plus idoines… :D
Mais, Anne, surtout, ne vous sentez pas « bête » ! Vous n’avez rien à vous reprocher.![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Faute de :
Et le combat cessa faute de combattants (Corneille, Cid, IV, 3.)
Je crois que c’est une ellipse de faire faute, ‘manquer, être en moins, faire défaut’. Voir le Littré, sous ‘faute’.
Pour ce qui concerne l’esprit de la langue, c’est exactement cela : le fait qu’elle use souvent d’ellipses. Pensez à des phrases comme J’ai fait toutes les recherches que j’ai pu [faire], où l’infinitif n’est généralement pas répété. Mais je trouverai bien des exemples plus idoines… :D
Mais, Anne, surtout, ne vous sentez pas « bête » ! Vous n’avez rien à vous reprocher.
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- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Notre professeur de correspondance commerciale nous déconseillait formellement d'écrire suite à, qu'elle considérait, selon l'esprit de l'époque, comme une formule cavalière et donc impolie. Elle exigeait que nous écrivions comme suite à, ou en réponse à selon le cas : comme suite à votre demande, nous avons effectué la correction nécessaire (action) ; en réponse à votre demande, nous vous informons que nous ne pouvons pas vous accorder un rabais (réponse à une question).
Les livres sur la langue française continuent à expliquer que la formule suite à est du langage commercial ou administratif, et recommandent, dans la langue courante, de recourir selon le cas à l'une des deux formules données par mon professeur en 1954.
Pour ma part, quant un cadre administratif m'écrit suite à, je considère que c'est du pédantisme de fonctionnaire marquant un mépris évident pour l'usager. Idem quand il termine en m'envoyant sa considération distinguée, que je ressens comme outrecuidante.
Les livres sur la langue française continuent à expliquer que la formule suite à est du langage commercial ou administratif, et recommandent, dans la langue courante, de recourir selon le cas à l'une des deux formules données par mon professeur en 1954.
Pour ma part, quant un cadre administratif m'écrit suite à, je considère que c'est du pédantisme de fonctionnaire marquant un mépris évident pour l'usager. Idem quand il termine en m'envoyant sa considération distinguée, que je ressens comme outrecuidante.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ce que je voulais dire, c’est que certaines locutions elliptiques se sont répandues dans l’usage et que, si elles étaient condamnables il y a un demi-siècle, elles ne le sont plus forcément aujourd’hui. Le nœud crucial de la question est bien là : quelles sont les évolutions acceptables et lesquelles sont inacceptables ?
Pour moi, il est acceptable de recevoir comme bon usage tout ce qui n’est pas en contraste avec les structures traditionnelles de la langue, du point de vue syntaxique ou morpho-phonétique, et qui apparaît dans des écrits d’un certain niveau culturel. Il est en revanche inacceptable (dans le bon usage) d’introduire des mots étrangers inutiles ou des constructions syntaxiques étrangères au système de la langue. Suite à est alors, à mon sens, tout à fait défendable, car cette locution prépositionnelle ne nuit pas à la langue et n’y introduit rien de nouveau ou d’incompatible. Mais ce n’est que mon point de vue et je comprends que l’on soit attaché aux traditions.![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Pour moi, il est acceptable de recevoir comme bon usage tout ce qui n’est pas en contraste avec les structures traditionnelles de la langue, du point de vue syntaxique ou morpho-phonétique, et qui apparaît dans des écrits d’un certain niveau culturel. Il est en revanche inacceptable (dans le bon usage) d’introduire des mots étrangers inutiles ou des constructions syntaxiques étrangères au système de la langue. Suite à est alors, à mon sens, tout à fait défendable, car cette locution prépositionnelle ne nuit pas à la langue et n’y introduit rien de nouveau ou d’incompatible. Mais ce n’est que mon point de vue et je comprends que l’on soit attaché aux traditions.
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- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Attaché aux traditions marque un acte volontaire, celui de quelqu'un qui a son libre arbitre et fait un choix. Pour ce qui me concerne, il s'agit d'un conditionnement puissant, dont on a du mal à s'affranchir. Notre instruction et notre éducation ont été pratiquées par la force, sous forme d'obligations et d'interdits. C'était l'époque où les adultes, et particulièrement pour ce qui me concerne les parents, les instituteurs et les ecclésiastiques, considéraient que les enfants n'avaient aucun droit mais beaucoup de devoirs, et qu'on devait les « dresser », c'était le mot employé alors. Dressage qui s'accompagnait de brimades, punitions et châtiments physiques. Alors, chez moi et à l'école, on m'a dicté des règles de langage qui avaient force de loi, et qu'on ne pouvait enfreindre qu'au risque de réprimandes et de sanctions.
J'ai évoqué ici récemment cette idée reçue selon laquelle on ne parlait pas avec mais à quelqu'un. Il n'y a pas un an que j'ai découvert que c'est faux, et que l'Académie accepte qu'on parle avec.
J'ai évoqué ici récemment cette idée reçue selon laquelle on ne parlait pas avec mais à quelqu'un. Il n'y a pas un an que j'ai découvert que c'est faux, et que l'Académie accepte qu'on parle avec.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).