Une neige mal placée ?
Une neige mal placée ?
Aux aisselles des grosses branches où la neige restait accrochée, elle était bleue aussi, avec des reflets verts et mauves.
Cette phrase tirée de "La Dernière Harde", lorsque je l'ai lue pour la première fois, m'a paru étrange et j'ai relu tout le paragraphe pour trouver ce à quoi pouvait se rapporter le sujet de la principale (elle), avant de me rendre à l'évidence : il s'agissait de la neige.
Moi, j'aurais plutôt écrit :
Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, la neige était bleue aussi, avec des reflets verts et mauves.
Apparemment, après avoir lu "neige", je m'attendais à ce que le sujet de la principale fût un autre nom. Si Genevoix avait écrit :
Aux aisselles des branches où la neige restait accrochée, elle aussi était bleue j'aurais eu un moindre choc.
Voici deux phrases de mon cru :
Partout où l'oragan passait, il semait la désolation me paraît moins heureux que
Partout où il passait, l'ouragan semait la désolation.
Qu'en pensez-vous ?
Cette phrase tirée de "La Dernière Harde", lorsque je l'ai lue pour la première fois, m'a paru étrange et j'ai relu tout le paragraphe pour trouver ce à quoi pouvait se rapporter le sujet de la principale (elle), avant de me rendre à l'évidence : il s'agissait de la neige.
Moi, j'aurais plutôt écrit :
Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, la neige était bleue aussi, avec des reflets verts et mauves.
Apparemment, après avoir lu "neige", je m'attendais à ce que le sujet de la principale fût un autre nom. Si Genevoix avait écrit :
Aux aisselles des branches où la neige restait accrochée, elle aussi était bleue j'aurais eu un moindre choc.
Voici deux phrases de mon cru :
Partout où l'oragan passait, il semait la désolation me paraît moins heureux que
Partout où il passait, l'ouragan semait la désolation.
Qu'en pensez-vous ?
Il y a une faute dans la transcription : Genevoix a écrit "des reflets vert et mauve" sans "s". Je suppose que c'est parce qu'il s'agit d'un mélange de couleurs.
A propos de cette phrase je me demande aussi pourquoi un imparfait "restait accrochée" alors qu'il ne neige pas. Un pqp me paraît plus indiqué : aux aisselles des grosses branches où la neige était restée accrochée.
Voici toute la phrase avec la phrase précédente, qui lui donne tout son sens :
Le ciel, était maintenant d'un bleu partout égal, lumineux mais sans frémissement. Aux aisselles des grosses branches où la neige restait accrochée, elle était bleue aussi, avec des reflets vert et mauve.
A propos de cette phrase je me demande aussi pourquoi un imparfait "restait accrochée" alors qu'il ne neige pas. Un pqp me paraît plus indiqué : aux aisselles des grosses branches où la neige était restée accrochée.
Voici toute la phrase avec la phrase précédente, qui lui donne tout son sens :
Le ciel, était maintenant d'un bleu partout égal, lumineux mais sans frémissement. Aux aisselles des grosses branches où la neige restait accrochée, elle était bleue aussi, avec des reflets vert et mauve.
Dernière modification par angeloï le jeu. 13 août 2009, 9:12, modifié 2 fois.
- Perkele
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Des reflets verts et mauves = il y a des reflets entièrement verts et des reflets entièrement mauves.angeloï a écrit :Il y a une faute dans la transcription : Genevoix a écrit "des reflets vert et mauve" sans "s".
Des reflets vert et mauve = il y a des reflets qui passent du vert au mauve.
L'exemple qu'on nous donne à l'école primaire est celui des drapeaux :
Des drapeaux noirs et blancs = deux sortes de drapeaux.
Des drapeaux noir et blanc = plusieurs drapeaux d'une seule sorte, à motif noir et blanc.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Perkele
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Un imparfait exprime que les choses sont au moment du passé auquel il est fait allusion.angeloï a écrit :I
A propos de cette phrase je me demande aussi pourquoi un imparfait "restait accrochée" alors qu'il ne neige pas. Un pqp me paraît plus indiqué : aux aisselles des grosses branches où la neige était restée accrochée.
Un plus que parfait indiquerait qu'à l'instant du passé auquel il fait allusion, la neige qui était accrochée précédemment n'y est plus.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Mais on dit que la neige est restée accrochée : comment pourrait-elle avoir disparu ?
Avec l'imparfait on pourrait comprendre ceci :
il y a des branches où la neige se dépose de préférence chaque fois qu'elle tombe (une sorte d'habitude). On pourrait alors ne pas en trouver au moment du récit, comme le Christ ne trouvant pas de figues sur le figuier :
Aux branches du figuier qui portait des figues en abondance, il n'y avait rien. Jésus fut fort désappointé...
Mais la principale nous reparle de la neige. Donc il n'y a pas de doute.
Un autre cas est celui où la neige tombe : les flocons virevoltent et certains se déposent aux aisselles des branches
La neige commençait à tomber. Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, des rouges-gorges venaient picorer pour se désaltérer.
J'étais sûr qu'en soulevant la question de l'orthographe des couleurs les langues se délieraient comme par enchantement.![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Oui, je sais que dans ma dernière phrase il y a un problème, mais c'est une figure de style. Même Heredia l'utilise.
« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré. »
— José Maria de Heredia, Les Conquérants
Avec l'imparfait on pourrait comprendre ceci :
il y a des branches où la neige se dépose de préférence chaque fois qu'elle tombe (une sorte d'habitude). On pourrait alors ne pas en trouver au moment du récit, comme le Christ ne trouvant pas de figues sur le figuier :
Aux branches du figuier qui portait des figues en abondance, il n'y avait rien. Jésus fut fort désappointé...
Mais la principale nous reparle de la neige. Donc il n'y a pas de doute.
Un autre cas est celui où la neige tombe : les flocons virevoltent et certains se déposent aux aisselles des branches
La neige commençait à tomber. Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, des rouges-gorges venaient picorer pour se désaltérer.
J'étais sûr qu'en soulevant la question de l'orthographe des couleurs les langues se délieraient comme par enchantement.
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Oui, je sais que dans ma dernière phrase il y a un problème, mais c'est une figure de style. Même Heredia l'utilise.
« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré. »
— José Maria de Heredia, Les Conquérants
Je suis parfaitement d'accord avec vous.angeloï a écrit :Mais on dit que la neige est restée accrochée : comment pourrait-elle avoir disparu ?
Avec l'imparfait on pourrait comprendre ceci :
il y a des branches où la neige se dépose de préférence chaque fois qu'elle tombe (une sorte d'habitude). On pourrait alors ne pas en trouver au moment du récit, comme le Christ ne trouvant pas de figues sur le figuier :
Aux branches du figuier qui portait des figues en abondance, il n'y avait rien. Jésus fut fort désappointé...
Mais la principale nous reparle de la neige. Donc il n'y a pas de doute.
Un autre cas est celui où la neige tombe : les flocons virevoltent et certains se déposent aux aisselles des branches
La neige commençait à tomber. Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, des rouges-gorges venaient picorer pour se désaltérer.
Là non, par contre. Dans la phrase de Heredia, pourquoi ne serait-ce pas l'azur qui espérerait des lendemains épiques ?angeloï a écrit :J'étais sûr qu'en soulevant la question de l'orthographe des couleurs les langues se délieraient comme par enchantement.
Oui, je sais que dans ma dernière phrase il y a un problème, mais c'est une figure de style. Même Heredia l'utilise.
« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré. »
— José Maria de Heredia, Les Conquérants
En revanche dans votre phrase, c'est vous qui avez délié les langues, et non les langues qui ont soulevé la question de l'orthographe. D'ailleurs, vous continuez en employant exprès une tournure fautive !
![[sadique] :twisted:](./images/smilies/icon_twisted.gif)
- Perkele
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Angie, Ô mon barde préféré ! vous me parliez de PQP et voilà que vous nous servez un passé composé.angeloï a écrit :Mais on dit que la neige est restée accrochée : comment pourrait-elle avoir disparu ?
L'imparfait montre une action qui se passe au moment décrit du passé : "elle restait accrochée" ; je ne vois pas d'ambigüité. Au présent, nous aurions "elle reste accrochée" et cela voudrait bien dire qu'elle s'y trouve au moment du récit. Je ne vois pas ce qu'apporterait un passé composé.Aux aisselles des grosses branches où la neige restait accrochée, elle était bleue aussi, avec des reflets vert et mauve.
En plus, ça ne fait pas très propre d'avoir de la neige sous les aisselles.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Les aisselles des arbres, contrairement aux nôtres, sont tournées vers le ciel.
C'est sans doute pourquoi la neige qui s'y dépose bleuit lorsque le ciel prend une teinte céruléenne.
A propos de la question initiale, je pense que Genevoix a voulu suivre exactement l'ordre des sensations : d'abord le ciel, puis les branches, puis la neige et enfin le pronom anaphorique "elle", quitte à un peu décevoir l'attente du lecteur.
C'est sans doute pourquoi la neige qui s'y dépose bleuit lorsque le ciel prend une teinte céruléenne.
A propos de la question initiale, je pense que Genevoix a voulu suivre exactement l'ordre des sensations : d'abord le ciel, puis les branches, puis la neige et enfin le pronom anaphorique "elle", quitte à un peu décevoir l'attente du lecteur.
Voyons, Anne, il s'agit d'un anacoluthe célèbre : ce sont les conquistadors qui espèrent des occasions d'exploits en voyant les mirages dorés de la merAnne a écrit :Je suis parfaitement d'accord avec vous.angeloï a écrit :Mais on dit que la neige est restée accrochée : comment pourrait-elle avoir disparu ?
Avec l'imparfait on pourrait comprendre ceci :
il y a des branches où la neige se dépose de préférence chaque fois qu'elle tombe (une sorte d'habitude). On pourrait alors ne pas en trouver au moment du récit, comme le Christ ne trouvant pas de figues sur le figuier :
Aux branches du figuier qui portait des figues en abondance, il n'y avait rien. Jésus fut fort désappointé...
Mais la principale nous reparle de la neige. Donc il n'y a pas de doute.
Un autre cas est celui où la neige tombe : les flocons virevoltent et certains se déposent aux aisselles des branches
La neige commençait à tomber. Aux aisselles des grosses branches où elle restait accrochée, des rouges-gorges venaient picorer pour se désaltérer.
Là non, par contre. Dans la phrase de Heredia, pourquoi ne serait-ce pas l'azur qui espérerait des lendemains épiques ?angeloï a écrit :J'étais sûr qu'en soulevant la question de l'orthographe des couleurs les langues se délieraient comme par enchantement.
Oui, je sais que dans ma dernière phrase il y a un problème, mais c'est une figure de style. Même Heredia l'utilise.
« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré. »
— José Maria de Heredia, Les Conquérants
En revanche dans votre phrase, c'est vous qui avez délié les langues, et non les langues qui ont soulevé la question de l'orthographe. D'ailleurs, vous continuez en employant exprès une tournure fautive !
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- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
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À lire intégralement ici, par exemple. Merci, Angeloï, c'est pour moi un souvenir du cours moyen.
À lire intégralement ici, par exemple. Merci, Angeloï, c'est pour moi un souvenir du cours moyen.
Merci à tous les deux de me faire découvrir ce poème.angeloï a écrit :Voyons, Anne, il s'agit d'un anacoluthe célèbre : ce sont les conquistadors qui espèrent des occasions d'exploits en voyant les mirages dorés de la mer
Ne cherchez pas à me faire honte, Angeloï, j'assume complètement mes lacunes. :D
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Mais, bien qu'ayant appris ce poème par coeur en classe de huitième, je ne m'étais jamais posé cette question. Cela dit, la suggestion d'Anne me séduit.
Pourquoi l'azur n'espèrerait-il pas des lendemains épiques, désir qu'il inviterait routiers et capitaines à partager en leur inspirant des rêves "dorés" ? hein ?
Pourquoi l'azur n'espèrerait-il pas des lendemains épiques, désir qu'il inviterait routiers et capitaines à partager en leur inspirant des rêves "dorés" ? hein ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Cela dit, ma phrase était évidemment fautive puisque ma syllepse-anacoluthe ne sert aucun besoin stylistique, seule bonne excuse pour déraper.Anne a écrit :Merci à tous les deux de me faire découvrir ce poème.angeloï a écrit :Voyons, Anne, il s'agit d'un anacoluthe célèbre : ce sont les conquistadors qui espèrent des occasions d'exploits en voyant les mirages dorés de la mer
Ne cherchez pas à me faire honte, Angeloï, j'assume complètement mes lacunes. :D
Je reviens à ma question du début, en espérant des commentaires qui, à défaut d'être épiques, soient au moins intéressés.
Sur une branche où deux abeilles s'étaient posées, elles remuaient doucement leurs ailes.
On comprend que logiquement "elles" devrait se rapporter aux deux hyménoptères, mais le lecteur est déconcerté. Pourquoi ?
Au milieu de la petit église que Saint François avait réparée, il priait chaque soir.
Qui pourrait penser que le "il" de la principale fît référence à Saint-François ? Le lecteur cherche fatalement un antécédent ailleurs, dans une proposition antérieure.
En revanche, si l'on inverse la place des sujets, tout devient clair :
Au milieu de la petit église qu'il avait réparée, Saint François priait chaque soir.
Voilà la question que j'aimerais que vous m'aidassiez
à résoudre.
Sur une branche où deux abeilles s'étaient posées, elles remuaient doucement leurs ailes.
On comprend que logiquement "elles" devrait se rapporter aux deux hyménoptères, mais le lecteur est déconcerté. Pourquoi ?
Au milieu de la petit église que Saint François avait réparée, il priait chaque soir.
Qui pourrait penser que le "il" de la principale fît référence à Saint-François ? Le lecteur cherche fatalement un antécédent ailleurs, dans une proposition antérieure.
En revanche, si l'on inverse la place des sujets, tout devient clair :
Au milieu de la petit église qu'il avait réparée, Saint François priait chaque soir.
Voilà la question que j'aimerais que vous m'aidassiez
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)