Améliorer le style administratif
- Jacques
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Pour ce qui est du style commercial, nous tombons aussi dans l'excès. Les "jeunes cadres dynamiques" vous servent de ces lettres qui laissent pantois. Ils n'ont déjà pas la moindre notion des distances à tenir quand ils vous écrivent "Cher Monsieur Chombier", ce qui est une grave incorrection. On écrit cher monsieur à quelqu'un avec qui on entretient des rapports assez détendus, ou un membre d'un club ou d'une association dont on est l'un des responsables (je le fais quand je réponds aux adhérents de la nôtre) et cher monsieur Chose à une personne avec qui on est familier sans aller jusqu'au tutoiement.
Et pour le reste, c'est souvent un charabia ampoulé recourant abondamment aux impropriétés, anglicismes et barbarismes à la mode, avec des "au niveau" des "opportunités", des "positionnements" et quantité d'autres violations de la langue.
J'ai beaucoup pratiqué la correspondance commerciale, mes règles étaient sobriété et clarté, et quand je supervisais le courrier des employés de mon service, je corrigeais en conséquence, mais je leur avais appris à éviter ces travers.
Et pour le reste, c'est souvent un charabia ampoulé recourant abondamment aux impropriétés, anglicismes et barbarismes à la mode, avec des "au niveau" des "opportunités", des "positionnements" et quantité d'autres violations de la langue.
J'ai beaucoup pratiqué la correspondance commerciale, mes règles étaient sobriété et clarté, et quand je supervisais le courrier des employés de mon service, je corrigeais en conséquence, mais je leur avais appris à éviter ces travers.
Dernière modification par Jacques le lun. 06 mars 2006, 13:24, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
"Chombier" est-il un nom courant de personnage imaginaire que Perkele pourrait ajouter à sa liste? :Djac a écrit :Ils n'ont déjà pas la moindre notion des distances à tenir quand ils vous écrivent "Cher Monsieur Chombier", ce qui est une grave incorrection.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Jacques
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Chombier n'est pas un personnage mais un nom créé par deux comiques français, Chevalier et Laspalès. Dans leurs sketches ils l'utilisent souvent ; à cause de ses sonorités il a un côté franchouillard et un tantinet ridicule, un peu dans le style « monsieur Pipelet », et ils l'attribuent à divers personnages selon les besoins.cyrano a écrit :"Chombier" est-il un nom courant de personnage imaginaire que Perkele pourrait ajouter à sa liste? :Djac a écrit :Ils n'ont déjà pas la moindre notion des distances à tenir quand ils vous écrivent "Cher Monsieur Chombier", ce qui est une grave incorrection.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Re: Améliorer le style administratif
Je viens de lire les échanges consacrés aux anacoluthes (que je croyais toujours fautives, avant d'avoir consulté votre forum) et je me demande si cette phrase de Claude n'en comporte pas une. C'est la vielle dame qui est désargentée, mais l'auteur de la phrase semble vouloir dire qu'il partage cette triste condition : "N'ayant pas de revenus suffisants pour vous permettre de vivre mieux, je ne puis rien vous donner personnellement, mais j'ai le plaisir de vous annoncer qu'une allocation va vous être attribuée".Claude a écrit :"N'ayant pas de revenus suffisants vous permettant de mieux vivre au quotidien et de pouvoir offrir plein de cadeaux à vos petits-enfants, j'ai l'immense plaisir de vous annoncer qu'une allocation va vous être attribuée.
N'en ai-je pas fait un peu trop ?
J'entendais récemment un message publicitaire à la radio, à propos de sièges de bureau : "Quand on est vieux, vous êtes mis de côté". Est-ce aussi une anacoluthe ?
- Jacques
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La phrase ampoulée factice de Claude n'est pas une anacoluthe, car la seconde proposition est la conséquence de la première. L'anacoluthe crée une rupture syntaxique, et là il n'y en a pas.
Des pays, j'en ai vu des tas est une anacoluthe. Nous avons là une construction syntaxique qui bouleverse l'ordre normal de la phrase. Je crois avoir également cité dans les imprécations de Camille (Horace) :
Que cent peuples unis des bouts de l'univers
Passent pour la détruire, et les monts et les mers
« Et les monts et les mers » est rejeté hors de la construction logique, et s'ajoute après coup. L'anacoluthe n'est pas une faute de construction mais un effet de style particulier.
Votre citation n'en est pas une, la seconde proposition est une conséquence de la première, la syntaxe est respectée. Il y a juste ce vous qui se substitue à ON, c'est illogique mais pas foncièrement fautif ; il eût été préférable d'employer deux fois vous ou on.
Des pays, j'en ai vu des tas est une anacoluthe. Nous avons là une construction syntaxique qui bouleverse l'ordre normal de la phrase. Je crois avoir également cité dans les imprécations de Camille (Horace) :
Que cent peuples unis des bouts de l'univers
Passent pour la détruire, et les monts et les mers
« Et les monts et les mers » est rejeté hors de la construction logique, et s'ajoute après coup. L'anacoluthe n'est pas une faute de construction mais un effet de style particulier.
Votre citation n'en est pas une, la seconde proposition est une conséquence de la première, la syntaxe est respectée. Il y a juste ce vous qui se substitue à ON, c'est illogique mais pas foncièrement fautif ; il eût été préférable d'employer deux fois vous ou on.
Dernière modification par Jacques le mer. 20 août 2008, 8:17, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Merci, Jacques. Je n'avais donc pas bien compris la nature même de l'anacoluthe. Lire vos échanges et consulter les écrans en même temps peut conduire à de fâcheuses interprétations : je ferais bien de m'en abstenir.
La phrase factice de Claude comporte ce qui me semble néanmoins être un défaut, ne serait-ce que du point de vue de la logique. Vous ne diriez pas "Étant handicapé, je vous ai trouvé un fauteuil roulant", si c'est votre interlocuteur qui est handicapé et non vous-même. Me trompé-je ? Cela m'intéresse réellement, car j'entends très souvent formuler des phrases ainsi construites.
![[embarrassé] :oops:](./images/smilies/icon_redface.gif)
La phrase factice de Claude comporte ce qui me semble néanmoins être un défaut, ne serait-ce que du point de vue de la logique. Vous ne diriez pas "Étant handicapé, je vous ai trouvé un fauteuil roulant", si c'est votre interlocuteur qui est handicapé et non vous-même. Me trompé-je ? Cela m'intéresse réellement, car j'entends très souvent formuler des phrases ainsi construites.
- Jacques
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Vous pointez là du doigt une de ces fautes de construction qui me font bondir. Ce n'est plus de l'anacoluthe, car celle-ci est plutôt du genre « on met la charrue avant les bœufs » mais elle est parfaitement reconnue comme un style correct ; il est clair que dans les Imprécations de Camille, elle se justifie par la nécessité de la rime. Dans votre exemple, il y a une substitution incongrue de sujet. La seconde partie de la phrase doit nécessairement rapporter le sujet du second verbe au premier : ils ont un sujet commun. Hélas ! voilà encore une mauvaise habitude qui fait école.Iroise a écrit :La phrase factice de Claude comporte ce qui me semble néanmoins être un défaut, ne serait-ce que du point de vue de la logique. Vous ne diriez pas "Étant handicapé, je vous ai trouvé un fauteuil roulant", si c'est votre interlocuteur qui est handicapé et non vous-même. Me trompé-je ? Cela m'intéresse réellement, car j'entends très souvent formuler des phrases ainsi construites.
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- Jacques
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Comme il s'agissait d'une phrase ironique, destinée à ridiculiser le style moderne, pas forcément administratif, j'ai pensé que cette construction était voulue par dérision, pour montrer l'absurdité de ces phrases. Et c'est toujours ainsi que je la vois.Claude a écrit :La prochaine fois, au lieu de commencer par N'ayant... et en modifiant un minimum, j'écrirai Conscient que vous n'avez....
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Le participe présent, l'infinitif ainsi que le complément placés en début de phrase concernent le sujet du verbe conjugué (le sujet du participe ou de l'infinitif est le sujet du verbe conjugué).
Parce qu'elles cuisent vite, les ménagères préfèrent le pâtes Machinbidule = ce sont les ménagères qui cuisent vite.
Parce qu'elles cuisent vite, les ménagères préfèrent le pâtes Machinbidule = ce sont les ménagères qui cuisent vite.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Bonne explication, et exemple pittoresque. Reste à définir le sens du verbe cuire : les ménagères cuisent vite, = elles sont rapides à faire la cuisson, ou elles sont vite cuites ?
Ce savoureux exemple m'en rappelle un autre : « Ayez pitié d'un pauvre homme qui a sa femme, ses enfants et sa belle-mère à manger ».
Nous en rions, mais ces constructions bancales ne sont, hélas ! pas rares.
Ce savoureux exemple m'en rappelle un autre : « Ayez pitié d'un pauvre homme qui a sa femme, ses enfants et sa belle-mère à manger ».
Nous en rions, mais ces constructions bancales ne sont, hélas ! pas rares.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Ce qui me rappelle un recueil de perles de la SS dans lequel j'avais retenu celle d'une femme qui écrit à cet organisme pour faire valoir ses droits : « Cela fait une semaine que je suis couchée, avec le médecin... ».Jacques a écrit :...Nous en rions, mais ces constructions bancales ne sont, hélas ! pas rares.