Subjonctif par attraction ?

Répondre
Avatar de l’utilisateur
angeloï
Messages : 480
Inscription : jeu. 19 juil. 2007, 8:35

Subjonctif par attraction ?

Message par angeloï »

Je lis cette phrase dans l'Elégance du Hérisson :

Le critique gastronomique du 4e doit penser que je vis dans une grotte obscure bien que ce qu'il en voie lui apprenne le contraire.

Comment expliquez-vous le subjonctif de "voie"?
Invité

Message par Invité »

Je suis étonné par ce subjonctif. Dans des phrases analogues, j'utiliserais l'indicatif.
Il pense qu'il a raison bien que ce que je fais lui montre le contraire.
Il pense qu'il a raison bien que ce que j'ai fait lui ait montré le contraire.
Une phrase avec le subjonctif ne semble pas convenir :
Il pense qu'il a raison bien que ce que je fasse lui montre le contraire.
Dernière modification par Invité le mer. 30 sept. 2009, 17:14, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.

Message par Claude »

Je ne sais pas l'expliquer, mais il me semble que c'est ce qu'il qui est relié directement au verbe et non la locution conjonctive bien que régissant le subjonctif ; c'est la forme bien que ce qu'il... et non bien qu'il... . J'appliquerais donc l'indicatif.
Si mon explication vous convient je serai très heureux ; dans le cas contraire je serai également très heureux :lol:
Invité

Message par Invité »

Je pense qu'il faut effectivement écrire "ce qu'il en voit". En effet, la locution conjonctive "bien que" appelle le subjonctif, qui est ici bien présent dans le verbe apprendre. Il faut considérer le groupe de mots "ce qu'il en voit" comme étant le sujet de "apprenne". Nous pourrions remplacer ce groupe de mots par un groupe nominal, par exemple "l'observation". Nous aurions alors : le critique gastronomique du 4e doit penser que je vis dans une grotte obscure bien que l'observation lui apprenne le contraire. La construction bien que + subjonctif apparaît alors clairement. "Ce qu'il en voit" exprime ici la réalité, et non le doute, l'hypothétique ; il faut donc écrire le verbe voir à l'indicatif.
Bien observé, Angeloï, Muriel Barbery a en effet laissé une faute de grammaire dans son roman (du moins c'est ce que je pense, mais je peux me tromper) ! Ceci dit, j'ai déjà vu bien pire que cela...
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Je vous suis Anne Catherine dans votre raisonnement. Selon moi il n'y a qu'un présent de l'indicatif, et aucun subjonctif.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
angeloï
Messages : 480
Inscription : jeu. 19 juil. 2007, 8:35

Message par angeloï »

Grevisse indique qu'il existe des subjonctifs par attraction, mais ceux-ci n'apparaissent qu'après un verbe au subjonctif et non avant.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Donc il y a bien faute de construction et de grammaire. D'ailleurs cette construction se révèle d'emblée choquante.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Répondre