Emploi de "en"

Répondre
Invité

Emploi de "en"

Message par Invité »

Bonjour,
Je vis au Japon et mes amis Japonais qui etudient le francais me posent souvent des questions de grammaire.
En ce qui concerne l'emploi de "en", je suis souvent incapable de repondre.
Quel est le sens et le role de "en" dans des phrases comme :
"Je n'en sais rien"
"Je m'en vais"
"La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres"

Et pourquoi dit-on "Je le savais !" alors qu'on dit "Je n'en savais rien" et "Je m'en doutais !"
Avatar de l’utilisateur
Jacques-André-Albert
Messages : 4645
Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
Localisation : Niort

Message par Jacques-André-Albert »

Bonjour,

Tout dépend du verbe ou du groupe verbal, s'il est suivi d'un complément direct ou indirect ; prenons vos exemples un par un :
- « Je n'en sais rien » équivaut à « je ne sais rien de cela ». En remplace de cela
- « Je m'en vais » pose deux questions : pour quoi « en » et pour quoi « m' » : la forme pronominale du verbe aller était utilisée dans la langue ancienne, d'où le « m' » ; le pronom « en » représente « d'ici » ou « de là ».
"La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres" : « la terre nous apprend plus long sur tel ou tel sujet ». Un complément d'objet direct aurait été remplacé par « l' » : « la terre nous apprend la prudence » ou « la terre nous l'apprend ».
"Je le savais !" représente « je savais cela (ou ça) », complément d'objet direct, alors que "Je n'en savais rien" et "Je m'en doutais !" sont mis pour « je ne savais rien de cela » et « je me doutais de cela ».

J'espère avoir été assez clair.
Invité

Message par Invité »

Parfait ! Merci beaucoup.
Avatar de l’utilisateur
Bernard_M
Messages : 1305
Inscription : sam. 07 févr. 2009, 10:24
Contact :

Message par Bernard_M »

Bonjour,
Je vous souhaite bien du courage pour être exhaustif et clair sur cette question !
Ne serait-ce que sur le plan de l'analyse grammaticale, j'ai du mal à m'en sortir, après de nombreuses hésitations ...
  • En : adverbe, complétant le sens d'un verbe.
    adverbe démonstratif qui a valeur de nom accompagné d'un adjectif démonstratif :
    La ville dont vous me parlez, j'en viens.
    Va-t-en (c.-à-d. pars de là !)
    Je m'en vais.
  • En : pronom atone neutre s'employant avec le verbe dont le COI est introduit par les prépositions à (penser à) ou de (douter de)
    Je n'en savais rien (c.-à-d. je ne sais rien de cela),
    Je n'en pense rien (c.-à-d. je ne pense rien de cela),
    Je vous en donne (c.-à-d. je vous donne de cela)
    Je m'en doutais !(c.-à-d. je me doutais de cela),
  • En : préposition introduisant un complément
    Une course en ville, un paiement en espèces et en nature, se déplacer en voiture, entrer en classe, une cuiller en argent, rivaliser en ingéniosité, arriver à ses fins en quelques heures,
  • En : conjonction
    Dans les locutions conjonctives en effet, en outre, en particulier, etc.
    Dans les propositions exprimant un fait : en attendant que, en marchant vers ..., etc.
Quant à Il m'en apprend (c.-à-d. il m'apprend quelque chose) et à La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres, je penserais le classer dans la seconde catégorie, comme pronom COI du verbe transitif direct apprendre (quelque chose). Mais je n'en suis pas sûr et la confirmation d'un grammairien m'éclairerait.
En attendant avec curiosité d'autres explications et en étant certain d'en avoir oublié ...
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Je ne suis pas grammairien, mais tant pis, je me lance : il m'en apprend, tu en sais plus que tu veux (ne veux) le dire, elle a peur de trop en faire (ou d'en faire trop), elles en rajoutent... Dans ces cas en se classerait comme pronom indéfini désignant de manière générale et vague des choses non précisées et... non définissables.
On dit parfois : « Vous m'en apprenez, des choses ! » C'est l'idée à retenir.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Bernard_M
Messages : 1305
Inscription : sam. 07 févr. 2009, 10:24
Contact :

Message par Bernard_M »

Nous sommes du même avis Jacques, en est alors pronom, comme dans je m'en souviens (c.-à-d. je me le rappelle).
Il me vient alors cette expression il m'en souvient (c.-à-d. j'ai le souvenir diffus de... ou que ..)
Un soir, t'en souvient-il, nos voguions en silence ... Voilà un en on ne peut plus vague ! :)
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

C'est une formule littéraire, peut-être un peu archaïque, et qui nous ramène donc au pronom inféfini, dès lors qu'on ne peut préciser à quoi il se rapporte. Affaire résolue, à notre satisfaction mutuelle.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Invité

Message par Invité »

Un grand merci a tous. Je crois que je vais m'en sortir :wink:
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Espérons-le. La question est délicate, et le cas difficile à expliquer à des personnes parlant une autre langue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Répondre