Les pieds en poésie
- Madame de Sévigné
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Cela dépend de l'angle sous lequel on se place.Perkele a écrit :Ce sont des prononciations qu'on ne retrouve pus dans certains textes modernes....
- En littéraire, jusques à nous, jusques à quand ? sont des expressions effectivement peu usitées aujourd'hui et dans le cadre d'une simple discussion, elles résonnent de façon quelque peu emphatique,
- comme simple locution invariable, jusques et y compris me semble être d'un emploi plus courant. Il n'est pas rare d'entendre cette expression dans des échanges qui ne présentent pas pour autant un style ampoulé. Ce dernier usage du "s" ajouté me fait penser à la remarque de valiente s'agissant du comptage des syllabes dans "Pâques et Kairouan". On en arrive alors tout naturellement au troisième aspect de cet ajout,
- un aspect utilitaire en tant que paragoge, destinée à répondre à une nécessité métrique, en poésie notamment (Source : Académie, clé : jusques-[3]). Dans ce cas c'est un outil à la disposition du poète dont il peut user et abuser.
- Jacques
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Je commence la journée en apprenant un mot nouveau, paragoge. Je découvre aussi qu'il est de genre féminin :
Terme de grammaire. Addition à la fin d'un mot : dans jusques, l's est une paragoge qu'on se permet quand l'euphonie ou la mesure le demande, par exemple dans ce vers ; Sion jusques au ciel élevée autrefois (RAC. Esth.I, 2).
Ce S est donc ajouté par raison d'euphonie. Dans Le Cid, il sert à allonger d'une syllabe : percé jusqu'au fond du cœur donne un vers à sept syllabes, et rompt avec le rythme.
Terme de grammaire. Addition à la fin d'un mot : dans jusques, l's est une paragoge qu'on se permet quand l'euphonie ou la mesure le demande, par exemple dans ce vers ; Sion jusques au ciel élevée autrefois (RAC. Esth.I, 2).
Ce S est donc ajouté par raison d'euphonie. Dans Le Cid, il sert à allonger d'une syllabe : percé jusqu'au fond du cœur donne un vers à sept syllabes, et rompt avec le rythme.
Dernière modification par Jacques le mar. 23 févr. 2010, 8:37, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je n'en sais rien, mais encore fait partie de ces mots où E final est muet. Dans certains cas, en poésie, il est peut-être nécessaire de le prononcer pour le rythme ou pour avoir le nombre de syllabes.
Encor sans E est une ancienne orthographe qui remonte au XIIe s. d'après le Dictionnaire historique.
Encor sans E est une ancienne orthographe qui remonte au XIIe s. d'après le Dictionnaire historique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Moi de même :valiente a écrit :Marquise, je compte comme vous.Madame de Sévigné a écrit :Le Cid. Acte I, scène 6. Percé jusques au fond du coeur : Huit syllabes et quatre pieds ?
Per / cé / juss / que / zo / fon / du / cœur = 8 syllabes
Percé / jusque /zofond / du cœur = 4 mesures (musicales) ou 4 pieds, si tant est qu'il devrait y avoir des pieds à ce vers eu égard à la remarque sur la versification française qui souligne qu'il n'y a pas de pieds aux vers français (*).
Est-ce aussi comme cela que vous comptez ?
(*)Ainsi vais-je oser ce contrepet : la poésie française te joue donc des cymbales...
Oui, Claude, c’est un subterfuge connu en poésie.Claude a écrit :Comme il est dit dans tout ce qui précède, le poète a parfois besoin d'une syllabe supplémentaire. À l'inverse il peut avoir une syllabe de trop dans un vers qui contient encore suivi d'un mot commençant par une consonne ; alors il supprime purement et simplement le E final, n'est-ce pas ?
A mon sens, cela traduit souvent un manque d’inspiration ou d’habileté ; si un vers n’a pas le bon nombre de syllabes, alors il faut le retravailler, et non le truquer.
Je ne vois que deux raisons valables d’écrire « encor » ou « jusques » : l'euphonie et la cadence.