Du latin dans notre langage courant

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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :
Madame de Sévigné a écrit :
Quoi qu'il en soit, "Avé Caius Jules César !" devrait se traduire par : " Salut Caius de la famille des poilus, celui qui naquit par excision de l'utérus de ta mère!".
Césarienne : adj. et n. f. (du lat. caesar, enfant tiré du sein de sa mère par incision, de caedere, couper; v.1560) Se dit d'une opération qui consiste à inciser l'utérus d'une femme pour en extraire l'enfant.
Je crois avoir commis un lapsus très intéressant à analyser... :roll:
Sémantiquement, c'est l'inverse : in, exo sont opposés. Pour l'analyse psychologique, je laisse à d'autres le soin de s'en occuper.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Eh bien si l'on incise, on coupe ; si l'on excise on ôte une partie de chair de la personne, jugée néfaste (tumeur, appendice infecté...) ou disgracieuse (énorme grain de beauté doté de quatre gros poils piquants sur le bout du nez...) ou encore traditionnelle (excision des organes sexuels externes chez les petites filles).

Donc, avec quoi s'est croisé dans ma tête la naissance de César, au moment où je vous en parlais ?

Le considèrerais-je dans mon inconscient comme une tumeur maligne ?
Dernière modification par Perkele le ven. 21 mai 2010, 10:29, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je connais bien le sens de ces deux mots. Pour l'erreur, on peut incriminer la paronymie, sans chercher une explication compliquée. Ces confusions sont fréquentes.
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Perkele
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Message par Perkele »

C'est précisément dans ces choses anodines que le bon docteur Freud voyait des failles d'où s'échappaient des bribes de notre inconscient ; des escapades de ce que nous désirons et n'osons pas dire ouvertement car trop empressés à faire et dire ce que nous devons.

Vous ai-je raconté le jour où j'étais dernière cliente avant la fermeture chez le coiffeur et, pendant qu'il m'envoyait artistement une dernière vaporisation de laque, sa femme mit son manteau, prit la caisse et dit : "je vais à la mer" (alors qu'elle allait faire le dépôt quotidien en banque).
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Les théories de Freud, il me semble, sont remises en question.
Mais peu importe, nous avons tous eu de ces lapsus ; alors que nous pensons à une chose que nous désirons fortement, celle-ci domine nos pensées ; la réalité est mise au second plan et, spontanément, nous exprimons celle qui est présente au premier plan.
Dans le cas d'excision/incision, c'est un lapsus linguae des plus banal, dû à un moment de distraction, qui n'exprime pas un désir profond.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

Les théories de Freud, il me semble, sont remises en question.
Heureusement, car à une époque pas si lointaine, l'interprétation freudienne semblait à la portée de tout un chacun et on a vu fleurir des psychanalystes qui n'avaient pas étudié, mais très doués pour décrypter les rêves, paroles et attitudes....de leurs voisins !

Le mot spéculum n'a plus le sens de miroir, je pense. Il est l'instrument incontournable de l'examen gynécologique, donc d'usage courant.
Ne pas confondre avec spéculos, biscuit à la cannelle, cela pourrait provoquer un quiproquo ! Quid pro quod, malentendu, méprise, prisée par les auteurs de vaudevilles.
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Dame Vérone
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Message par Dame Vérone »

Jacques a écrit :Les théories de Freud, il me semble, sont remises en question.
Dans le cas d'excision/incision, c'est un lapsus linguae des plus banal, dû à un moment de distraction, qui n'exprime pas un désir profond.
Encore une expression latine à rajouter, sans qu'il soit pour autant obligé de faire de la psychanalyse.
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Jacques
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Message par Jacques »

Mais oui, je l'ai utilisée sans y prêter attention. Un bon point pour l'avoir remarquée !
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Dame Vérone
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Message par Dame Vérone »

Madame de Sévigné a écrit :Le mot spéculum n'a plus le sens de miroir, je pense. Il est l'instrument incontournable de l'examen gynécologique, donc d'usage courant.
Ne pas confondre avec spéculos, biscuit à la cannelle, cela pourrait provoquer un quiproquo !
Qu'en est-il de spéculer en Bourse ? Je ne vois pas très bien le lien avec le miroir, ou avec l'instrument médical.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dame Vérone a écrit :
Qu'en est-il de spéculer en Bourse ? Je ne vois pas très bien le lien avec le miroir, ou avec l'instrument médical.
Il y a un rappport entre les deux, ils sont de la même famille ; il faut remonter à l'indo-européen spek, « observer », qui donne en latin specula « observatoire », speculari « guetter », speculum « miroir ». Spéculer a gardé encore de nos jours le sens de se livrer à des observations, à des réflexions théoriques. Le spéculateur est celui qui observe et tire des déductions, des probabilités.
Spéculer en Bourse c'est anticiper un mouvement et agir afin d'en tirer profit : le spéculateur à la baisse vend des titres qu'il n'a pas en pensant que le cours baissera et qu'il pourra les racheter moins cher en encaissant la différence ; le spéculateur à la hausse prévoit que le cours va monter, il achète donc pour revendre plus cher.
La plus célèbre spéculation boursière remonte à la bataille de Waterloo : sur commande, un coursier est parti à bride abattue annoncer à Londres que l'Angleterre avait perdu. La Bourse s'est effondrée, ceux qui avaient orchestré l'affaire ont acheté des titres à très bas cours. Quand la nouvelle officielle de la victoire anglaise est arrivée, le marché a fait un bond à la hausse, et ils ont revendu avec un joli profit.
Je déborde un peu, mais c'est pour bien faire comprendre le glissement de sens subtil du verbe spéculer qui, de la pure supputation mentale, passe à une application pratique concrète. L'histoire des mots est liée à l'Histoire.
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Dame Vérone
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Message par Dame Vérone »

Merci pour cette réponse très intéressante qui fait découvrir l'histoire de l'évolution du sens des mots.
Pour Madame de Sévigné: quand on spécule, on ne mange pas un petit speculos mais on se fait de la galette !
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Jacques
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Message par Jacques »

Dame Vérone a écrit :Merci pour cette réponse très intéressante qui fait découvrir l'histoire de l'évolution du sens des mots.
Pour Madame de Sévigné: quand on spécule, on ne mange pas un petit speculos mais on se fait de la galette !
Ce n'est pas toujours le cas, on peut aussi, comme nous disons dans le langage boursier, « ramasser une tarte ». Et j'en ai vu de sévères.
Si vous permettez : il faut écrire spéculoos avec deux O, le mot vient du flamand.
Dernière modification par Jacques le ven. 21 mai 2010, 18:25, modifié 1 fois.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Perkele a écrit :Donc, avec quoi s'est croisé dans ma tête la naissance de César, au moment où je vous en parlais ?

Le considèrerais-je dans mon inconscient comme une tumeur maligne ?
Perkele, moi je sais ! C'est le complexe de castration.

Sur la première phrase, je m'imaginais lever le bras comme à l'école, l'index tendu...
Zut! C'est un symbole phallique....

Lorsque nous évoluons dans les méandres de la pensée freudienne, prenons garde de ne pas y perdre notre latin ! :wink:
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Dame Vérone
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Message par Dame Vérone »

Entendu pour speculoos ! J'avais repris le mot sans me poser de question mais la demande de Jacques m'a donné la curiosité d'aller consulter mon dictionnaire qui note que l'orthographe speculaus est également correcte.
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Madame de Sévigné
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Message par Madame de Sévigné »

Jacques a écrit : Si vous permettez : il faut écrire spéculoos avec deux O, le mot vient du flamand.
Tout à fait, Jacques, je viens de vérifier sur .....le paquet !
car il en reste, deo gratias !
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