Exercice de style
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Exercice de style
J'ai retrouvé dans un tas de paperasses oubliées un texte que j'avais rédigé il y a au moins trente-cinq ans. Il s'agissait d'un exercice destiné à faire le point sur mes connaissances dans un domaine qu'on identifiera facilement (et qu'on voudra bien me nommer), et d'en imprimer les données dans ma mémoire de façon durable. Je constate aujourd'hui que l'effort a été payant.
Considéré de l'extérieur, je ne sais pas ce qu'il vaut. Je vous soumets le début, un peu moins de la moitié, pour voir. J'aimerais, par exemple, savoir combien de ces données vous avez identifiées, ou tout commentaire à votre guise.
À 45 ans, Georges Baillard était parvenu au maximum de son apogée. Il avait, en effet, le monopole exclusif de la vente du Vitalizon, le fameux médicament miracle, véritable panacée universelle qu'un hasard imprévu autant qu'heureux avait placé entre ses mains : le produit avait vu le jour dans le laboratoire de son ami d'enfance, Pierre Letellier, à la suite d'une erreur involontaire de manipulation. Letellier n'avait pas de fortune. Si l'on ajoute, en plus, qu'il était désavantagé par une timidité incurable, on comprendra qu'il était incapable de tirer profit de sa découverte. En une heure de temps, Georges Baillard, prévenu, était auprès de son ami, fasciné par les tubes et les cornues qui s'enchevêtraient les uns dans les autres.
La décision fut rapidement arrêtée : Georges et Pierre allaient collaborer ensemble, pour leur plus grand profit. Georges était, certes, un gai luron, mais aussi un homme d'affaires dynamique. La science de Pierre et son sens profond des affaires, réunis ensemble, firent merveille. Après un départ foudroyant, la société ne cessa de progresser en avant pendant plusieurs années. Hélas ! le temps des vaches grasses n'avait été qu'un mirage décevant ; il était aujourd'hui près de la faillite, demain ce serait la chute verticale.
Les concurrents avaient d'abord durement accusé le coup, puis ensuite ils avaient décidé de lutter, comprenant qu'il suffisait simplement d'unir leurs forces pour vaincre l'adversaire en s'entraidant mutuellement.
Considéré de l'extérieur, je ne sais pas ce qu'il vaut. Je vous soumets le début, un peu moins de la moitié, pour voir. J'aimerais, par exemple, savoir combien de ces données vous avez identifiées, ou tout commentaire à votre guise.
À 45 ans, Georges Baillard était parvenu au maximum de son apogée. Il avait, en effet, le monopole exclusif de la vente du Vitalizon, le fameux médicament miracle, véritable panacée universelle qu'un hasard imprévu autant qu'heureux avait placé entre ses mains : le produit avait vu le jour dans le laboratoire de son ami d'enfance, Pierre Letellier, à la suite d'une erreur involontaire de manipulation. Letellier n'avait pas de fortune. Si l'on ajoute, en plus, qu'il était désavantagé par une timidité incurable, on comprendra qu'il était incapable de tirer profit de sa découverte. En une heure de temps, Georges Baillard, prévenu, était auprès de son ami, fasciné par les tubes et les cornues qui s'enchevêtraient les uns dans les autres.
La décision fut rapidement arrêtée : Georges et Pierre allaient collaborer ensemble, pour leur plus grand profit. Georges était, certes, un gai luron, mais aussi un homme d'affaires dynamique. La science de Pierre et son sens profond des affaires, réunis ensemble, firent merveille. Après un départ foudroyant, la société ne cessa de progresser en avant pendant plusieurs années. Hélas ! le temps des vaches grasses n'avait été qu'un mirage décevant ; il était aujourd'hui près de la faillite, demain ce serait la chute verticale.
Les concurrents avaient d'abord durement accusé le coup, puis ensuite ils avaient décidé de lutter, comprenant qu'il suffisait simplement d'unir leurs forces pour vaincre l'adversaire en s'entraidant mutuellement.
Dernière modification par Jacques le jeu. 27 mai 2010, 11:10, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Certains qui sont d'usage courant n'apparaissent pas comme pléonasmes parce que leur apparence ne le laisse pas soupçonner. La clef est cachée dans l'étymologie.
Dernière modification par Jacques le jeu. 27 mai 2010, 20:43, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Madame de Sévigné
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- Localisation : Nantes
Bonjour à tous,
Très interessant cet exercice. A chaque lecture, je trouve des pléonasmes ou truismes supplémentaires. J'en suis à dix-sept ! Donc, je doute.
Maintenant, j'attends sagement la solution car je ne suis pas une spécialiste en étymologie.
J'ai failli écrire spécialiste ès étymologie, mais après vérification, ès ne s'emploie que dans quelques expressions et devant un nom pluriel.
Merci de me confirmer.
Très interessant cet exercice. A chaque lecture, je trouve des pléonasmes ou truismes supplémentaires. J'en suis à dix-sept ! Donc, je doute.
Maintenant, j'attends sagement la solution car je ne suis pas une spécialiste en étymologie.
J'ai failli écrire spécialiste ès étymologie, mais après vérification, ès ne s'emploie que dans quelques expressions et devant un nom pluriel.
Merci de me confirmer.
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Oui puisqu'il veut dire "en les"Madame de Sévigné a écrit :Bonjour à tous,
Très interessant cet exercice. A chaque lecture, je trouve des pléonasmes ou truismes supplémentaires. J'en suis à dix-sept ! Donc, je doute.
Maintenant, j'attends sagement la solution car je ne suis pas une spécialiste en étymologie.
J'ai failli écrire spécialiste ès étymologie, mais après vérification, ès ne s'emploie que dans quelques expressions et devant un nom pluriel.
Merci de me confirmer.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Madame de Sévigné
- Messages : 687
- Inscription : ven. 09 oct. 2009, 22:50
- Localisation : Nantes
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je n'ai pas introduit de truismes, uniquement des pléonasmes, que j'avais trouvés auparavant dans le Larousse des difficultés. L'exercice consistait à vérifier si j'avais retenu la liste. Et il y a bien dix-sept pléonasmes garantis de bonne facture, si j'ose dire.Madame de Sévigné a écrit :Bonjour à tous,
Très interessant cet exercice. A chaque lecture, je trouve des pléonasmes ou truismes supplémentaires. J'en suis à dix-sept !
Un truisme se distingue du pléonasme parce qu'il énonce une évidence, dans le genre ce livre bleu n'est pas jaune, et il est cousin germain de la lapalissade. C'est un mot d'origine anglaise (true = vrai).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Très intéressant comme petit test !
J'en reste à 15 pléonasmes et 2 expressions que j'hésite à qualifier de pléonasmes. J'ai un doute sur une tournure particulière !
Bref, cela ne fait pas le compte !
J'espère, Jacques, que vous offrirez des éléments de réponse à ceux qui vous auront répondu.
Merci en tout cas pour cet agréable moment de distraction.
J'en reste à 15 pléonasmes et 2 expressions que j'hésite à qualifier de pléonasmes. J'ai un doute sur une tournure particulière !
Bref, cela ne fait pas le compte !
J'espère, Jacques, que vous offrirez des éléments de réponse à ceux qui vous auront répondu.
Merci en tout cas pour cet agréable moment de distraction.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Comme annoncé, voici le corrigé :
À 45 ans, Georges Baillard était parvenu au maximum de son apogée. Il avait, en effet, le monopole exclusif de la vente du Vitalizon, le fameux médicament miracle, véritable panacée universelle qu'un hasard imprévu autant qu'heureux avait placé entre ses mains : le produit avait vu le jour dans le laboratoire de son ami d'enfance, Pierre Letellier, à la suite d'une erreur involontaire de manipulation. Letellier n'avait pas de fortune. Si l'on ajoute, en plus, qu'il était désavantagé par une timidité incurable, on comprendra qu'il était incapable de tirer profit de sa découverte. En une heure de temps, Georges Baillard, prévenu, était auprès de son ami, fasciné par les tubes et les cornues qui s'enchevêtraient les uns dans les autres.
La décision fut rapidement arrêtée : Georges et Pierre allaient collaborer ensemble, pour leur plus grand profit. Georges était, certes, un gai luron, mais aussi un homme d'affaires dynamique. La science de Pierre et son sens profond des affaires, réunis ensemble, firent merveille. Après un départ foudroyant, la société ne cessa de progresser en avant pendant plusieurs années. Hélas ! le temps des vaches grasses n'avait été qu'un mirage décevant ; il était aujourd'hui près de la faillite, demain ce serait la chute verticale.
Les concurrents avaient d'abord durement accusé le coup, puis ensuite ils avaient décidé de lutter, comprenant qu'il suffisait simplement d'unir leurs forces pour vaincre l'adversaire en s'entraidant mutuellement.
Celui-ci me paraît appeler un commentaire :
Gai luron, joyeux luron. Un luron est un personnage gai, porté à rire de tout. La linguiste Jacqueline Picoche voit une possible origine dans le picard lures, « plaisanteries ». L'Académie accepte ces tournures qu'elle considère comme pléonasmes admis, entrés dans l'usage. Le Larousse des difficultés de 2009 les classe toujours dans les pléonasmes vicieux.
Si vous avez des doutes, j'y répondrai. Je prépare la suite pour vous la proposer.
À 45 ans, Georges Baillard était parvenu au maximum de son apogée. Il avait, en effet, le monopole exclusif de la vente du Vitalizon, le fameux médicament miracle, véritable panacée universelle qu'un hasard imprévu autant qu'heureux avait placé entre ses mains : le produit avait vu le jour dans le laboratoire de son ami d'enfance, Pierre Letellier, à la suite d'une erreur involontaire de manipulation. Letellier n'avait pas de fortune. Si l'on ajoute, en plus, qu'il était désavantagé par une timidité incurable, on comprendra qu'il était incapable de tirer profit de sa découverte. En une heure de temps, Georges Baillard, prévenu, était auprès de son ami, fasciné par les tubes et les cornues qui s'enchevêtraient les uns dans les autres.
La décision fut rapidement arrêtée : Georges et Pierre allaient collaborer ensemble, pour leur plus grand profit. Georges était, certes, un gai luron, mais aussi un homme d'affaires dynamique. La science de Pierre et son sens profond des affaires, réunis ensemble, firent merveille. Après un départ foudroyant, la société ne cessa de progresser en avant pendant plusieurs années. Hélas ! le temps des vaches grasses n'avait été qu'un mirage décevant ; il était aujourd'hui près de la faillite, demain ce serait la chute verticale.
Les concurrents avaient d'abord durement accusé le coup, puis ensuite ils avaient décidé de lutter, comprenant qu'il suffisait simplement d'unir leurs forces pour vaincre l'adversaire en s'entraidant mutuellement.
Celui-ci me paraît appeler un commentaire :
Gai luron, joyeux luron. Un luron est un personnage gai, porté à rire de tout. La linguiste Jacqueline Picoche voit une possible origine dans le picard lures, « plaisanteries ». L'Académie accepte ces tournures qu'elle considère comme pléonasmes admis, entrés dans l'usage. Le Larousse des difficultés de 2009 les classe toujours dans les pléonasmes vicieux.
Si vous avez des doutes, j'y répondrai. Je prépare la suite pour vous la proposer.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
J'ai loupé les deux en rouge et compté à tort celui en vert, pensant que le coup était forcément dur et en oubliant la raison étymologique.Jacques a écrit :...Les concurrents avaient d'abord durement accusé le coup, puis ensuite ils avaient décidé de lutter, comprenant qu'il suffisait simplement ...
C'est un bon exercice, il fallait y penser ; bien vu Jacques !