Le temps des alexandrins
- Jacques-André-Albert
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- Localisation : Niort
Le temps des alexandrins
Je déplore la fermeture du sujet lancé par madame de Sévigné, qui nous proposait de nous exprimer en vers.
Heureux temps des années cinquante où les humoristes et les chansonniers amusaient le public en alexandrins !
Le rosier ne sait pas comment se font les roses,
La lionne a des lionceaux sans avoir rien appris ;
Aimer, se reproduire est dans l'ordre des choses,
Moi-même je l'ai su sans qu'on m'en ait rien dit.
Laissez donc la nature expliquer ses mystères,
Laissez vos enfants croire aux enfants dans les choux ;
Ils sauront en leur temps ce qu'il convient de faire,
Et ce qu'ils devront faire, ils le feront, sans vous !
(Robert Lamoureux dans « La sexualité racontées aux enfants », le 6 janvier 1958)
Heureux temps des années cinquante où les humoristes et les chansonniers amusaient le public en alexandrins !
Le rosier ne sait pas comment se font les roses,
La lionne a des lionceaux sans avoir rien appris ;
Aimer, se reproduire est dans l'ordre des choses,
Moi-même je l'ai su sans qu'on m'en ait rien dit.
Laissez donc la nature expliquer ses mystères,
Laissez vos enfants croire aux enfants dans les choux ;
Ils sauront en leur temps ce qu'il convient de faire,
Et ce qu'ils devront faire, ils le feront, sans vous !
(Robert Lamoureux dans « La sexualité racontées aux enfants », le 6 janvier 1958)
Vous me dites, Monsieur, que j’ai mauvaise mine,
Qu’avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l’on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui, je suis fatigué, Monsieur, mais je m’en flatte
J’ai tout de fatigué : le cœur, la voix, la rate,
Je m’endors épuisé, je me réveille las
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m’en soucie pas.
Et quand je m’en soucie, je me ridiculise ;
La fatigue souvent n’est qu’une vantardise :
On est jamais aussi fatigué qu’on le croit
Et quand cela serait, n’en aurait-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des tristes lassitudes
Qu’on a lorsque le corps, harassé d’habitudes,
N’a plus pour se mouvoir que de pâles raisons,
Lorsqu’on a fait de soit son unique horizon,
Lorsqu’on a rien à perdre, à vaincre ou à défendre,
Cette fatigue là est mauvaise à entendre,
Elle fait l’œil morne, le front lourd, le dos rond
Et vous donne l’aspect d’un vivant moribond.
Mais se sentir plié sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s’est fait responsable,
Savoir qu’on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu’on est l’outil, qu’on est le lendemain,
Savoir qu’on est le chef, savoir qu’on est la source
Aider une existence à continuer sa course
Et pour cela se battre à s’en user le cœur ;
Cette fatigue là, Monsieur, c’est du bonheur.
Et sûr qu’à chaque pas, qu’à chaque assaut qu’on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre,
Et sûr qu’on est le port, et la route, et le gué,
Où prendrait-on le droit d’être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure
Marquent chaque victoire au creux sur leur figure
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d’autres creux, il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, est un prix toujours juste,
C’est le prix d’une journée d’efforts et de luttes,
C’est le prix d’un labour, d’un mur ou d’un exploit ;
Non pas le prix qu’on paie mais celui qu’on reçoit.
Et vous me conseillez d’aller me reposer !
Mais si j’acceptais là ce que vous proposez,
Si je m’abandonnais à votre douce intrigue
Mais je mourrais, Monsieur, tristement, de fatigue !
Qu’avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l’on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui, je suis fatigué, Monsieur, mais je m’en flatte
J’ai tout de fatigué : le cœur, la voix, la rate,
Je m’endors épuisé, je me réveille las
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m’en soucie pas.
Et quand je m’en soucie, je me ridiculise ;
La fatigue souvent n’est qu’une vantardise :
On est jamais aussi fatigué qu’on le croit
Et quand cela serait, n’en aurait-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des tristes lassitudes
Qu’on a lorsque le corps, harassé d’habitudes,
N’a plus pour se mouvoir que de pâles raisons,
Lorsqu’on a fait de soit son unique horizon,
Lorsqu’on a rien à perdre, à vaincre ou à défendre,
Cette fatigue là est mauvaise à entendre,
Elle fait l’œil morne, le front lourd, le dos rond
Et vous donne l’aspect d’un vivant moribond.
Mais se sentir plié sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s’est fait responsable,
Savoir qu’on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu’on est l’outil, qu’on est le lendemain,
Savoir qu’on est le chef, savoir qu’on est la source
Aider une existence à continuer sa course
Et pour cela se battre à s’en user le cœur ;
Cette fatigue là, Monsieur, c’est du bonheur.
Et sûr qu’à chaque pas, qu’à chaque assaut qu’on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre,
Et sûr qu’on est le port, et la route, et le gué,
Où prendrait-on le droit d’être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure
Marquent chaque victoire au creux sur leur figure
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d’autres creux, il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, est un prix toujours juste,
C’est le prix d’une journée d’efforts et de luttes,
C’est le prix d’un labour, d’un mur ou d’un exploit ;
Non pas le prix qu’on paie mais celui qu’on reçoit.
Et vous me conseillez d’aller me reposer !
Mais si j’acceptais là ce que vous proposez,
Si je m’abandonnais à votre douce intrigue
Mais je mourrais, Monsieur, tristement, de fatigue !
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Re: Le temps des alexandrins
C'est l'auteur elle-même qui nous avait demandé de supprimer son sujet, parce que des productions assez peu orthodoxes étaient venues se mêler à des œuvres de qualité, ce qui le gâchait ; nous étions d'accord avec elle sur ce point.Jacques-André-Albert a écrit :Je déplore la fermeture du sujet lancé par madame de Sévigné, qui nous proposait de nous exprimer en vers.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
C'était une vraie gymnastique pour attraper le canard ; je me rappelle un extrait : recroquevillement du mollet autour du barreau de chaise et rétablissement sur radiateur.Jacques a écrit :Moi, j'ai surtout le souvenir de Papa maman la bonne et moi et de Et le lundi matin le canard était toujours là.
Quant à Papa maman la bonne et moi nous avions :
- à la maison c'est papa qui ramone la cheminée, le ramoneur ne vient pas ; les pompiers, si ! pour dégager papa ;
- moitié sur le marchepied, moitié sur le qui-vive ;
- etc.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Le texte et le sketch.
J'suis d'nationalité française
Et bien qu'étant né à Paris
Maman est de souch' bordelaise
Papa est natif du Berry
Et vraiment d's'app'ler Lamoureux
Pour un garçon c'est merveilleux
Papa, Maman, la bonne et moi
Des gens comm' nous y'en a des tas
On achèt' à tempérament
Papa, moi, la bonn' et Maman
L'été on va aux Sabl's d'Olonn'
Papa, Maman, moi et la bonn'
Quand on r'vient y nous res' vingt francs
Papa, moi, la bonn' et Maman
L'pèr' Lamoureux est fonctionnaire
Maman est fill' d'horticulteurs,
Moi j'ai l'brevet élémentaire
Un grand oncle et pas d'petit' soeur
Mais vraiment d's'app'ler Lamoureux
Pour plair' aux dam's on n'fait pas mieux
Papa, Maman, la bonn' et moi
On a un' radio qui march' pas
Un très vieux piano qui détonne
Papa, Maman, moi et la bonn'
L'sam'di on va au cinéma
Maman, la bonn', moi et Papa
Ou dans notr' jardin d'Noisy l'Grand
Papa, moi, la bonn' et Maman
La vie n'est pas un' chos' amère
Quand on la prend du bon côté
Nous avons tous nos p'tit's misères
Mais faut savoir s'en arranger
Faut s'débrouiller pour être heureux
Mêm' si on s'nomme pas Lamoureux
Papa, Maman, la bonn' et moi
Quand on est gênés en fin d'mois
On pens' qu'il y a des millions d'gens
Qu'on sûr'ment les mêm's embê'ments
Et cett' façon d'voir prouv' qu'en somm'
Papa, Maman, moi et la bonn'
On est bien Français cent pour cent
Papa, moi, la bonn' et Maman
J'suis d'nationalité française
Et bien qu'étant né à Paris
Maman est de souch' bordelaise
Papa est natif du Berry
Et vraiment d's'app'ler Lamoureux
Pour un garçon c'est merveilleux
Papa, Maman, la bonne et moi
Des gens comm' nous y'en a des tas
On achèt' à tempérament
Papa, moi, la bonn' et Maman
L'été on va aux Sabl's d'Olonn'
Papa, Maman, moi et la bonn'
Quand on r'vient y nous res' vingt francs
Papa, moi, la bonn' et Maman
L'pèr' Lamoureux est fonctionnaire
Maman est fill' d'horticulteurs,
Moi j'ai l'brevet élémentaire
Un grand oncle et pas d'petit' soeur
Mais vraiment d's'app'ler Lamoureux
Pour plair' aux dam's on n'fait pas mieux
Papa, Maman, la bonn' et moi
On a un' radio qui march' pas
Un très vieux piano qui détonne
Papa, Maman, moi et la bonn'
L'sam'di on va au cinéma
Maman, la bonn', moi et Papa
Ou dans notr' jardin d'Noisy l'Grand
Papa, moi, la bonn' et Maman
La vie n'est pas un' chos' amère
Quand on la prend du bon côté
Nous avons tous nos p'tit's misères
Mais faut savoir s'en arranger
Faut s'débrouiller pour être heureux
Mêm' si on s'nomme pas Lamoureux
Papa, Maman, la bonn' et moi
Quand on est gênés en fin d'mois
On pens' qu'il y a des millions d'gens
Qu'on sûr'ment les mêm's embê'ments
Et cett' façon d'voir prouv' qu'en somm'
Papa, Maman, moi et la bonn'
On est bien Français cent pour cent
Papa, moi, la bonn' et Maman
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Si je résume, madame de Sévigné consentit à ce qu'on cadenassât son sujet où se propageaient des vers de piètre qualité.
Je suppose que ce n'est pas pour qu'on le remplace par un fil où l'on cite les oeuvres d'autrui...![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
Je suppose que ce n'est pas pour qu'on le remplace par un fil où l'on cite les oeuvres d'autrui...
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
Dernière modification par Perkele le dim. 18 juil. 2010, 7:29, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est ce que j'avais envie de faire remarquer. On a bien le droit de temps à autre de s'octroyer une petite récréation, mais il faut veiller à ce qu'elle ne prenne le pas sur les objectifs essentiels du forum.Perkele a écrit :Si je résume, madame de Sévigné consentit à ce qu'on clôt son sujet où se propageaient des vers de piètre qualité.
Je suppose que ce n'est pas pour qu'on le remplaçât par un fil où l'on citât les oeuvres d'autrui...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Mais je n'aurais rien contre, dans la rubrique jeu, à un fil où la règle soit que l'on s'exprime uniquement en vers :
- qui aient la rime riche
- un rythme académique
- des mots choisis pour leur sens et leur son
- et des échanges enchaînés par leur sens.
Qu'il ne s'agisse pas de faibles rimailles que l'on a pu produire pour la fête des mères, mais d'écrits dignes et forts, qui seraient une école pour tous ceux d'entre nous qui voudraient s'enrichir de cette connaissance.
- qui aient la rime riche
- un rythme académique
- des mots choisis pour leur sens et leur son
- et des échanges enchaînés par leur sens.
Qu'il ne s'agisse pas de faibles rimailles que l'on a pu produire pour la fête des mères, mais d'écrits dignes et forts, qui seraient une école pour tous ceux d'entre nous qui voudraient s'enrichir de cette connaissance.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Mais c'est que nos deux vrais spécialistes ne sont plus présents au forum. Il me semble qu'une première expérience manquée doit nous servir de leçon. On ne se déshonore pas en reconnaissant son incompétence dans un domaine défini. Pour ce qui me concerne, je ne suis pas apte à produire de ces vers de qualité que vous décrivez.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).