Réticence
- Manni-Gédéon
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Réticence
Depuis mon enfance, j'entends et j'utilise le mot réticence dans le sens de réserve, circonspection, hésitation, que donnent différents dictionnaires.
A ma grande surprise, j'ai constaté que cette acception ne se trouve pas dans le dictionnaire de l'Académie française :
RÉTICENCE. n. f. Action de taire à dessein une chose qu'on pourrait ou qu'on devrait dire. Dans le récit qu'il m'a fait, il a mis beaucoup de réticence. Il a usé avec moi de réticence.
Il désigne aussi la Chose même qu'on n'a pas dite. Dans ce discours, il n'y a point de mensonge formel, mais il y a bien des réticences. Dans cet acte, il y a une réticence frauduleuse. Des réticences perfides.
Il se dit, particulièrement, en termes de Rhétorique, de la Figure par laquelle l'orateur en s'interrompant fait entendre ce qu'il ne veut pas dire expressément. La réticence en dit quelquefois plus que les paroles.
Quant à l'adjectif réticent, il en est carrément absent.
C'est un peu comme si on me disait que des mots que j'utilise et que j'entends depuis toujours n'existent pas...
A ma grande surprise, j'ai constaté que cette acception ne se trouve pas dans le dictionnaire de l'Académie française :
RÉTICENCE. n. f. Action de taire à dessein une chose qu'on pourrait ou qu'on devrait dire. Dans le récit qu'il m'a fait, il a mis beaucoup de réticence. Il a usé avec moi de réticence.
Il désigne aussi la Chose même qu'on n'a pas dite. Dans ce discours, il n'y a point de mensonge formel, mais il y a bien des réticences. Dans cet acte, il y a une réticence frauduleuse. Des réticences perfides.
Il se dit, particulièrement, en termes de Rhétorique, de la Figure par laquelle l'orateur en s'interrompant fait entendre ce qu'il ne veut pas dire expressément. La réticence en dit quelquefois plus que les paroles.
Quant à l'adjectif réticent, il en est carrément absent.
C'est un peu comme si on me disait que des mots que j'utilise et que j'entends depuis toujours n'existent pas...
- Jacques
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Voici la définition que donnait la même Académie dans la deuxième édition du dictionnaire (1718) :
RETICENCE. substantif fem. Suppression ou obmission volontaire d'une chose qu'on devroit dire. En ce sens il n'a guere d'usage qu'en parlant de certaines formalitez judiciaires. Dans cet acte, il n'a pas exprimé le nom & les qualitez qu'il a accoustumé de prendre dans toutes sortes d'actes, c'est une réticence vicieuse, une reticence frauduleuse.
Reticence, Est aussi une figure de Rhetorique par laquelle l'Orateur fait entendre une chose sans l'exprimer.
Littré : Suppression ou omission volontaire d'une chose qu'on devrait dire ; la chose même qu'on n'a pas dite. La réticence sur des faits si intéressants n'est point pardonnable
Je l'ai toujours compris comme réserve qui se traduit par une hésitation à dire ou faire certaines choses et je crois que c'est ainsi que tout le monde le comprend, par une évolution du sens. C'est ce qui explique l'apparition de l'adjectif : jadis la réticence était l'absence d'une chose, il ne pouvait pas y avoir d'adjectif correspondant, de nos jours c'est l'attitude d'une personne, ce qui le justifie.
RETICENCE. substantif fem. Suppression ou obmission volontaire d'une chose qu'on devroit dire. En ce sens il n'a guere d'usage qu'en parlant de certaines formalitez judiciaires. Dans cet acte, il n'a pas exprimé le nom & les qualitez qu'il a accoustumé de prendre dans toutes sortes d'actes, c'est une réticence vicieuse, une reticence frauduleuse.
Reticence, Est aussi une figure de Rhetorique par laquelle l'Orateur fait entendre une chose sans l'exprimer.
Littré : Suppression ou omission volontaire d'une chose qu'on devrait dire ; la chose même qu'on n'a pas dite. La réticence sur des faits si intéressants n'est point pardonnable
Je l'ai toujours compris comme réserve qui se traduit par une hésitation à dire ou faire certaines choses et je crois que c'est ainsi que tout le monde le comprend, par une évolution du sens. C'est ce qui explique l'apparition de l'adjectif : jadis la réticence était l'absence d'une chose, il ne pouvait pas y avoir d'adjectif correspondant, de nos jours c'est l'attitude d'une personne, ce qui le justifie.
Dernière modification par Jacques le ven. 09 sept. 2011, 19:35, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
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En cherchant autre chose, je suis tombée sur une remarque de Grevisse (édition de 1969) :
Mais je n'ai pas le courage de les copier ici...![[embarrassé] :oops:](./images/smilies/icon_redface.gif)
Il cite des extraits de G. Duhamel, H. Troyat, H. Bazin et d'autres auteurs, moins connus, comme M. Cohen (Grammaire et Style).Réticence (lat. reticentia, de reticēre, rac. tacēre, se taire, taire) signifie proprement « suppression ou omission volontaire d'une chose qu'on devrait dire ». De ce sens étymologique, le mot a passé, vers le début du XXe siècle, à ceux de « réserve, hésitation, répugnance, opposition ». Un peu plus tard s'est introduit l'adjectif réticent. Des grammairiens font à ces néologismes grise mine. Pour A. Thérive (Clinique du langage, p. 240), « les bons écrivains doivent s'en garder » ; R. Le Bidois (dans le Monde, 4 juin 1958) les juge « à la fois équivoques et prétentieux ». Selon un referendum de Vie et Langage (nov. 1958), 45,98% des consultants refusent réticence au sens néologique, 26,34% le subissent, 27,68% le ratifient. - Quoi qu'il en soit, ces deux néologismes tiennent dans l'usage, même littéraire, des positions de plus en plus larges :
Mais je n'ai pas le courage de les copier ici...
![[embarrassé] :oops:](./images/smilies/icon_redface.gif)
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- Jacques
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Littré et l'avant-dernier dictionnaire de l'Académie (1932) ne connaissaient que le sens premier. Le Petit Robert le cite avec la mention « vieilli ».
Il paraît impossible de nier la nouvelle acception, que tout le monde comprend comme réserve, hésitation.
Il paraît impossible de nier la nouvelle acception, que tout le monde comprend comme réserve, hésitation.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).