Non assistance à personne en péril

[Claude]

Depuis quelque temps j'entends cette expression à la télévision. Pourquoi péril se serait-il substitué à danger alors que ce dernier est le nom officiel du Code pénal ?

[Jacques]

Je ne l'ai pas encore entendu, mais cela ne saurait tarder. Je n'ai pas trouvé de véritable différence de sens.
Les parleurs de métier ont la regrettable manie de vouloir faire des effets de mots, la plupart du temps très malheureux, histoire de se distinguer. Il a suffi que l'un d'eux utilise ce terme pour qu'aussitôt tous les autres le reprennent. C'est ce qui m'agace chez les journalistes, présentateurs et commentateurs : cette fâcheuse habitude de copier les fantaisies d'un seul et de les répandre, sans esprit critique et sans personnalité.

[abgech]

Je vais sans doute être méchant, mais s'ils avaient tant soit peu de personnalité, ils feraient vraisemblablement un métier autre que présentateur.

[Claude]

J'ai trouvé que le Code pénal préfère parler d'abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril que de non assistance à personne en danger.
L'expression médiatique est donc un mélange des deux.

[Perkele]

Peut-être parce que, nous en avons déjà discuté à propos de "danger potentiel", le mot "danger", dans le sens commun, n'est plus l'accident susceptible d'arriver, mais l'accident lui-même ?

[Invité]

Je suis du petit peuple. Nous faisons une différence entre péril et danger.
Le péril est un danger grave. Il y a de gros dangers mais pas de petits périls.

[Jacques]

Si j'ai bien compris votre raisonnement, danger serait un terme général, et le péril un grave danger.
L'Académie dit :
PÉRIL n. m. Ce qui met en danger, menace les biens, la santé ou l’existence.
DANGER n. m. Ce qui constitue une menace pour la santé, la sécurité, les intérêts, l'existence de quelqu'un.
Pöur elle ils sont synonymes.
Que voulez-vous dire en parlant de petit peuple ? Nous ne sommes pas des personnages importants, et je crois que nous en faisons également partie.

[JR]

Peut être le mot péril impressionne-t-il plus en raison de sa ressemblance avec périr ?

[Claude]

Oui, je crois bien que vous avez raison, d'autant plus que périr est fort car il signifie la mort violente ou prématurée.

[Invité]

Le langage du petit peuple n'est pas le produit d'un raisonnement mais d'un usage.
Bonne question: pas facile de définir ce qu'est le petit peuple. Ne serait ce pas la majorité qui n'a pas de prétention, qui ne cherche pas à imposer quoi que ce soit aux autres, qui essaie avant tout de comprendre?

[Perkele]

N'est-ce pas un peu prétentieux que de se prétendre sans prétention ?

[Dame Vérone]

Comme JR et Claude, je pense que péril indique toujours une menace pour l'existence. Ce n'est pas toujours le cas pour danger : voyez les panneaux du code de la route : risques de verglas, chaussée glissante, travaux... ou les campagnes pour la sécurité au travail ou à la maison, on parle là de dangers d'accidents, de chutes, brûlures... pouvant éventuellement avoir des conséquences mortelles. Qu'en pensez-vous ?

[Jacques]

Je pense que le raisonnement se défend. Robert :
DANGER – Ce qui menace la sûreté, l'existence de quelqu'un ou de quelque chose.
PÉRIL – Situation où l'on court de grands risques ; ce qui menace l'existence.
La première partie définit une situation qui n'existe pas dans la notion de danger.
Mais, preuve que la subjectivité intervient, certains considèrent le mot danger comme le plus puissant, alors que pour d'autres c'est le contraire.

[Claude]

...voyez les panneaux du code de la route...

J'imagine un cours d'auto-école : Les panneaux triangulaires pointe en haut sont des panneaux de péril.

[Jacques-André-Albert]

Je dirais que péril fait plus littéraire ; réécrivons le Cid :

Trop peu d'honneur pour moi suivrait cette victoire :
À vaincre sans danger, on triomphe sans gloire.

Le péril a quand même plus de classe !