Après que + quel mode verbal ?
- Klausinski
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Jacques, vous seriez-vous « radicalisé » ?Jacques a écrit :Je ne me rappelle malheureusement pas où j'ai lu cette stupidité.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
J’ai retrouvé un ancien fil sur ce même sujet (voir, à ce propos, les remarques très intéressantes de Marco) et vous y déclariez :
J'ai lu aussi, je ne sais plus où, que la règle inflexible qui nous fut enseignée, de l'indicatif suivant après que, est remise en cause et qu'une licence est accordée de l'écrire avec le subjonctif. Dans l'absolu je n'y serais pas hostile, mais je persiste par habitude dans mon indicatif, parce que c'est un automatisme que je n'ai pas de raisons de changer. Sans être très permissif, je pense qu'il serait utile de briser le carcan de certaines règles contraignantes, que nous avons héritées d'une époque où l'on cherchait « à en remettre » et où la quête de la perfection grammaticale tournait plus à la spéculation philosophique qu'à une langue raisonnée et raisonnable.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Après que ... (suite)
Donc si j'ai bien compris, je peux dire :
Au mode indicatif => "Après que j'ai pris connaissance de vos remarques, je ne peux que vous en remercier !" (formulation que je ne sens vraiement pas comme étant correcte...)
Il serait plus courant de dire => "Après avoir pris connaissance..."
Au mode indicatif => "Après que j'ai pris connaissance de vos remarques, je ne peux que vous en remercier !" (formulation que je ne sens vraiement pas comme étant correcte...)
Il serait plus courant de dire => "Après avoir pris connaissance..."
L'indicatif présent avec "après que" est correct, mais assez inhabituel aujourd'hui alors qu'il était très courant jusqu'au XIXe siècle. Comme le subjonctif l'a largement remplacé au XXe siècle, nos oreilles ont perdu l'habitude de l'indicatif présent et le trouvent malsonnant. En lisant quelques textes anciens, on se réhabitue bien vite à ce temps naturel. En voici quelques exemples :
(1)
Il est bien aisé, après que j'ai défait et mis en fuite quatre armées carthaginoises; après que j'ai pris un si grand nombre de villes ou par force, ou par composition; après que j'ai dompté tant de princes, tant de rois, tant de nations féroces et barbares, et que j'ai poussé mes conquêtes jusqu'aux bords de l'Océan; en un mot, après que j'ai réduit toute l'Espagne sous notre pouvoir, de sorte qu'il n'y reste pas la moindre étincelle de guerre, il est sans doute bien aisé de rabaisser mes exploits.
(2)
Méditations qu’on peut lire au malade après qu'il a reçu le sacrement de l'extrême-onction.
(3)
Assurément nous n'adresserons pas ce reproche à l'eau de pluie qu'on recueille, non pendant l'orage, mais après qu'il pleut déjà depuis quelque temps, en plein air, loin de toute habitation, et que l'on conserve dans des citernes ou dans des vases en grès, comme cela se pratique encore dans quelques ports de mer privés d'eau de source
(4)
Vous désirez savoir maintenant si l'on peut dire un peu davantage ? Il me semble que cela ne doit faire aucun doute, après qu'il vient d'être montré que, depuis le temps de Froissard, il est loisible d'employer, en fin de phrase, davantage à la place de plus.
(5)
Après qu'il voit toutes choses assez préparées, se rejetant dans ses artifices ordinaires, il écrit à Vienne qu'il avait satisfait à sa promesse, et qu'il voulait se retirer
(6)
c'est-à-dire, qu'après qu'il voit que son Auditeur est convaincu d'une verité, il doit en déduire toutes les consequences favorables à la fin qu'il a en vûë, faisant de vives descriptions de la beauté des choses qu'il veut faire aimer, de la difformité de ce qu'il veut faire haïr.
(1)
Il est bien aisé, après que j'ai défait et mis en fuite quatre armées carthaginoises; après que j'ai pris un si grand nombre de villes ou par force, ou par composition; après que j'ai dompté tant de princes, tant de rois, tant de nations féroces et barbares, et que j'ai poussé mes conquêtes jusqu'aux bords de l'Océan; en un mot, après que j'ai réduit toute l'Espagne sous notre pouvoir, de sorte qu'il n'y reste pas la moindre étincelle de guerre, il est sans doute bien aisé de rabaisser mes exploits.
(2)
Méditations qu’on peut lire au malade après qu'il a reçu le sacrement de l'extrême-onction.
(3)
Assurément nous n'adresserons pas ce reproche à l'eau de pluie qu'on recueille, non pendant l'orage, mais après qu'il pleut déjà depuis quelque temps, en plein air, loin de toute habitation, et que l'on conserve dans des citernes ou dans des vases en grès, comme cela se pratique encore dans quelques ports de mer privés d'eau de source
(4)
Vous désirez savoir maintenant si l'on peut dire un peu davantage ? Il me semble que cela ne doit faire aucun doute, après qu'il vient d'être montré que, depuis le temps de Froissard, il est loisible d'employer, en fin de phrase, davantage à la place de plus.
(5)
Après qu'il voit toutes choses assez préparées, se rejetant dans ses artifices ordinaires, il écrit à Vienne qu'il avait satisfait à sa promesse, et qu'il voulait se retirer
(6)
c'est-à-dire, qu'après qu'il voit que son Auditeur est convaincu d'une verité, il doit en déduire toutes les consequences favorables à la fin qu'il a en vûë, faisant de vives descriptions de la beauté des choses qu'il veut faire aimer, de la difformité de ce qu'il veut faire haïr.
Dernière modification par embatérienne le jeu. 16 déc. 2010, 22:10, modifié 1 fois.
- Jacques
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C'est curieux, je ne vois rien de choquant dans ces exemples et tout semble couler de source.
Dernière modification par Jacques le ven. 21 janv. 2011, 20:46, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Me voilà donc pris en défaut. J'ai changé d'avis en effet, et je reviens à mes convictions premières sur ce point du subjonctif, à force de lire qu'il est fautif. Pour le reste, assouplissement de certaines règles, je me plaçais d'un point de vue plus général et je m'y tiens. Je pense notamment aux règles d'accord du participe passé.Klausinski a écrit :Jacques, vous seriez-vous « radicalisé » ?Jacques a écrit :Je ne me rappelle malheureusement pas où j'ai lu cette stupidité.![]()
J’ai retrouvé un ancien fil sur ce même sujet (voir, à ce propos, les remarques très intéressantes de Marco) et vous y déclariez :
J'ai lu aussi, je ne sais plus où, que la règle inflexible qui nous fut enseignée, de l'indicatif suivant après que, est remise en cause et qu'une licence est accordée de l'écrire avec le subjonctif. Dans l'absolu je n'y serais pas hostile, mais je persiste par habitude dans mon indicatif, parce que c'est un automatisme que je n'ai pas de raisons de changer. Sans être très permissif, je pense qu'il serait utile de briser le carcan de certaines règles contraignantes, que nous avons héritées d'une époque où l'on cherchait « à en remettre » et où la quête de la perfection grammaticale tournait plus à la spéculation philosophique qu'à une langue raisonnée et raisonnable.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : jeu. 31 déc. 2009, 17:59
Il s'agit de passés composés, l'auxiliaire avoir est suivi de participes passés.embaterienne a écrit :L'indicatif présent avec "après que" est correct, mais assez inhabituel aujourd'hui alors qu'il était très courant jusqu'au XIXe siècle. Comme le subjonctif l'a largement remplacé au XXe siècle, nos oreilles ont perdu l'habitude de l'indicatif présent et le trouvent malsonnant. En lisant quelques textes anciens, on se réhabitue bien vite à ce temps naturel. En voici quelques exemples :
(1)
Il est bien aisé, après que j'ai défait et mis en fuite quatre armées carthaginoises; après que j'ai pris un si grand nombre de villes ou par force, ou par composition; après que j'ai dompté tant de princes, tant de rois, tant de nations féroces et barbares, et que j'ai poussé mes conquêtes jusqu'aux bords de l'Océan; en un mot, après que j'ai réduit toute l'Espagne sous notre pouvoir, de sorte qu'il n'y reste pas la moindre étincelle de guerre, il est sans doute bien aisé de rabaisser mes exploits.
(2)
Méditations qu’on peut lire au malade après qu'il a reçu le sacrement de l'extrême-onction.
Absolument, alors que mes autres exemples sont de purs présents ! Mais il s'agissait aussi de répondre au malaise exprimé par deux préopinants à propos du passé composé quand l'auxiliaire "avoir" est au présent :schtroumpf grognon a écrit :Il s'agit de passés composés, l'auxiliaire avoir est suivi de participes passés.
Jacques a écrit :Vous voyez juste, c'est la seconde formulation qui est préférable. On accepte plus facilement après que j'eus que après que j'ai, qui se conçoit mal (j'aimerais avoir un exemple avec le présent qui soit correct).Mickaël a écrit :Au mode indicatif => "Après que j'ai pris connaissance de vos remarques, je ne peux que vous en remercier !" (formulation que je ne sens vraiement pas comme étant correcte...)
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Mea culpaembaterienne a écrit :Absolument, alors que mes autres exemples sont de purs présents ! Mais il s'agissait aussi de répondre au malaise exprimé par deux préopinants à propos du passé composé quand l'auxiliaire "avoir" est au présent :schtroumpf grognon a écrit :Il s'agit de passés composés, l'auxiliaire avoir est suivi de participes passés.
Jacques a écrit :Vous voyez juste, c'est la seconde formulation qui est préférable. On accepte plus facilement après que j'eus que après que j'ai, qui se conçoit mal (j'aimerais avoir un exemple avec le présent qui soit correct).Mickaël a écrit :Au mode indicatif => "Après que j'ai pris connaissance de vos remarques, je ne peux que vous en remercier !" (formulation que je ne sens vraiement pas comme étant correcte...)
Il est tout à fait logique d'employer l'indicatif après "après que", ce mode étant celui de la certitude. Or, l'action passée ne peut plus être changée, d'où le mode approprié. En revanche, le subjonctif, mode aléatoire, s'impose après "avant que", puisque aussi bien ce qui est prévu dans le temps est susceptible de modification.
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Dans cette phrase (ci-dessus), le passé composé « a prononcé » ne convient évidemment pas pour relater un fait plus ancien qu'un autre raconté au plus-que-parfait (avait rappelé). J'ai l'impression que la locution conjonctive après que déroute ses utilisateurs. Il y a peut-être de quoi : il me semble me souvenir avoir été poussé par des enseignants à n'utiliser que le passé antérieur après elle. Ils ne m'avaient pas expliqué que ce temps ne convenait que si la principale comportait un passé simple, comme dans « Il se mit à lire après que sa mère l'eut embrassé ».
Après après que on utilise normalement un temps différent de celui de la principale :
Après que sa mère l'a embrassé (passé composé), il se met (présent) à lire.
Après que sa mère l'avait embrassé (plus-que-parfait), il se mettait (imparfait) à lire.
Mais ne disposant pas d'un temps rendant compte d'une action plus ancienne qu'une autre relatée au plus-que-parfait, on ne peut améliorer la phrase de mon journal, je crois, qu'en utilisant deux fois ce temps :
En 2015, Ankara avait rappelé son ambassadeur au Vatican après que le pape avait prononcé le mot dans la basilique Saint-Pierre.
Vous rappelez-vous, chers télépapoteurs, avoir reçu comme moi le conseil d'utiliser le passé antérieur après après que ?
Après après que on utilise normalement un temps différent de celui de la principale :
Après que sa mère l'a embrassé (passé composé), il se met (présent) à lire.
Après que sa mère l'avait embrassé (plus-que-parfait), il se mettait (imparfait) à lire.
Mais ne disposant pas d'un temps rendant compte d'une action plus ancienne qu'une autre relatée au plus-que-parfait, on ne peut améliorer la phrase de mon journal, je crois, qu'en utilisant deux fois ce temps :
En 2015, Ankara avait rappelé son ambassadeur au Vatican après que le pape avait prononcé le mot dans la basilique Saint-Pierre.
Vous rappelez-vous, chers télépapoteurs, avoir reçu comme moi le conseil d'utiliser le passé antérieur après après que ?
- Islwyn
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- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Oui, et ce jusqu'au point même que j'ai mentalement substitué un passé antérieur* dans la subordonnée ci-dessus. Mais, ne voyant pas de passé simple dans la principale, je me suis rapidement corrigé. Votre formulation me semble la seule correcte.André (G., R.) a écrit :Mais ne disposant pas d'un temps rendant compte d'une action plus ancienne qu'une autre relatée au plus-que-parfait, on ne peut améliorer la phrase de mon journal, je crois, qu'en utilisant deux fois ce temps :
En 2015, Ankara avait rappelé son ambassadeur au Vatican après que le pape avait prononcé le mot dans la basilique Saint-Pierre.
Vous rappelez-vous, chers télépapoteurs, avoir reçu comme moi le conseil d'utiliser le passé antérieur après après que ?
*Je crois même avoir enseigné à mes étudiants, pour simplifier, que le passé antérieur n'existait que dans ce type de construction, tout en soulignant qu'il fallait savoir le reconnaître et, le cas échéant, l'employer.
Quantum mutatus ab illo