Mots-valises
- Jacques-André-Albert
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Mots-valises
Ces suites de mots sans préposition qui ont envahi la langue ne sont peut-être pas nés à notre époque.
Je trouve, dans La légende de la nonne, de Hugo, ces deux mots liés, sans trait d'union : escaliers fées (« Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s'embrouillent toujours »). J'ai trouvé cette orthographe dans une édition assez ancienne (début du XXème siècle) : on peut donc exclure qu'il ait voulu utiliser le participe passé du verbe rare féer, qui aurait été féés.
Je trouve, dans La légende de la nonne, de Hugo, ces deux mots liés, sans trait d'union : escaliers fées (« Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s'embrouillent toujours »). J'ai trouvé cette orthographe dans une édition assez ancienne (début du XXème siècle) : on peut donc exclure qu'il ait voulu utiliser le participe passé du verbe rare féer, qui aurait été féés.
http://littre.reverso.net/dictionnaire- ... %A9e/31079
Pris adjectivement pour signifier enchanté. Bayard, cheval de Renaud, était un cheval fée. Mais ce sont des escaliers fées Qui sous eux s'embrouillent toujours. [HUGO, Odes et ballades]
Re: Mots-valises
Bonjour,Jacques-André-Albert a écrit :Ces suites de mots sans préposition qui ont envahi la langue ne sont peut-être pas nés à notre époque.
Je trouve, dans La légende de la nonne, de Hugo, ces deux mots liés, sans trait d'union : escaliers fées (« Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s'embrouillent toujours »). J'ai trouvé cette orthographe dans une édition assez ancienne (début du XXème siècle) : on peut donc exclure qu'il ait voulu utiliser le participe passé du verbe rare féer, qui aurait été féés.
Merci de nous rappeler ce verbe féer qu'on n'a pas souvent l'occasion d'utiliser.
L'emploi adjectival de "fée" était assez classique. Il est d'ailleurs consigné à ce titre dans les dictionnaires, par exemple Littré qui cite précisément votre exemple de Hugo :
ou le TLFi :2°Pris adjectivement pour signifier enchanté. Bayard, cheval de Renaud, était un cheval fée.
Mais ce sont des escaliers fées Qui sous eux s'embrouillent toujours, V. HUGO, Ball. 13.
On trouve d'ailleurs dans les contes de fée d'autres exemples d'emploi adjectival comme "la dame était un peu fée".Emploi adj., littér. Tout à l'heure je dirai que tu as la main fée (Lamart., Cours litt., 1859, p. 266).
P.-S. Êtes-vous sûr d'avoir voulu ranger ce procédé sous la bannière des mots-valises qui sont en principe autre chose ?
- Jacques
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Je m'interroge comme embatérienne sur le terme mot-valise, ce dernier étant si je ne m'abuse créé par la réunion de deux fractions de mots différents, souvent une aphérèse et une apocope : drolmadaire, chameau qui a le sens de l'humour – hebdrolmadaire, chameau qui rit une fois par semaine. Plus sérieusement : smog, hybride de smoke et fog (anglicisme accepté parce que décrivant un phénomène typiquement anglo-saxon) – ligron, hybride de lion et de tigresse – tigron, hybride de tigre et de lionne – courriel, pourriel, etc.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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On peut citer aussi le chalumeau qui n'est autre que dromaludaire à deux bosses.Jacques a écrit :[...] souvent une aphérèse et une apocope : drolmadaire, chameau qui a le sens de l'humour – hebdrolmadaire, chameau qui rit une fois par semaine.[...]
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Je ne partage pas l'avis de Jacques sur ce point précis de grammaire. Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'apocopes ou d'aphérèses. Si je me fie à différentes sources, et en particulier à XMLittré, je penserais qu'il s'agit plutôt d'épenthèses. Mais je ne suis pas grammairien et je n'ai consulté qu'un nombre très limité de sources.
- Apocope : Retranchement d'une lettre ou d'une syllabe à la fin d'un mot,
- Aphérèse : Retranchement une syllabe ou une lettre (d'un phonème ou groupe de phonèmes) au commencement d'un mot,
- Épenthèse : Addition, insertion d'une lettre, ou même d'une syllabe au milieu d'un mot. Sur ce dernier mot, le CNRTL semble plus précis qu'XMLittré : il y ajoute une nuance en précisant que le phénomène contribue à faciliter l'articulation d'un mot.
- Perkele
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Re: Mots-valises
Pourtant le sens est bien celui du verbe féer : ce sont des escaliers enchantés.Jacques-André-Albert a écrit :Ces suites de mots sans préposition qui ont envahi la langue ne sont peut-être pas nés à notre époque.
Je trouve, dans La légende de la nonne, de Hugo, ces deux mots liés, sans trait d'union : escaliers fées (« Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s'embrouillent toujours »). J'ai trouvé cette orthographe dans une édition assez ancienne (début du XXème siècle) : on peut donc exclure qu'il ait voulu utiliser le participe passé du verbe rare féer, qui aurait été féés.
C'est grâce à ce verbe qu'en Provence, nous avons des fada et des fadado (prononcer EU), des gens "bénis par les fées".
Et pour ceux qui aiment les mots-valises : http://alain.crehange.pagesperso-orange ... tsval.html
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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Je n'ai pas dit qu'un mot-valise se forme toujours en réunissant une apocope et une aphérèse, mais que c'est souvent le cas : smog unit l'apocope de smoke et l'aphérèse de fog – tigron l'apocope de tigre et l'aphérèse de lion – franglais l'apocope de français et l'aphérèse d'anglais. Alain Finkielkraut a écrit Le Petit fictionnaire illustré. L'Anarchiviste et Le biblioteckel parus aux éditions des Mille et une nuits en 2006 en sont d'autres exemples. Le Pornithorynque est-il lustré ?, publié en 2010, en est encore un. Citons des inventions d'écrivains très connus : bourreaucratie, mécontemporain, prévoiricateur, patrouillotisme, la mollahrchie de Téhéran, émirage (cheikh sans provisions), merroquet (épouse du perroquet)...Bernard_M a écrit : Je ne partage pas l'avis de Jacques sur ce point précis de grammaire. Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'apocopes ou d'aphérèses. Si je me fie à différentes sources, et en particulier à XMLittré, je penserais qu'il s'agit plutôt d'épenthèses. Mais je ne suis pas grammairien et je n'ai consulté qu'un nombre très limité de sources.[
C'est effectivement le principe de base, qui a été parfois élargi en employant l'un des deux mots en entier : l'abribus, l'ubureaucratie de la Sécu, la constipassion, acalomnie (brève pause dans la méchanceté), ennuiversel, scarabécédaire (vieux savant qui cherche la petite bête), cosmopolisson, etc.
Ce sont quelques exemples, cités principalement par Albert Hamon, agrégé de lettres, dans son livre Les mots du français (Hachette). Et il les classe tous comme mots-valises.
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- Dame Vérone
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- Jacques
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Votre petite-fille a donc inventé un mot-valise. En fait Albert Hamon a écrit ce livre pour expliquer la formation des mots et leur évolution. Les jeux littéraires font partie du lot, mais je définirais son ouvrage comme une initiation à l'étymologie et à la sémantique principalement, mais mises à la portée du profane.
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- Jacques
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ÉPENTHÈSE (é-pan-tè-z'), s. f.
Terme de grammaire. Addition, insertion d'une lettre, ou même d'une syllabe au milieu d'un mot.
Définition très sobre de Littré.
Apparition, à l'intérieur d'un mot, d'un phonème consonantique ou vocalique qui n'est pas d'origine étymologique. « Camera » est devenu « chambre » par épenthèse d'un « b », « cinerem », « cendre », par épenthèse d'un « d ».
(Académie française)
C'est donc principalement une évolution phonétique. Il me vient à l'esprit l'exemple typique de calendier, issu du latin calendarium, devenu calendrier par intercalation d'un R non justifié.
Terme de grammaire. Addition, insertion d'une lettre, ou même d'une syllabe au milieu d'un mot.
Définition très sobre de Littré.
Apparition, à l'intérieur d'un mot, d'un phonème consonantique ou vocalique qui n'est pas d'origine étymologique. « Camera » est devenu « chambre » par épenthèse d'un « b », « cinerem », « cendre », par épenthèse d'un « d ».
(Académie française)
C'est donc principalement une évolution phonétique. Il me vient à l'esprit l'exemple typique de calendier, issu du latin calendarium, devenu calendrier par intercalation d'un R non justifié.
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- Jacques-André-Albert
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Je ne parlais pas non plus de la formation des mots-valises. Je disais simplement que les exemples que vous citiez, drolmadaire et hebdrolmadaire, ne me paraissaient être ni des apocopes ni des aphérèses mais des épenthèses. Pour la formation des mots-valises nous sommes parfaitement d'accord, de même que sur la définition d'épenthèse, puisque nos définitions viennent de la même source.Jacques a écrit :[...]Je n'ai pas dit qu'un mot-valise se forme [...]