Les pléonasmes
- Jacques
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On pourrait penser que oui. Et dans de tels cas, il convient d'élargir le sens en supprimant l'adjectif inutile de la répétition. Mais je vais donner un cas typique de battologie fautive, venant d'une personne de ma famille, qui répétait il dit ou elle dit ou je dis en racontant :
Oui qu'elle dit, elle dit dites-donc qu'elle dit, elle dit si c'était moi, elle dit ça ne se passerait pas comme ça qu'elle dit. Alors je lui dis, ça n'est pas pareil je dis, parce que dis, si c'était vous je lui dis...
Je vous assure que c'est authentique et que je n'en rajoute pas.
Oui qu'elle dit, elle dit dites-donc qu'elle dit, elle dit si c'était moi, elle dit ça ne se passerait pas comme ça qu'elle dit. Alors je lui dis, ça n'est pas pareil je dis, parce que dis, si c'était vous je lui dis...
Je vous assure que c'est authentique et que je n'en rajoute pas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
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Dans le domaine juridique, il faut être le plus précis possible : c'est un moyen de se prémunir contre la mauvaise foi.
On ne veut pas d'un témoignage qui contiendrait la vérité tout en donnant de fausses informations, ni d'un témoignage qui cacherait une partie de la vérité, même s'il ne contient aucun mensonge.
Dans ce cas, la répétition n'est pas inutile, même si elle peut paraître fastidieuse.
On ne veut pas d'un témoignage qui contiendrait la vérité tout en donnant de fausses informations, ni d'un témoignage qui cacherait une partie de la vérité, même s'il ne contient aucun mensonge.
Dans ce cas, la répétition n'est pas inutile, même si elle peut paraître fastidieuse.
- Klausinski
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Comme exemple de battologie, Dupriez donne :
Il veut que je lui réponde que le phénol est un dérivé oxygéné du benzène que l’on extrait des huiles fournies par le goudron et la houille, mais je ne lui répondrai pas que le phénol est un dérivé oxygéné du benzène que l’on extrait des huiles fournies par le goudron et la houille !!
(R. Ducharme, L’avalée des avalés)
À vrai dire, ces distinctions sont extrêmement subtiles.
Le quatrain que vous citez, Jacques, c’est l’exemple que l’on donne presque toujours pour illustrer l’anaphore, c’est à dire la répétition d’un même mot au début d’une phrase, d’un membre de phrase, d’un vers ou d’une quelconque unité syntaxique ou sémantique. Mais ce quatrain est une manne. Il regorge de figures de style (hyperbole, métonymie, personnification, antithèse, etc.)
Quant à votre exemple, Claude, serait plutôt une épanalepse (si j’en crois toujours le Gradus). C’est-à-dire une battologie justifiée, en l’occurrence, pour des raisons d’expressivité.
Il veut que je lui réponde que le phénol est un dérivé oxygéné du benzène que l’on extrait des huiles fournies par le goudron et la houille, mais je ne lui répondrai pas que le phénol est un dérivé oxygéné du benzène que l’on extrait des huiles fournies par le goudron et la houille !!
(R. Ducharme, L’avalée des avalés)
À vrai dire, ces distinctions sont extrêmement subtiles.
Le quatrain que vous citez, Jacques, c’est l’exemple que l’on donne presque toujours pour illustrer l’anaphore, c’est à dire la répétition d’un même mot au début d’une phrase, d’un membre de phrase, d’un vers ou d’une quelconque unité syntaxique ou sémantique. Mais ce quatrain est une manne. Il regorge de figures de style (hyperbole, métonymie, personnification, antithèse, etc.)
Quant à votre exemple, Claude, serait plutôt une épanalepse (si j’en crois toujours le Gradus). C’est-à-dire une battologie justifiée, en l’occurrence, pour des raisons d’expressivité.
Dernière modification par Klausinski le mer. 26 févr. 2014, 21:39, modifié 2 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui c'est l'anaphore, merci de me le rappeler. Il ne s'agit pas d'un quatrain mais d'une tirade dont je cite les quatre premiers vers ; quant à la qualité du style, rien d'étonnant de la part de Corneille. Enfin, vous connaissez l'affaire mieux que moi (cela remonte à 1951).
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- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Le mea culpa est aussi une battologie : c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute. Nous voyons bien avec tous ces exemples que la qualifier de fautive est hâtif, et qu'elle se justifie assez souvent, sauf évidemment quand elle devient un tic de langage.
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- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Cette citation avec le verbe dire employé à outrance me fait penser à un dialogue de commères parlant d'une troisième personne ; il ne s'agit pas d'une battologie mais d'un échange qui me semble grammaticalement correct :Jacques a écrit :...Oui qu'elle dit, elle dit dites-donc qu'elle dit, elle dit si c'était moi, elle dit ça ne se passerait pas comme ça qu'elle dit. Alors je lui dis, ça n'est pas pareil je dis, parce que dis, si c'était vous je lui dis...
Commère A : Je lui avais pourtant dit et redit de ne pas vous dire que je lui avais dit ce que vous m'aviez dit de ne pas lui dire.
Commère B : Alors ne lui dites pas que je vous ai dit qu'elle me l'a dit !
- Klausinski
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Vous faites bien de me le signaler. Je sais bien d’où sont tirés ces vers mais je disais quatrain, comme on dit distique, pour désigner quatre vers, qu’ils constituent un poème ou qu’ils soient tirés d’une œuvre plus longue. C’était une erreur*. Mea culpa, donc. :DJacques a écrit : Il ne s'agit pas d'un quatrain mais d'une tirade dont je cite les quatre premiers vers
EDIT.
* Sauf pour le Robert.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Manni-Gédéon
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
La contrefaçon de faux billets, c'est en somme la fabrication de vrais billets. Dans le même esprit, j'ai entendu un jour aux informations que des malfaiteurs déguisés en faux policiers avaient dévalisé une banque.manni-gedeon a écrit :Voici un beau pléonasme qui amène un contresens :
Dans la traduction d'une série américaine, les enquêteurs mettent au jour une filière de contrefaçon de faux billets.![]()
Au fait, la contrefaçon de faux billets est-elle un délit ? :D
S'ils voulaient faire illusion, il était préférable pour eux de se déguiser en vrais policiers, non ?
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- Manni-Gédéon
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Dans une émission de la TSR qui parlait de la catastrophe de Fukushima au Japon, la journaliste a annoncé :
Les expatriés commencent à quitter le pays.
(Je l'ajoute dans ce sujet en tant que pléonasme d'anticipation, si je peux l'appeler ainsi...
)
Les expatriés commencent à quitter le pays.
(Je l'ajoute dans ce sujet en tant que pléonasme d'anticipation, si je peux l'appeler ainsi...
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- Manni-Gédéon
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J'ai entendu, dans une série télévisée : Nos deux doubles n'ont jamais collaboré ensemble.
Dans une émission d'information, une personne interrogée nous gratifie d'un : on va regarder visuellement.
Il y a aussi des gens qui saisissent manuellement des données sur un ordinateur.
Dans une émission d'information, une personne interrogée nous gratifie d'un : on va regarder visuellement.
Il y a aussi des gens qui saisissent manuellement des données sur un ordinateur.
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Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
Un pléonasme inconscient et parfaitement admis dans la langue française s'est caché dans la locution un drôle de loustic. Sachant que le terme loustic est un emprunt direct à la langue allemande ( changement d'orthographe et déplacement d'accent sur la dernière syllabe sont les seules transformations) où l'adjectif lustig signifie déjà drôle, joyeux.