Paradoxe

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Jacques
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Message par Jacques »

Oui, il faut bien comprendre la valeur symbolique forte du verbe clouer, qui ne doit pas être pris à la lettre. C'est la même idée que dans cloué au sol, cloué au lit :
– Allô docteur, ma femme est clouée au lit, j'aimerais que vous la vissiez.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

J'espère que le docteur a tout ce qu'il faut dans sa mallette.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce doit être un médecin bricoleur.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :...– Allô docteur, ma femme est clouée au lit, j'aimerais que vous la vissiez.
:lol: :lol: :lol: Je n'ai pu me retenir.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Pour en revenir aux paradoxes, je crois qu’on peut ajouter le mot « terrible ». Dans le registre courant, il désigne ce qui est difficilement supportable. Dans le registre familier, il désigne ce que l’on admire, ce qui est sensationnel. Ce dernier sens nous vient des précieuses du XVIIe siècle. C’est terrible, n’est-ce pas ?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
groseille

Message par groseille »

En effet !
Je pensais également à un autre mot dont je n'ai jamais bien compris pourquoi il pouvait être utilisé dans deux sortes de contextes très différents, n'ayant apparemment rien de commun : le mot "licencié."
Il peut convenir pour "Je suis licencié es-lettres" comme pour "je suis licencié, je me retrouve au chômage..."
Mais je ne suis pas sûr de moi : dit-on bien "licencié es-(...)" pour "ayant un diplôme de licence" ?
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TSOS
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Message par TSOS »

Licencié pour au chômage signifie comme "libéré" je dirais.
Tandis que quelqu'un de licencié pour faire quelque chose, a donc une licence, un permis, la liberté pour faire quelque chose.

Me trompé-je? :o
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Perkele
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Message par Perkele »

groseille a écrit :En effet !
Je pensais également à un autre mot dont je n'ai jamais bien compris pourquoi il pouvait être utilisé dans deux sortes de contextes très différents, n'ayant apparemment rien de commun : le mot "licencié."
Il peut convenir pour "Je suis licencié es-lettres" comme pour "je suis licencié, je me retrouve au chômage..."
Mais je ne suis pas sûr de moi : dit-on bien "licencié es-(...)" pour "ayant un diplôme de licence" ?
"Es" signifie "en les" et ne peut être suivi que d'un nom de discipline au pluriel : lettres, sciences, arts...

Les noms de disciplines au singulier sont précédés de "en" : en droit, en médecine...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

groseille a écrit :En effet !
Je pensais également à un autre mot dont je n'ai jamais bien compris pourquoi il pouvait être utilisé dans deux sortes de contextes très différents, n'ayant apparemment rien de commun : le mot "licencié."
Il peut convenir pour "Je suis licencié es-lettres" comme pour "je suis licencié, je me retrouve au chômage..."
Mais je ne suis pas sûr de moi : dit-on bien "licencié es-(...)" pour "ayant un diplôme de licence" ?
On dit licencié ès quand la matière est au pluriel, car ès est la contraction de « en les », et en devant un nom au singulier : licencié ou docteur ès sciences, ès lettres, en droit, en anglais.

Perkele : plus rapide que moi.
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Perkele
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Message par Perkele »

Nos fameux "plus" et "plus" qui donnent tant de fil à retordre aux étrangers :
- J'en veux plus
- Je n'en veux plus.

D'autant plus ambigu qu'on néglige désormais la première partie de la négation dans l'enseignement du français langue étrangère.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il y a une logique, mais peu détectable. Quand on dit je n'en veux plus, il s'agit de l'ancienne forme de la négation unique. Je n'en veux plus se dit de nos jours je n'en veux pas plus, plus pouvant avoir ici une valeur abstraite ou temporelle. Il se trouve que la confusion est accentuée par la coexistence des deux négations, la simple toujours en vigueur et la double. C'est la même chose que lorsqu'on dit je n'en peux plus (je n'en peux faire ou supporter davantage), je n'en peux mais qui est synonyme (lat. magis=davantage).
Plus garde donc bien sa valeur initiale.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
groseille

Message par groseille »

Je me souviens d'une information que m'avait donnée en son temps une amie qui, à l'université, suivait des cours d'ancien français : est-il vrai que le "pas" dans la négation "ne... pas" vient en fait de l'ancien français "je n'avance d'un pas" = "je n'avance pas d'un pas" ? Cette amie avait illustré cette origine avec la formule "je n'y vois goutte" = "je n'y vois pas une goutte". Bref : selon ce que j'ai retenu, la négation était originellement réduite à l'usage du "ne" ; l'adjonction du "pas" étant en réalité une insistance bizarre en ce que le mot "pas" n'était aucunement associé, initialement, à l'expression d'une négation.
J'espère ne pas m'être exprimé de façon absconse, l'idée n'est pas facile à décrire.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

groseille a écrit :Je me souviens d'une information que m'avait donnée en son temps une amie qui, à l'université, suivait des cours d'ancien français : est-il vrai que le "pas" dans la négation "ne... pas" vient en fait de l'ancien français "je n'avance d'un pas" = "je n'avance pas d'un pas" ? Cette amie avait illustré cette origine avec la formule "je n'y vois goutte" = "je n'y vois pas une goutte". Bref : selon ce que j'ai retenu, la négation était originellement réduite à l'usage du "ne" ; l'adjonction du "pas" étant en réalité une insistance bizarre en ce que le mot "pas" n'était aucunement associé, initialement, à l'expression d'une négation.
J'espère ne pas m'être exprimé de façon absconse, l'idée n'est pas facile à décrire.
Oui, c’est vrai. « Ne » était une négation suffisante en ancien français, d’où les tournures sans l’autre membre de la négation en français classique. Les petits mots que vous indiquez complétaient la négation. Au départ, on devait certainement dire : je ne bois goutte, je ne mange mie, je n’écris point, etc.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Perkele
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Message par Perkele »

Du tout, dans la série de ces petits mots il y avait aussi miette (ne faire miette) ; mie (je n'en ai mie) ; point...

Klauss, n'interférez point ou j'en réfère à la modératrice ! :evil:
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

« Pas » s'est imposé dans la langue standard, mais les autres ont eu une durée de vie assez longue, en particulier « point », encore utilisé dans bien des patois et dans le français des campagnes (ici, en Anjou, on l'entend encore).
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