La langue de la finance
- Jacques-André-Albert
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La langue de la finance
Le point de vue d'un spécialiste de la finance sur la langue française : réconfortant !
- Dame Vérone
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Malheureusement, si au moins une édition de cette manifestation s'est déroulée en anglais, et si on en est à écrire noir sur blanc « All researchers in finance are invited to present in English their latest research in all areas of finance and insurance. », je ne vois pas comment on pourrait revenir en arrière, que l'auteur de cet article soit influent ou non dans le monde de la finance.
- Jacques
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Il y a bien des années que l'association Défense de la langue française dénonce ces faits, qui, hélas ! ne sont pas nouveaux ; des sociétés françaises organisant sur le sol français des conférences, la plupart du temps scientifiques, et demandant aux chercheurs de s'y exprimer en anglais. Des instructions données à des hommes de science pour qu'ils rédigent leurs comptes rendus en anglais. Un jour DLF a mobilisé des membres de l'association pour aller faire du scandale sur place et interrompre les conférences en exigeant haut et fort que l'on parlât français. Lors de l'un de ces « chahuts » la responsable de la société a appelé la police. Alors, à l'arrivée des représentants de la force publique, notre vice-président les a accueillis en leur disant : « Messieurs, nous allons vous accompagner au commissariat pour vous demander de recevoir une plainte que nous déposons pour violation de la loi Toubon ». Voyant que l'affaire tournait à son désavantage, ladite responsable a rencontré nos représentants et cherché « un arrangement à l'amiable ».
Il faudrait que les gens qui doivent présenter des discours, comptes rendus ou autres, ne se laissent pas intimider et s'expriment en français. Ils sont dans leur droit.
Il faudrait que les gens qui doivent présenter des discours, comptes rendus ou autres, ne se laissent pas intimider et s'expriment en français. Ils sont dans leur droit.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- TSOS
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Ce récit témoigne de votre courage en tout cas; merci.Jacques a écrit :Il y a bien des années que l'association Défense de la langue française dénonce ces faits, qui, hélas ! ne sont pas nouveaux ; des sociétés françaises organisant sur le sol français des conférences, la plupart du temps scientifiques, et demandant aux chercheurs de s'y exprimer en anglais. Des instructions données à des hommes de science pour qu'ils rédigent leurs comptes rendus en anglais. Un jour DLF a mobilisé des membres de l'association pour aller faire du scandale sur place et interrompre les conférences en exigeant haut et fort que l'on parlât français. Lors de l'un de ces « chahuts » la responsable de la société a appelé la police. Alors, à l'arrivée des représentants de la force publique, notre vice-président les a accueillis en leur disant : « Messieurs, nous allons vous accompagner au commissariat pour vous demander de recevoir une plainte que nous déposons pour violation de la loi Toubon ». Voyant que l'affaire tournait à son désavantage, ladite responsable a rencontré nos représentants et cherché « un arrangement à l'amiable ».
Il faudrait que les gens qui doivent présenter des discours, comptes rendus ou autres, ne se laissent pas intimider et s'expriment en français. Ils sont dans leur droit.
Je travaille dans la recherche scientifique. Je crois que le constat de l'auteur est encore en dessous de la vérité. L'anglais a éradiqué le français des publications scientifiques (notamment en sciences "dures") en relativement peu de temps, essentiellement par main mise des éditeurs anglo-saxons sur les revues, aidés par le "publish or perish" ("publier ou périr"). Les français ont eu le "zèle des derniers convertis" : alors que dans bien d'autres pays (hors pays de langue germanique), des revues existent encore dans la langue nationale, je suis quasiment incapable de vous citer un journal en langue française dans mon domaine.Jacques a écrit :[...] des sociétés françaises organisant sur le sol français des conférences, la plupart du temps scientifiques, et demandant aux chercheurs de s'y exprimer en anglais. Des instructions données à des hommes de science pour qu'ils rédigent leurs comptes rendus en anglais. .
Les conférences ont subi le même sort, avec des situations qui frisent le ridicule, comme les séminaires entre francophones se déroulant entièrement en anglais (approximatif
![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
Le plus risible, c'est que j'ai maintes fois pu voir des conférences francophones devenue anglophones, se retrouver en manque de participants : s'il faut obligatoirement parler anglais, les francophones préfèrent encore participer à des grosses conférences anglophones et ça n'attire pas beaucoup plus les anglophones.
Inutile de vous dire que la polémique fait rage dans les dernières conférences francophones. Vous pourriez croire que les francophones sont désabusés, désolés : hé bien pas du tout! Les francophones "pro-anglais" sont particulièrement véhéments, avec leurs mots-clés habituels : ringardise, franchouillardise, anti-modernisme, nationalistes, etc.
Ils ont trouvé un appui avec notre ministre, Valérie Pécresse qui a jugé que "la langue française est dépassée, en déclin. Il ne faut plus considérer l'anglais comme une langue étrangère".
Les anglophones n'en demandent même pas tant!
Ajoutez à ce constat que le ministère nous demande parfois des notes (de portée nationale) rédigées en anglais ou que les services communication échangent leurs courriels avec les pays francophones en anglais... Je ne suis pas un jusqu'au-boutiste de la loi Toubon, mais quelle contre-productivité!
Il y a une part de "syndrôme du larbin" dans ce comportement : je veux ressembler au "maître" supposé, quitte à faire n'importe quoi!
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je pense que c'est le même état d'esprit qui fait donner des noms anglais à des ensembles urbains ou touristiques sous prétexte de visibilité internationale. Cette attitude servile ne mérite que le mépris, que certains anglophones doivent éprouver pour nous, sans aucun doute.