principes de mélancolie

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angeloï
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principes de mélancolie

Message par angeloï »

Il existe dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou es ruines les plus tristes. [...]Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d'un logis situé à Saumur, au bout d'une rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville.

Comment comprendre le sens du mot "principe" dans cette phrase ?

PS: Je n'ai trouvé nulle part sur le ouèbe le texte d'Eugénie Grandet dont cette phrase est extraite.
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Perkele
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Message par Perkele »

Ce qui est à l'origine ; la cause ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Élément dominant, essence, mécanisme de base d'un état ou d'une situation ?
Littré donne diverses acceptions :
1° Origine, cause première. J'ai tâché de trouver en général les principes ou premières causes de tout ce qui est ou qui peut être dans le monde...
– 2° En un sens plus restreint, ce qui produit, opère comme un principe. Nous avons un autre principe d'erreur, les maladies.
– 3° Les deux principes, les deux causes suprêmes du bien et du mal, suivant la religion des Perses et suivant les manichéens.
– 4° Terme de physique. Ce qui constitue, compose les choses matérielles. Selon quelques philosophes, les atomes sont les principes de tous les corps, Dict. de l'Acad.
Terme de chimie. Synonyme d'élément.
– 5° Il se dit de toutes les causes naturelles, de toutes celles par lesquelles les corps se meuvent, agissent, vivent. Le principe de la chaleur.

Je passe sur le reste, qui n'a pas de rapport avec ce que vous cherchez.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

TLF a écrit :II. A. [À propos notamment de causes naturelles] Cause active de quelque chose; élément qui a la propriété de produire certains effets. Principe et conséquence; principe de la chaleur, de l'énergie, de la dynamique, du mouvement; principe de la fièvre. Ce principe d'inquiétude et de mécontentement, capable d'action créatrice, existe dans les replis de l'âme humaine (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 203). L'idée magique de supposer en toute chose, vivante et même inanimée, je ne sais quel principe caché de vie (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 113).
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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angeloï
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Message par angeloï »

Rien à voir donc avec le sens moral du mot...Merci à tous pour ces éclaircissements. :D
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Perkele
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Message par Perkele »

Oui, étymologiquement, le principe est ce qui est premier.

Dans le sens "moral" que vous évoquez, on considère qu'il s'agit d'une valeur (première) qui est à la base de tout un mode de vie.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Oui, étymologiquement, le principe est ce qui est premier.

Dans le sens "moral" que vous évoquez, on considère qu'il s'agit d'une valeur (première) qui est à la base de tout un mode de vie.
C'est la définition 8 de Littré :
8° Maxime, règle de conduite, précepte de morale. De bons, de mauvais principes. Il y a toujours derrière l'idée d'une règle première, d'une règle de base.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Il est vrai que sans les définitions et explications qui précèdent, l'expression principes de mélancolie a de quoi attirer l'attention.
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angeloï
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Message par angeloï »

Perkele a écrit :Oui, étymologiquement, le principe est ce qui est premier.

Dans le sens "moral" que vous évoquez, on considère qu'il s'agit d'une valeur (première) qui est à la base de tout un mode de vie.
Je suis de ceux qui répugnent à employer le mot "valeurs" au lieu de "principes" ou "règles" ou "loi morale" parce que des valeurs supposent un sujet humain qui accorde de l"importance--pour combien de temps ?--à telle ou telle chose. On se trouve donc dans le subjectivisme et la morale construite, j'oserais même dire : à la carte. Un principe, au contraire, parce qu'il est premier, s'impose à l'homme objectivement. C'est du marbre appelé à durer pour l'éternité. De plus, le mot comporte l'idée sous-jacente de "cause agissante", comme on vient de le découvrir, ce qui donne aux règles morales une dimension efficace qui correspond, je crois, à la vérité.

Le langage des valeurs est à mon avis complètement étranger aux religions traditionnelles, même si les croyants actuels raffolent de ce mot.
La charité n'est pas une valeur, c'est une vertu.
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Perkele
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Message par Perkele »

Pour moi un principe n'est qu'une conviction capitale parce qu'elle est à la tête de toute une chaîne de règles.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

angeloï a écrit : Je suis de ceux qui répugnent à employer le mot "valeurs" au lieu de "principes" ou "règles" ou "loi morale" parce que des valeurs supposent un sujet humain qui accorde de l"importance--pour combien de temps ?--à telle ou telle chose. On se trouve donc dans le subjectivisme et la morale construite, j'oserais même dire : à la carte.
Je ne l'aurais pas aussi bien dit, mais à mon avis, cette habitude reflète l'évolution de la société. Chacun choisit ses propres valeurs et il est mal vu de les remettre en question. Ceux qui cherchent à faire valoir certains principes moraux qui paraissaient universels autrefois passent pour des rétrogrades ou des extrémistes. Souvent, même les psychiatres et psychologues n'osent plus vraiment dire que tel comportement est névrotique ou anormal. Cette tendance à vouloir effacer les notions de morale et de normalité, incompatibles avec la conception actuelle de la tolérance, est particulièrement flagrante dans ces émissions télévisées où des anonymes parlent de leurs choix de vie ou de leurs diverses expériences.
angeloï a écrit :Le langage des valeurs est à mon avis complètement étranger aux religions traditionnelles, même si les croyants actuels raffolent de ce mot.
Les églises traditionnelles, qui perdent de plus en plus de fidèles, ont une tendance croissante à utiliser un langage (relativement neutre) qui plaît à la majorité. Ceux qui ont besoin de principes moraux immuables se dirigent de plus en plus souvent vers des religions plus radicales.
En conclusion, il me semble que dans le contexte actuel, le choix du mot valeurs au lieu de principes, règles ou loi morale est autant une question de mentalité que de langage. Ça ressemble à une variante du politiquement correct.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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