Le Thresor de Nicot est un dictionnaire très utilisé et précieux.
Voici en effet ce qu'il dit à l'entrée
chés:
Chés, Qu'aucuns escrivent Chez, à cause de l'ouverte prononciation de la voyele E, est une preposition qui signifie en la maison de, Apud, In aedibus, In domo, comme, Il est chez moy. Est domi, In meis aedibus est, Apud me est. Ainsi quoy que sa signification soit locale, il ne s'applique pourtant à tout lieu, ains seulement aux lieux de manoir, habitation et domicile. L'Espagnol dit Cabe mi.
Il a une entrée développée pour
chez.
Quid de la prononciation ? Nous manquons d'enregistrements et devons nous fier à des témoignages divers.
Notons que la prononciation était sûrement loin d'être uniforme. Les nombreuses formes du mot dans les textes anciens en témoignent. Voyez
ici.
Jusqu'à une époque avancée, les dictionnaires et les grammaires ont mis en garde contre des prononciations telles que "cheu" qu'on peut encore entendre dans certaines campagnes françaises.
En tout cas, Nicot indique effectivement un "e" ouvert.
Mais tout le monde n'est pas de cet avis. Un demi-siècle plus tard, Laurent Chifflet dans son
Essay d'une parfaite grammaire de la langue françoise de 1659 indique :
Tous les noms terminez en ez, soit noms, ou verbes, ou autres, ont cet é final masculin : comme aimez, beautez, nez, vous parlez, vous parliez , &c. Ne prononcez jamais cheuz au lieu de chez : comme cheuz moy ; au lieu de , chez moy.
Voir cette
édition ultérieure, page 211. Lire aussi le §22, page 246.
Même son de cloche chez Jean Hindret dans son
Art de bien prononcer et de bien parler la langue françoise, dans le chapitre sur le "e" masculin, dont on peut consulter diverses éditions dans Google Livres.