Discours à l’Élysée
Discours à l’Élysée
Voyez ici. Je m’abstiens de commenter.
Ouh la la ! Elle est belle, la France d'aujourd'hui !
Remarquez que ce genre de fautes est devenu tellement courant, la majorité des gens trouvant de moins en moins nécessaire de faire l'effort de les éviter, que je finis par me demander si l'orthographe n'est pas en train de disparaître, tout bonnement, aidée par la réforme de 1990.
Remarquez que ce genre de fautes est devenu tellement courant, la majorité des gens trouvant de moins en moins nécessaire de faire l'effort de les éviter, que je finis par me demander si l'orthographe n'est pas en train de disparaître, tout bonnement, aidée par la réforme de 1990.
- Jacques
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Peut-être pas sur le papier du président, mais sur une transcription postérieure au discours prononcé. Nous pouvons lui accorder ce crédit qu'il aurait réagi avant, à la première lecture du document.
Quoi qu'il en soit, c'est un sujet de honte pour le peuple français tout entier, un manque de respect envers les citoyens de ce pays, mais aussi envers tous les francophones qui auront l'occasion de le lire. C'est insultant.
Sur quels critères recrute-t-on les rédacteurs de l'Élysée ? Sur le simple piston ? Comment se fait-il que personne n'ait relu ce texte et ne soit intervenu pour le faire corriger et passer un savon à l'incapable illettré qui l'a écrit ?
Quoi qu'il en soit, c'est un sujet de honte pour le peuple français tout entier, un manque de respect envers les citoyens de ce pays, mais aussi envers tous les francophones qui auront l'occasion de le lire. C'est insultant.
Sur quels critères recrute-t-on les rédacteurs de l'Élysée ? Sur le simple piston ? Comment se fait-il que personne n'ait relu ce texte et ne soit intervenu pour le faire corriger et passer un savon à l'incapable illettré qui l'a écrit ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : jeu. 27 oct. 2011, 17:45
Autant je suis consterné par les fautes d'orthographe des rédacteurs de communiqués des partis politiques (voir le communiqué de Hollande également) et par celles d'autres personnes aussi, autant je ne suis pas du tout d'accord avec votre vision de l'orthographe.Anne a écrit :Ouh la la ! Elle est belle, la France d'aujourd'hui !
Remarquez que ce genre de fautes est devenu tellement courant, la majorité des gens trouvant de moins en moins nécessaire de faire l'effort de les éviter, que je finis par me demander si l'orthographe n'est pas en train de disparaître, tout bonnement, aidée par la réforme de 1990.
L'orthographe ne peut rester immobile au risque qu'un jour plus personne ne comprenne ce qui est écrit. Ce n'est pas près d'arriver évidemment, mais il faut s'y préparer.
Je sais que je vais encore en faire râler plus d'un ici, mais je suis favorable à une réforme de l'orthographe. Et celle de 1990 était positive... je ne vois même pas pour quoi on la critique d'ailleurs puisqu'elle n'est même pas enseignée par les profs des écoles qui, pour la plupart, ne la connaissent même pas!!!
J'ai toujours eu du mal à comprendre cet attachement qu'ont beaucoup de personnes à l'orthographe, qui au final, n'est qu'un code. On ne peut évidemment pas tout bouleverser et limiter l'orthographe française à une retranscription "phonétique" (j'espère que je rassure certaines personnes là), car il faut maintenir une logique étymologique également.
Pour moi, une réforme de l'orthographe doit viser à rendre plus cohérent le système orthographique, doit rendre plus efficace le rapport graphème/phonème (en gros, le réduire) tout en restant le plus fidèle possible à l'étymologie.
Je sais que beaucoup de défenseurs de l'orthographe française crient au scandale dès qu'on prononce le terme "réforme"... une réforme appauvrirait la langue française disent-ils, mais c'est complètement faux.
En quoi une langue comme l'espagnol qui a procédé à une réforme profonde de son orthographe au XVIIIème siècle, abandonnant les graphèmes grecs par exemple (plus de "th", de "ph", etc.) serait aujourd'hui plus pauvre que le français?
Autre argument (qui n'en est pas un) des "défenseurs" de l'orthographe (j'utilise des guillemets car je considère que je suis moi-même un défenseur de l'orthographe française): ceux qui sont pour une réforme sont pour un nivellement par le bas. C'est faux. Je suis personnellement, pour une rationalisation de l'orthographe. Sachant que toutes les incohérences orthographiques d'aujourd'hui ne sont pas étymologiques.
Je voudrais exposer ici certaines choses à propos de l'orthographe.
La réforme de 1990 a modifié la place du tréma dans les mots se terminant par -uë vers le "u": on devrait écrire aujourd'hui "ambigüe". La raison donnée est que l'on prononce le "u" donc on place un signe (le tréma) sur le "u" pour que cela soit plus clair et logique. Cela se défend et me semble logique. Si on place le tréma sur le "i" de "maïs" pour marquer la diérèse, il me semble normal qu'on le place sur le "u" aussi puisque c'est le "u" qui est prononcé.
Je ne veux pas trop m'attarder sur le sujet aujourd'hui, j'écrirai surement un autre message. Croyez juste en ma bonne foi, je ne suis pas pour un nivellement par le bas.
Dernière chose: on me reproche souvent aussi de vouloir empêcher les gens d'écrire comme ils l'ont toujours fait. C'est faux. Une réforme de l'orthographe n'implique pas l'abandon de l'ancienne orthographe. En gros, vous, qui avez appris à écrire comme cela, vous pouvez continuer à utiliser cette orthographe. Rien de plus normal. Par contre, là où je ne suis pas d'accord et là où le problème est le plus important à mes yeux, c'est qu'une réforme DOIT être enseignée à l'école. On ne devrait enseigner aux élèves d'aujourd'hui QUE l'orthographe réformée... ainsi, plus tard (lorsqu'on ne sera plus là pour le voir), l'orthographe réformée de 1990 sera la norme, et l'orthographe traditionnelle, la nôtre, sera inusitée.
Juste un petit exemple pour illustrer cela. En espagnol jusqu'en 1959, il fallait écrire un accent sur les passés simples d'une seule syllabe (fué : il fut ou il alla, vió : il vit, dió: il donna, etc.). On a abandonné cette règle en 1959. Vous imaginez bien que les personnes qui avaient appris à écrire avec accent ont continué à le faire. Aujourd'hui encore quelques personnes ont des doutes mais presque plus personne ne l'écrit cet accent, et plus personne ne voit ça comme un appauvrissement de la langue.
Par contre, une nouvelle réformette en Espagne a été lancée en 2010... et elle a provoqué un scandale généralisé alors qu'elle était infime.
Bref, j'espère ne pas passer encore pour celui qui veut appauvrir la langue française, mais je n'hésite pas à le dire: il faut réformer l'orthographe française.
- Jacques
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Je voudrais appeler l'attention sur une quesion de terminologie : l'Académie française a insisté pour que l'on ne parle pas de réforme, mais de nouvelle orthographe et, plus précisément, de régularisations orthographiques. En fait, l'Académie s'est contentée d'approuver, mais le travail a été fait par le Conseil supérieur de la langue française. Je suis d'accord avec votre point de vue, une bonne partie de ces mesures relèvent du bon sens. Quand se décidera-t-on à généraliser la position du tréma sur la lettre qui se prononce, et non sur celle qui la suit ? : ambigüité est foncièrement plus logique que ambiguïté ; évènement aligne enfin l'écriture sur la prononciation ; imbécilité se modèle sur imbécile, et ainsi de suite. Mais le hic, et les enseignants français ont récemment protesté à ce sujet, c'est que les manuels scolaires sont englués dans la sclérose et restent accrochés à l'ancienne orthographe, cela déconcerte les élèves qui voient le maître écrire différemment, et en outre, risque de leur faire mettre en doute les compétences de celui-ci, ce qui est des plus regrettable.
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Les professeurs ayant protesté pour cela doivent être encouragés à le refaire... le problème est que TRES peu de profs actuels sont formés pour enseigner la nouvelle orthographe. Mon ex petite amie, professeur des écoles, n'a jamais eu de cours expliquant cette nouvelle orthographe, comment pourrait-elle l'enseigner à ses élèves?
Cette situation est évidemment néfaste pour les élèves qui se trouvent déjà face à une orthographe extrêmement difficile à maitriser (d'autant plus avec une méthode de lecture qui penche trop vers le global, ou tout simplement avec un système éducatif complètement inadapté qui voudrait que tous les élèves apprennent à lire au même rythme)...
Cette situation est évidemment néfaste pour les élèves qui se trouvent déjà face à une orthographe extrêmement difficile à maitriser (d'autant plus avec une méthode de lecture qui penche trop vers le global, ou tout simplement avec un système éducatif complètement inadapté qui voudrait que tous les élèves apprennent à lire au même rythme)...
- Jacques
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On a même l'impression qu'il y aurait quelque chose de honteux. Remarquez avec quel empressement les médias ont claironné sur les féminisations, prétendant qu'elles étaient obligatoires, donnant tête baissée dans le sujet, et en rajoutant même plusieurs couches. Ils ont trompé leur monde : ce n'étaient que des recommandations faites par le Premier ministre par circulaire, et destinées au personnel de la fonction publique. Il n'avait pas le droit d'aller plus loin et a respecté ses obligations, mais la TV et le reste ont fait grand tapage là-dessus, inventant même les féminisations les plus aberrantes. En revanche, ils n'ont jamais soufflé un mot sur les régularisations orthographiques publiées en décembre 90, un travail qui aurait pourtant été fort utile.
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- Jacques-André-Albert
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À quand le tréma sur le u de gageure ?oliglesias a écrit :La réforme de 1990 a modifié la place du tréma dans les mots se terminant par -uë vers le "u": on devrait écrire aujourd'hui "ambigüe". La raison donnée est que l'on prononce le "u" donc on place un signe (le tréma) sur le "u" pour que cela soit plus clair et logique. Cela se défend et me semble logique. Si on place le tréma sur le "i" de "maïs" pour marquer la diérèse, il me semble normal qu'on le place sur le "u" aussi puisque c'est le "u" qui est prononcé.
J'ajoute qu'une réforme à dose homéopathique n'interdit pas l'accès à des textes anciens dans leur édition originale : temps, par exemple, a été écrit « tems » jusqu'au premier quart du dix-neuvième siècle sans que cela ne gêne actuellement la lecture. Je vous laisse juger sur ces extraits d'une Histoire de la littérature française, de 1741, où l'on voit que les querelles sur l'orthographe ne datent pas d'hier :oliglesias a écrit :Une réforme de l'orthographe n'implique pas l'abandon de l'ancienne orthographe. En gros, vous, qui avez appris à écrire comme cela, vous pouvez continuer à utiliser cette orthographe.
Et, à propos d'un livre imprimé en 1739 :M. de la Touche retranche les lettres qui ne se prononcent point, comme ne servant, dit il, qu'à embarrasser les enfans & les Etrangers qui apprennent notre langue Il suit dans la pratique cette décision de Thomas Corneille dans ses notes sur les remarques de M. de Vaugelas. « On ôte le d, dit celui ci, de tous les mots où il ne doit point se faire sentir. On ôte aussi l's de tous ceux où elle ne se prononce point & l'on écrit épée & non espée. Cela empêche que les Étrangers ne soient embarrassés à sçavoir quand il faut prononcer l's. Ils la prononcent dans esperance, esprit, espace, parce qu'ils l'y trouvent ; & disent étenduë, éteindre, étude, sans s parce qu'ils n'y en trouvent point. Si l'on écrivoit espier, comme espion, descrire, comme description, comment sçauroient-ils qu'il faut prononcer épier & décrire, sans y faire sentir l's, & dire espion, description, en faisant sonner entiérement l's. »
Ces considérations sur l'adéquation de la graphie et de la prononciation me font penser à l'orthographe gasole qu'on a voulu nous imposer pour un mot que beaucoup prononcent gasoile [gazwal].Mais, dit notre Auteur, « je soutiens que si l'on écrivoit comme l'on prononce, il s'ensuivroit nécessairement qu'il n'y auroit que ceux qui parlent bien, qui écrivissent correctement. Les Gascons écriroient vateau, pour bateau, boiturier pour voiturier, & ainsi des autres : les Limousins écriroient Setembre, pour Septembre, Doteur pour Docteur. Les Picards, ennemis de la lettre h se croiroient pareillement en droit d'écrire un cat, un quen, la bouque, pour un chat, un chien, la bouche. De sorte qu'il se trouveroit dans la langue Françoise autant d'ortographes différentes, qu'il y a de dialectes ou d'accens différens, ce qui seroit ridicule. »
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La nouvelle orthographe conseille le tréma sur le u de gageure justement.Jacques-André-Albert a écrit :À quand le tréma sur le u de gageure ?oliglesias a écrit :La réforme de 1990 a modifié la place du tréma dans les mots se terminant par -uë vers le "u": on devrait écrire aujourd'hui "ambigüe". La raison donnée est que l'on prononce le "u" donc on place un signe (le tréma) sur le "u" pour que cela soit plus clair et logique. Cela se défend et me semble logique. Si on place le tréma sur le "i" de "maïs" pour marquer la diérèse, il me semble normal qu'on le place sur le "u" aussi puisque c'est le "u" qui est prononcé.
- Jacques-André-Albert
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- Jacques
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Mais on a toujours le droit de faire preuve de bon sens en corrigeant une erreur séculaire.Jacques-André-Albert a écrit :Ce tréma sur le e est ancien ; on trouve dans les textes du dix-septième siècle : la ruë, il l'a euë, etc.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Oh mais je me rappelle au contraire très bien qu'il y a eu un grand nombre d'émissions et de débats, notamment à la télévision, sur ce sujet juste après 90. Dans l'ensemble, ça a été un tir de barrage contre les rectifications, et les plus opposés étaient d'ailleurs non pas les professeurs de langue et encore moins les linguistes, mais les "usagers" les plus simples de la langue, ceux qui n'avaient pas fait beaucoup d'études, ceux qui ne parlaient pas forcément très bien et qui écrivaient peut-être encore plus mal, mais qui avaient un attachement viscéral, quasi religieux, à l'orthographe officielle, comme si le français dans son orthographe d'aujourd'hui était une langue incréée, directement révélée par Dieu aux hommes, à l'égal du Coran. En fait, c'est surtout l'ignorance qui rend conservateur, du moins en matière de langue. L'affaire du nénuphar/nénufar avait déjà fait parler d'elle à l'époque.Jacques a écrit :En revanche, ils n'ont jamais soufflé un mot sur les régularisations orthographiques publiées en décembre 90, un travail qui aurait pourtant été fort utile.