Participe passé des verbes pronominaux
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour se sentir, c'est comme pour se laisser ; si le sujet exerce l'action sur lui-même on accorde ; si l'action est exercée de l'extérieur, on n'accorde pas :
elle s'est laissée glisser, elle s'est laissé attraper – elle s'est sentie couler, elle s'est senti happer. Mais les régularisations orthographiques de 1990 font table rase de ces nuances, et admettent l'invariabilité dans tous les cas.
Pour votre autre exemple, on écrira : les punitions que je me suis imaginé infliger. C'est la situation du PP devant un infinitif, qui commande l'invariabilité. On accorderait : Je me suis imaginée riche (j'ai imaginé moi étant riche).
elle s'est laissée glisser, elle s'est laissé attraper – elle s'est sentie couler, elle s'est senti happer. Mais les régularisations orthographiques de 1990 font table rase de ces nuances, et admettent l'invariabilité dans tous les cas.
Pour votre autre exemple, on écrira : les punitions que je me suis imaginé infliger. C'est la situation du PP devant un infinitif, qui commande l'invariabilité. On accorderait : Je me suis imaginée riche (j'ai imaginé moi étant riche).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : mer. 08 févr. 2012, 17:13
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Mais oui, le sujet se voit lui-même. En revanche, on écrirait elles se sont vu attribuer la plus haute récompense.LogrenFeldron a écrit :Mais alors si une femme dit:
"Je me suis vue succéder à cette reine" (c'est un exemple que j'ai trouvé dans un livre d'orthographe....
On considère ici que le sujet exerce l'action sur lui-même ?
Remarquez quand même que le participe présent serait un peu plus académique : Je me suis vue succédant...
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Merci pour vos réponses, mais je dois dire que je ne comprends toujours pas le raisonnement qui permet de différencier:
Je me suis imaginé infliger des punitions à mes élèves
et
Je me suis vue succéder à la reine
La femme s'imagine elle-même infligeant des punitions, tout comme elle se voit elle-même succédant à la reine ?
Je me suis imaginé infliger des punitions à mes élèves
et
Je me suis vue succéder à la reine
La femme s'imagine elle-même infligeant des punitions, tout comme elle se voit elle-même succédant à la reine ?
- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Je crois qu'on entre dans la règle sur les COD :
- Je me suis imaginé infliger des punitions à mes élèves : j'ai imaginé infliger QUOI, des punitions... ; nous avons un COD placé après donc pas d'accord ;
- Je me suis vue succéder à la reine : j'ai vu succéder QUI, me (moi) ; nous avons un COD placé avant, donc accord.
Attendons d'autres avis !
- Je me suis imaginé infliger des punitions à mes élèves : j'ai imaginé infliger QUOI, des punitions... ; nous avons un COD placé après donc pas d'accord ;
- Je me suis vue succéder à la reine : j'ai vu succéder QUI, me (moi) ; nous avons un COD placé avant, donc accord.
Attendons d'autres avis !
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Selon Bordas, le PP s'accorde en genre et en nombre quand le sujet du pronominal est aussi sujet de l'action qu'exprime l'infinitif.
Je me suis vue succéder : c'est moi qui succède et c'est moi que je vois
Je me suis imaginé infliger : c'est moi qui inflige, mais ce n'est pas moi qui imagine, j'imagine moi. J'ai imaginé que moi j'infligeais.
Je me suis vue succéder : c'est moi qui succède et c'est moi que je vois
Je me suis imaginé infliger : c'est moi qui inflige, mais ce n'est pas moi qui imagine, j'imagine moi. J'ai imaginé que moi j'infligeais.
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
S'imaginer suivi d'un infinitif ou de la conjonction que n'est pas un verbe pronominal réfléchi, mais une sorte de locution verbale qui signifie « voir en esprit ». Je me suis imaginé = j'ai cru, j'ai supposé. C'est la même chose que j'ai imaginé donner, infliger, administrer... Dans les autres cas c'est le verbe imaginer, pronominal réfléchi : Je me suis imaginée en costume de mousquetaire = je me suis vue.
J'ai épuisé mes ressources. Claude a également essayé. Nous ne pouvons pas aller plus loin. Je ne suis pas professeur de français, mon métier c'était la Bourse.
J'ai épuisé mes ressources. Claude a également essayé. Nous ne pouvons pas aller plus loin. Je ne suis pas professeur de français, mon métier c'était la Bourse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : mer. 08 févr. 2012, 17:13
L'explication est pourtant simple : la confusion provient de ce que le verbe s'imaginer supporte plusieurs constructions selon le sens.
Avec le sens de "se représenter, se voir" : Elle s'est imaginée (= elle s'est vue) dans cette situation (elle a imaginé qui ? se mis pour elle, COD placé avant le participe passé d'où accord).
Avec le sens de "croire" : Elle s'est imaginé qu'ils viendraient la voir (elle a imaginé en elle-même quoi ? qu'ils viendraient la voir, COD placé après le participe passé, d'où pas d'accord ; se est ici COI).
Avec le sens de "se représenter, se voir" : Elle s'est imaginée (= elle s'est vue) dans cette situation (elle a imaginé qui ? se mis pour elle, COD placé avant le participe passé d'où accord).
Avec le sens de "croire" : Elle s'est imaginé qu'ils viendraient la voir (elle a imaginé en elle-même quoi ? qu'ils viendraient la voir, COD placé après le participe passé, d'où pas d'accord ; se est ici COI).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Un fil passionnant.
À la page 4 il était question de l'expression « parler français ». Il me semble qu'elle signifie « parler le français » et que « français » y est COD. En tout cas j'exclus pour « français » sans article, dans cet exemple, la fonction d'attribut, comme le proposait quelqu'un :
À la page 4 il était question de l'expression « parler français ». Il me semble qu'elle signifie « parler le français » et que « français » y est COD. En tout cas j'exclus pour « français » sans article, dans cet exemple, la fonction d'attribut, comme le proposait quelqu'un :
brigitte a écrit :oulala... alors ça me complique les choses ça...
C'est quoi Claude svp ?
EDIT : Je crois avoir trouvé, c'est un attribut.
Mais si on parle LE français , là c'est un COD il me semble...
L'Académie note : "Parler le français et, advt., parler français."
Terracher voit dans ce français-là un adverbe de qualité ; Gabriel Wyler, un adjectif adverbal. Ce dernier ajoute, dans sa grammaire en ligne : " Les nuances grammaticales de l'adjectif adverbal sont l'adverbe pur [cas le plus fréquent], le complément prédicatif et l'objet direct [le plus rare]. Souvent la nuance grammaticale de l'adjectif adverbal est un mélange imprécis."
Terracher voit dans ce français-là un adverbe de qualité ; Gabriel Wyler, un adjectif adverbal. Ce dernier ajoute, dans sa grammaire en ligne : " Les nuances grammaticales de l'adjectif adverbal sont l'adverbe pur [cas le plus fréquent], le complément prédicatif et l'objet direct [le plus rare]. Souvent la nuance grammaticale de l'adjectif adverbal est un mélange imprécis."
Mon site Parler français sur les difficultés de la langue française
J'ajoute que Martinon distingue nettement parler le français et parler français : "Il est assez probable que jamais en France on n'a aussi mal parlé qu'aujourd'hui ; on parle le français, mais quant à parler français, c’est autre chose."
Mon site Parler français sur les difficultés de la langue française