Québécisme : "Tu es la coche des mannequins"
- Perkele
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Québécisme : "Tu es la coche des mannequins"
J'ai lu au cours d'une causette écrite sur un forum une félicitations en ces termes : "Tu es vraiment la coche des mannequins !"
Je profite donc de la présence parmi nous de spécialistes des variantes québécoises pour tenter de savoir ce que signifie précisément ce qui me paraît être un document.
Je profite donc de la présence parmi nous de spécialistes des variantes québécoises pour tenter de savoir ce que signifie précisément ce qui me paraît être un document.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Perkele
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J'ai pensée à coach, mais "Tu es l'entraîneuse des mannequins" ne me semblait pas un compliment. ![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
Dernière modification par Perkele le mer. 18 avr. 2012, 6:49, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Klausinski
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Ce site nous offre peut-être une piste intéressante :
http://quebechisme.com/2011/03/31/cest-sa-coche-2/
On y apprend que « être sur la coche », abrégé en « être s’a coche » s’emploie pour désigner ce qui est « cool », admirable. Une mauvaise compréhension de l’expression (le « s’a » ayant été compris comme le déterminant possessif « sa ») a pu donner lieu à la tournure « être la coche de quelque chose », à comprendre comme notre expression française : être la crème de quelque chose.
http://quebechisme.com/2011/03/31/cest-sa-coche-2/
On y apprend que « être sur la coche », abrégé en « être s’a coche » s’emploie pour désigner ce qui est « cool », admirable. Une mauvaise compréhension de l’expression (le « s’a » ayant été compris comme le déterminant possessif « sa ») a pu donner lieu à la tournure « être la coche de quelque chose », à comprendre comme notre expression française : être la crème de quelque chose.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
complément d'information
Bonjour,
cette expression a été popularisée par un humoriste à la radio. En jouant un personnage de menuisier un peu folklorique et pseudo-expert, il a établi graduellement une dérive du sens propre «en plein sur l'entaille, de mesure parfaitement précise» vers «être parfaitement sur la cible, dans le mille, avoir parfaitement raison, être in, être dans le coup, être hot».
Il ne faut pas cependant croire que cette expression est entrée dans le langage courant autrement qu'en imitation consciente de l'humoriste en question.
C'est du moins ma perception.
Bonne journée
cette expression a été popularisée par un humoriste à la radio. En jouant un personnage de menuisier un peu folklorique et pseudo-expert, il a établi graduellement une dérive du sens propre «en plein sur l'entaille, de mesure parfaitement précise» vers «être parfaitement sur la cible, dans le mille, avoir parfaitement raison, être in, être dans le coup, être hot».
Il ne faut pas cependant croire que cette expression est entrée dans le langage courant autrement qu'en imitation consciente de l'humoriste en question.
C'est du moins ma perception.
Bonne journée
- Klausinski
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Ce que vous dites là est intéressant. On ne mesure pas assez l’influence des humoristes sur les modes langagières.
Mais vous ne dites pas si c’est également à cet humoriste qu’est due la confusion — si c’en est bien une et que je ne me sois pas trompé — entre « s’a coche (sur la coche) » et « sa coche », la coche de tel ou tel domaine. Pourriez-vous nous en apprendre plus sur la question ?
Mais vous ne dites pas si c’est également à cet humoriste qu’est due la confusion — si c’en est bien une et que je ne me sois pas trompé — entre « s’a coche (sur la coche) » et « sa coche », la coche de tel ou tel domaine. Pourriez-vous nous en apprendre plus sur la question ?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques-André-Albert
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Je voudrais revenir sur cette affirmation :Klausinski a écrit :Ce site nous offre peut-être une piste intéressante :
http://quebechisme.com/2011/03/31/cest-sa-coche-2/
Ce n'est pas un régionalisme : le dictionnaire de l'Académie nous donne, entre autres sens de coche, nom féminin : « XIIe siècle. Origine obscure.La “coche” (n.f.) de l’expression québécoise est un régionalisme synonyme d’encoche ou d’entaille.
☆1. Entaille faite à un objet solide, dans une matière dure. Faire une coche à un bâton. La coche d'une flèche, l'entaille pratiquée au gros bout de la flèche, et dans laquelle on fait entrer la corde de l'arc. La coche d'une arbalète, l'entaille pratiquée sur le fût, et qui sert à arrêter la corde quand on bande l'arbalète. (On dit aussi Encoche.)
☆2. Entaille faite pour servir de marque, de repère. Pour compter les jours, Robinson Crusoé faisait chaque matin une coche au tronc d'un arbre. Spécialt. Le boulanger d'autrefois faisait une coche à une double réglette en bois pour tenir le compte du client qui achetait à crédit (on disait aussi Hoche). Par méton. Cette réglette elle-même.
☆3. Par anal. Marque, repère au crayon, à l'encre, etc., sans entaille proprement dite. Faire une coche dans la marge d'un livre, des coches au chambranle d'une porte. »
- Jacques-André-Albert
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Oui, c'est marquer d'un trait dans une liste. Dans le milieu des ornithologues amateurs (ce que je fus il y a un certain nombre d'années) on faisait une « coche » sur la liste des oiseaux de son guide favori quand on avait ajouté une nouvelle espèce au répertoire des volatiles vus personnellement. Pour ma part, j'avais atteint le nombre de deux cent trente.Perkele a écrit :Dans la même famille, le verbe "cocher".
- Klausinski
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Bien vu, JAA. Et pendant que nous sommes en train de faire des rapprochements entre les expressions québécoises et les tournures françaises, je me demande si « être sur la coche » peut être comparé à « être sur la brèche » (dont le sens courant, aujourd’hui, est à peu près équivalent à « être d’attaque », en pleine forme). Après tout, une brèche est elle aussi une forme d’entaille
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
s(ur) (l)es
Klausinski a écrit :(...) vous ne dites pas si c’est également à cet humoriste qu’est due la confusion — si c’en est bien une et que je ne me sois pas trompé — entre « s’a coche (sur la coche) » et « sa coche », la coche de tel ou tel domaine. Pourriez-vous nous en apprendre plus sur la question ?
Non, en langage populaire au Québec (à l'oral, en contexte familier), on transforme parfois par élision abusive certaines suites de mots. On pourra dire : «Le lait est s'aa table (sur la)», mais on l'écrira correctement.
Autre exemple : «Chu s'é nerfs» qui veut dire «Je suis sur les nerfs» ou je suis nerveux, stressé, excité.
Chu dérive de j'suis par paresse, je dirais !
s'é = sur les (prononcé sur lé).
Je remarque d'ailleurs qu'on prononce plutôt lé que les, même qu'on laisse parfois tomber le «l». «As-tu vu é filles?», «As-tu pris é papiers?]
Ces formules n'e s'emploieront pas une personne s'adressant à un public (sauf un humoriste ou Céline!) et sauf de façon volontaire pour établir le contexte «québécois pure laine» dans un film ou une pièce de théatre. (Les Belles-Soeurs, Broue...).
Au plaisir,
Christian
p.s. maintenant, si vous nous parliez de quelques-unes de vos expressions, comme «avoir le cul bordé de nouilles» pour «être chanceux» je crois.
Ça surprend un Québécois quand il entend ça pour la première fois dans un film ! Quelle en est l'origine ?
- Jacques
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Re: s(ur) (l)es
L'origine est obscure, il s'agit d'une tournure argotique.boissinottec a écrit :maintenant, si vous nous parliez de quelques-unes de vos expressions, comme «avoir le cul bordé de nouilles» pour «être chanceux» je crois.
Ça surprend un Québécois quand il entend ça pour la première fois dans un film ! Quelle en est l'origine ?
Les locutions argotiques n'ont pas toujours une origine justifiable, elles sont souvent formées sans logique, spontanées, issues de la gouaille populaire, plus pour leur pittoresque que pour leur sens réel.
C'est un renforcement de la formule, toujours argotique, avoir du cul, avoir du pot (ces deux mots étant synonymes).
Prenez ces expressions : circule virgule (on ajoute parfois ou j't'apostrophe), tu l'as dit bouffi, tu parles Charles, pardon madame Jules... Il ne faut pas leur chercher une explication rationnelle. C'est de l'étymologie populaire spontanée.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).