Et/mais/tandis... en début de phrase
Et/mais/tandis... en début de phrase
Tout d'abord, un grand bonjour à tous, car je ne suis pas venue depuis longtemps sur le forum.
Je rencontre actuellement un souci avec des constructions de phrase : je ne partage pas l'avis d'une "collègue de plume" qui refuse systématiquement l'emploi d'une conjonction de coordination en début de phrase. Pourtant, si on n'en abuse pas, je pense que cela donne du caractère au phrasé.
Voici quelques exemples :
- Alors ? Que dis-tu de cette balade au Moulin de la Galette?
- Je n'en dis rien, répliqua-t-elle, blessée qu'il ait balayé d'un coup d'indifférence son rendez-vous de travail.
Et elle laissa le silence continuer à parler pour elle.
Décontenancé, il posa son cadeau sur la cheminée, essuya d'un revers de doigt une salissure ramassée du pavé. Puis il baissa la tête, respira un grand coup, et fit volte-face.
Pour sûr, il était en train de nager entre deux eaux. Mais ces eaux-là étaient trop incompatibles.
D'avance, merci de votre avis !
Je rencontre actuellement un souci avec des constructions de phrase : je ne partage pas l'avis d'une "collègue de plume" qui refuse systématiquement l'emploi d'une conjonction de coordination en début de phrase. Pourtant, si on n'en abuse pas, je pense que cela donne du caractère au phrasé.
Voici quelques exemples :
- Alors ? Que dis-tu de cette balade au Moulin de la Galette?
- Je n'en dis rien, répliqua-t-elle, blessée qu'il ait balayé d'un coup d'indifférence son rendez-vous de travail.
Et elle laissa le silence continuer à parler pour elle.
Décontenancé, il posa son cadeau sur la cheminée, essuya d'un revers de doigt une salissure ramassée du pavé. Puis il baissa la tête, respira un grand coup, et fit volte-face.
Pour sûr, il était en train de nager entre deux eaux. Mais ces eaux-là étaient trop incompatibles.
D'avance, merci de votre avis !
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne vois rien à redire à ces constructions. J'emploie parfois le procédé.
Attention, puis n'est pas une conjonction mais un adverbe.
L'Académie donne ces exemples avec mais :
Au commencement d'une phrase, et surtout dans la conversation, s'emploie pour servir de transition, indiquer qu'on revient à un autre sujet ou qu'on quitte celui dont on parle. Mais, revenons à notre sujet. Mais c'est trop parler de moi.
Avec et :
Placé en tête de phrase ou de proposition, et anime le discours, constitue une relance, ou introduit quelque solennité (style biblique ou épique). Et moi qui croyais... Il bégayait de fureur ; et tout le monde de rire. Et voici que le voile du sanctuaire se déchira. Expr. fam. Et comment ! Et alors ? Et pour cause ! Et d'une ! Et de deux !
Attention, puis n'est pas une conjonction mais un adverbe.
L'Académie donne ces exemples avec mais :
Au commencement d'une phrase, et surtout dans la conversation, s'emploie pour servir de transition, indiquer qu'on revient à un autre sujet ou qu'on quitte celui dont on parle. Mais, revenons à notre sujet. Mais c'est trop parler de moi.
Avec et :
Placé en tête de phrase ou de proposition, et anime le discours, constitue une relance, ou introduit quelque solennité (style biblique ou épique). Et moi qui croyais... Il bégayait de fureur ; et tout le monde de rire. Et voici que le voile du sanctuaire se déchira. Expr. fam. Et comment ! Et alors ? Et pour cause ! Et d'une ! Et de deux !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
J'utilise aussi ce procédé et il ne me semble pas particulièrement rare, surtout dans les dialogues. Je suis persuadée de l'avoir rencontré ailleurs que dans mes propres écrits. :D
– Je ne vous ai jamais pris pour un larbin. Et je vous respecte.
– Vous avez le même regard que votre père. Et je vois que vous avez autant de culot que lui à votre âge.
Il lit l’article, qui est élogieux tout en restant assez sobre, et il le lui rend :
– Vous me jetez des fleurs et je ne vois pas très bien pourquoi. Mais si vous voulez le publier, je n’ai rien contre.
– Ne parlez pas de malheur ! s’écrie B. Avez-vous des soucis de santé ?
– Non, rassurez-vous. Mais je vais avoir quatre-vingts ans cette année et nous ne sommes pas éternels.
Dans ces quelques exemples, on pourrait mettre une virgule à la place du point, mais je trouve que la phrase qui précède n'aurait plus le même poids. La ponctuation reflète également les intonations des personnages. En parlant, on peut aussi ajouter une idée qui nous est venue après coup.
Pendant une seconde, B. eut l’impression que le soliste lui souriait personnellement. Puis les musiciens quittèrent la scène dans un tonnerre d’applaudissements.
Dès qu’il rencontra le regard de B., il arbora une mine assassine en pointant vers elle un doigt accusateur, comme pour dire : « Toi, je vais te tuer ! ». Puis il chaussa ses lunettes de soleil et descendit les marches pour regagner sa voiture.
Là aussi, le point a une valeur expressive qui ne serait pas rendue par une virgule. Dans les deux cas, le personnage s'adresse à son vis-à-vis à travers un regard ou un sourire et il faut donner au lecteur le temps de l'imaginer. C'est en quelque sorte un arrêt sur image.
Tandis que les musiciens se préparaient à jouer, le soliste s’avança et annonça les chansons qu’ils allaient interpréter.
Tandis que sa mère la scrutait d’un air réprobateur, son père prit la parole, furieux :
- Où étais-tu cette nuit ?
Pour moi, ces phrases sont simplement normales. Mais peut-être que j'abuse du procédé...![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Joëlle, j'avais remarqué votre absence et j'ai justement pensé à vous hier soir. Je suis contente de vous lire à nouveau.
– Je ne vous ai jamais pris pour un larbin. Et je vous respecte.
– Vous avez le même regard que votre père. Et je vois que vous avez autant de culot que lui à votre âge.
Il lit l’article, qui est élogieux tout en restant assez sobre, et il le lui rend :
– Vous me jetez des fleurs et je ne vois pas très bien pourquoi. Mais si vous voulez le publier, je n’ai rien contre.
– Ne parlez pas de malheur ! s’écrie B. Avez-vous des soucis de santé ?
– Non, rassurez-vous. Mais je vais avoir quatre-vingts ans cette année et nous ne sommes pas éternels.
Dans ces quelques exemples, on pourrait mettre une virgule à la place du point, mais je trouve que la phrase qui précède n'aurait plus le même poids. La ponctuation reflète également les intonations des personnages. En parlant, on peut aussi ajouter une idée qui nous est venue après coup.
Pendant une seconde, B. eut l’impression que le soliste lui souriait personnellement. Puis les musiciens quittèrent la scène dans un tonnerre d’applaudissements.
Dès qu’il rencontra le regard de B., il arbora une mine assassine en pointant vers elle un doigt accusateur, comme pour dire : « Toi, je vais te tuer ! ». Puis il chaussa ses lunettes de soleil et descendit les marches pour regagner sa voiture.
Là aussi, le point a une valeur expressive qui ne serait pas rendue par une virgule. Dans les deux cas, le personnage s'adresse à son vis-à-vis à travers un regard ou un sourire et il faut donner au lecteur le temps de l'imaginer. C'est en quelque sorte un arrêt sur image.
Tandis que les musiciens se préparaient à jouer, le soliste s’avança et annonça les chansons qu’ils allaient interpréter.
Tandis que sa mère la scrutait d’un air réprobateur, son père prit la parole, furieux :
- Où étais-tu cette nuit ?
Pour moi, ces phrases sont simplement normales. Mais peut-être que j'abuse du procédé...
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Joëlle, j'avais remarqué votre absence et j'ai justement pensé à vous hier soir. Je suis contente de vous lire à nouveau.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Pour ce qui est de « tandis que », je pense que sont surtout incriminées des constructions telles que :manni-gedeon a écrit :Tandis que les musiciens se préparaient à jouer, le soliste s’avança et annonça les chansons qu’ils allaient interpréter.
Tandis que sa mère la scrutait d’un air réprobateur, son père prit la parole, furieux :
- Où étais-tu cette nuit ?
Pour moi, ces phrases sont simplement normales. Mais peut-être que j'abuse du procédé...
« Elles sont allées au match. Tandis que leurs maris organisaient de leur côté un après-midi Tupperware. »
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Vous avez raison Klaus car dans ce cas la proposition subordonnée est séparée de la proposition principale par un point, ce qui me semble-t-il est une faute.Klausinski a écrit :[...]Pour ce qui est de « tandis que », je pense que sont surtout incriminées des constructions telles que :
« Elles sont allées au match. Tandis que leurs maris organisaient de leur côté un après-midi Tupperware. »
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce qui revient à dire qu'on l'utilise pour créer un effet de style.Joëlle a écrit :Je suis d'accord avec vos derniers commentaires. Dans ce cas précis, j'aurais séparé les deux phrases par une simple virgule.
Merci Manni-gedeon. Je vois que nous avons le même sentiment vis à vis de cette pratique, à n'employer que pour faire poids.
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- TSOS
- Messages : 519
- Inscription : ven. 04 févr. 2011, 13:22
- Localisation : Duché de Bretagne / Nordrhein Westfalen /S'la,sk
Que penser de points de suspensions en lieu et place de votre point?
Je ne vous ai jamais pris pour un larbin... et je vous respecte.
Ainsi, la phrase et a fortiori les deux propositions ne sont pas totalement séparées en deux parties distinctes par un point, et une rupture s'opère néanmoins, et dans la lecture, et dans le texte.
Je ne vous ai jamais pris pour un larbin... et je vous respecte.
Ainsi, la phrase et a fortiori les deux propositions ne sont pas totalement séparées en deux parties distinctes par un point, et une rupture s'opère néanmoins, et dans la lecture, et dans le texte.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est une manie à la mode que de mettre des points de suspension et des points d'exclamation à des phrases ou des membres de phrases où il n'ont rien à faire.TSOS a écrit :Que penser de points de suspensions en lieu et place de votre point?
Je ne vous ai jamais pris pour un larbin... et je vous respecte.
Ainsi, la phrase et a fortiori les deux propositions ne sont pas totalement séparées en deux parties distinctes par un point, et une rupture s'opère néanmoins, et dans la lecture, et dans le texte.
Les points de suspension marquent l'interruption d'une énumération ou une pause pour ménager un effet. Il n'y a rien de tout cela dans cette phrase, seule une virgule peut convenir ; et encore, elle est facultative.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).