Sage-femme

[Jacques]

J'ai fait récemment, à propos de ce mot, une découverte qui fait une mise au point et appelle quelques déductions. Le dictionnaire d'usage le définit ainsi : Femme dont le métier est de surveiller la grossesse et d'aider à l'accouchement.
Vrai et faux. Et quid des hommes qui sont entrés dans le métier ? Faut-il en faire des sages-hommes ? Non, c'est une impropriété que refusent les intéressés. Car cette définition est trompeuse, en laissant supposer que femme désigne la personne qui exerce la fonction, alors que c'est l'inverse : celle qui reçoit les soins.
L'analyse étymologique nous rappelle que sage est un dérivé de savoir ; le sage est celui qui détient la connaissance, le savoir.
Ainsi donc, la ou le sage-femme est, littéralement, celle ou celui qui connaît la femme, qui sait à propos de la femme et de ses spécificités.
Cette traduction conforme du mot écarte tous les doutes sur une masculinisation qui serait un non-sens.

Quant à maïeuticien, qui évite l'ambigüité de la question, il aurait probablement bien du mal à se faire admettre.

[Anne]

Intéressant !

[TSOS]

Maïeuticien est un mot qu'emploient très volontiers des amis à moi versés dans le domaine médical; et par conséquent je l'emploie aussi.
Mais j'aimerais savoir s'il existe un consensus sur l'étymologie que vous donnez, ou si elle n'est le fruit des réflexions que de quelques uns, peut-être?

[Jacques]

Le consensus n'est pas absolu, et certaines explications avancées ont été rejetées comme fantaisistes, notamment celle qui prétendait que c'était la parturiente qui était sage parce qu'elle passait par une épreuve qui la faisait accéder à la connaissance (on touche à l'ésotérisme initiatique, mais l'idée est déjà là que la femme en question n'est pas l'accoucheuse mais l'accouchée).
J'ai entendu cette explication pour la première fois à la télévision, de la part d'un homme qui exerçait ce métier et disait ne pas être gêné par le mot femme, étant donné ce sens. Je l'ai trouvée plus récemment dans un livret qui explique toutes sortes de curiosités sur la langue française.
J'ai aussi déniché ceci : Sage-femme signifie « expert, habile dans son art auprès des femmes ».
Il n'y a pas de certitude à 100%. J'ai retenu celle-ci parce qu'elle est logique et vraisemblable, et venue de trois sources différentes, dont un professionnel.
Que le monde médical parle de maïeuticien/cienne n'est pas étonnant : le mot remonte à l'Antiquité grecque, et nous savons que la médecine s'est mise à parler grec sous l'impulsion d'Ambroise Paré.

[Jacques-André-Albert]

J'ai fait récemment, à propos de ce mot, une découverte qui fait une mise au point et appelle quelques déductions. Le dictionnaire d'usage le définit ainsi : Femme dont le métier est de surveiller la grossesse et d'aider à l'accouchement.
Vrai et faux. Et quid des hommes qui sont entrés dans le métier ? Faut-il en faire des sages-hommes ? Non, c'est une impropriété que refusent les intéressés. Car cette définition est trompeuse, en laissant supposer que femme désigne la personne qui exerce la fonction, alors que c'est l'inverse : celle qui reçoit les soins.

Je n'en suis pas si sûr. Sage-femme est construit comme prudhomme ou gentilhomme. La femme en question est bien celle qui a le savoir et qui exerce le métier d'accoucheuse.

[Jacques-André-Albert]

À propos de sage-femme, je vous fais part d'une découverte que j'ai faite dans un registre d'état civil de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse :

Aujourd'hui 10è novembre 1748, Marie Herman femme de François Périer, manouvrier de cette paroisse, agée de quarante-huit ans ou environ, a été élue pour exercer l'office de sage-femme, après que les femmes ont été assemblées et qu'elles ont prié Mr le curé d'en désigner une sage et prudente, et bien instruite. Laquelle Marie Herman a été déclarée sage-femme au prône de la messe paroissiale le dimanche 13è octobre de l'année susdite, sans aucune opposition, et a accouché ou assisté plusieurs femmes dans leurs couches avec succès, et a fait serment entre nos mains conformément à l'ordonnance de Monseigneur l'Évêque comte de Verdun, en présence des témoins soussignés.

[Jacques]

Je n'en suis pas si sûr. Sage-femme est construit comme prudhomme ou gentilhomme. La femme en question est bien celle qui a le savoir et qui exerce le métier d'accoucheuse.

Cette version n'est pas plus prouvée que l'autre. Les deux explications sont plausibles. J'ai retenu celle que je cite parce qu'elle vient de plusieurs sources, comme je l'ai dit, et notamment d'un homme exerçant ce métier.
D'ailleurs si vous avez raison, on devrait plutôt dire femme sage (femme qui sait) sur le modèle de femme savante.

[Perkele]

À propos de sage-femme, je vous fais part d'une découverte que j'ai faite dans un registre d'état civil de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse :

Aujourd'hui 10è novembre 1748, Marie Herman femme de François Périer, manouvrier de cette paroisse, agée de quarante-huit ans ou environ, a été élue pour exercer l'office de sage-femme, après que les femmes ont été assemblées et qu'elles ont prié Mr le curé d'en désigner une sage et prudente, et bien instruite. Laquelle Marie Herman a été déclarée sage-femme au prône de la messe paroissiale le dimanche 13è octobre de l'année susdite, sans aucune opposition, et a accouché ou assisté plusieurs femmes dans leurs couches avec succès, et a fait serment entre nos mains conformément à l'ordonnance de Monseigneur l'Évêque comte de Verdun, en présence des témoins soussignés.

Par la suite une espèce de diplôme d'Etat a été créé ; dans les registres d'état-civil on voit apparaître comme profession "sage-femme jurée" (qui a prêté serment).

[Jacques]

Prêté serment, c'est surprenant. On aimerait savoir pour quel motif.

[Jacques-André-Albert]

Une réponse par ici, peut-être ?

[Jacques]

Une sorte de parallèle du serment d'Hippocrate.
Il est bien dommage que l'on doive définir la nécessité de traiter tout le monde sans distinction d'origine ethnique, de mœurs, de religion, de statut social, de handicap ou autre, ce qui devrait aller de soi et venir de façon naturelle sans qu'on ait besoin de jurer.

[Perkele]

Le serment d'Hippocrate dit aussi :

"Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. "

[Perkele]

Une sorte de parallèle du serment d'Hippocrate.
Il est bien dommage que l'on doive définir la nécessité de traiter tout le monde sans distinction d'origine ethnique, de mœurs, de religion, de statut social, de handicap ou autre, ce qui devrait aller de soi et venir de façon naturelle sans qu'on ait besoin de jurer.

Mais c'est plus évident en le jurant

[Jacques]

Probablement, mais il est regrettable qu'on ait à le faire. Le rejet de toute discrimination et de toute ségrégation devrait être un sentiment spontané, naturel.

[JR]

Le rejet de toute discrimination et de toute ségrégation devrait être un sentiment spontané, naturel.

Sans doute, mais la nature humaine n'est pas ainsi faite : ilsuffit de constater la multitude d'atrocités commises en tous temps et en tous lieux pour s'en convaincre.