La question a été posé sur un forum de généalogie auquel je participe.
Que pensez-vous que veuille dire ANTARAGONE dans la phrase :
"Donnation pour prières, faitte en 1404, en faveur de l'Abbaye de Daoulas par Azahaute, la fille antaragone, de tous ses biens aux villages de Toulanbodou ..."
N'y aurait-il pas un rapport avec l'ancien royaume d'Aragon ? Cela ferait donc référence à la nationalité de la personne, mais ce qui est déroutant c'est le préfixe : au-delà d'Aragon ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Il est vrai que c'est ce qui saute à l'esprit en premier lieu, mais qu'est ce que cela aurait avoir avec avec une fille d'un village du Finistère qui fait don de tous ses biens pour recevoir des prières ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Je pense plutôt à une mauvaise lecture. L'inventaire des donations a été fait vers 1740, et reprend un document de 1404. Les écritures anciennes sont difficiles à lire, et souvent mal interprétées. « Azahaute » est déjà bizarre. Les documents en ligne fournis par des généalogistes amateurs présentent souvent ce genre d'erreur. J'ai récemment vu le nom Chayet, mal lu sur des actes du dix-huitième siècle, et écrit « chezé », et d'autres erreurs semblables.
Un jour mon père avait fourni un papier manuscrit à des journalistes où il expliquait le traitement de l'eau avec du bioxyde de chlore, qui est devenu, sur le journal du lendemain, biosajole de chlore ; l'écriture de mon père pouvait permettre cette interprétation.
Dernière modification par Jacques-André-Albert le mar. 08 mai 2012, 12:46, modifié 1 fois.
C'est plus plausible. Le mot n'existerait donc pas, et résulterait d'une erreur de transcription, le copiste n'ayant pas cherché, faute de référence, un terme connu.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
C'est même vraisemblable ; en 1740, on ne savait plus lire les écritures du début du quinzième siècle. Il faudrait se familiariser avec des documents d'époque, et de la même région, pour tenter des hypothèses de restitution.
Perkele, vous pourrez suggérer tout cela à monsieur Morvan.
Il est vrai que son usage a été longtemps flottant. Dans les premières éditions du dictionnaire de l'Académie, on trouve des majuscules en cours de phrases ou après une virgule. Exemple : On appelloit autrefois, Chevalier, Celuy qui estoit promeu avec quelques ceremonies à un certain degré d'honneur dans la milice au dessus de l'Escuyer. Il a esté armé Chevalier. il faloit estre Chevalier pour se battre contre un Chevalier. le Roy François premier fut fait Chevalier par le Chevalier Bayard.
Mais il me semblait qu'elle se mettait toujours aux noms propres. Peut-être que JAA aurait des références ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je n'ai pas de références pour les textes imprimés, en dehors de ce qu'on peut constater dans les textes anciens disponibles en ligne, et pour lesquels l'usage des majuscules au cours des siècles reste à étudier.
En ce qui concerne la pratique manuscrite, j'ai pu constater, dans les registres d'état civil, que les noms propres, et en particulier les noms de personnes, portent rarement une majuscule à l'initiale dans le corps des actes ; dans les signatures, seuls les personnes qui veulent faire état de leur rang, vraisemblablement, usent de la majuscule ; de nombreuses personnes, dont la familiarité à l'écriture transparaît dans l'aisance du tracé, écrivent leur nom en minuscules ; les gens peu instruits signent souvent en majuscules d'imprimerie. Il faut attendre le dernier quart du dix-neuvième siècle pour voir systématisé l'emploi de la majuscule initiale aux noms propres. Cependant, une étude plus fine serait à mener, tenant compte des époques et des lieux.
D'après le Dictionnaire historique, en grec et en latin elles avaient un rôle ornemental mais aucune justification orthographique.
En français, elles sont apparues dans l'écriture dite caroline, inventée sous Charlemagne, d'abord dans les titres et au premier mot de chaque vers en poésie. Aux XIVe et XVe s. elles servaient dans les actes pour marquer les débuts de mots, surtout les noms communs, alors que les noms propres gardaient la minuscule initiale. Aux XVIe et XVIIe l'extension de l'imprimerie a conduit à en fixer les règles telles que nous les pratiquons de nos jours : majuscules aux noms propres, ainsi qu'en début de paragraphe ou après un point.
En fait, nous pouvons constater que les très nombreux mauvais usages de la majuscule qui sont pratiqués actuellement ne sont qu'un retour en arrière, à tous points de vue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Jacques a écrit :Aux XVIe et XVIIe l'extension de l'imprimerie a conduit à en fixer les règles telles que nous les pratiquons de nos jours : majuscules aux noms propres, ainsi qu'en début de paragraphe ou après un point.
Je n'en suis pas si sûr : regardez, par exemple, ce texte de 1681.