Réplique
- Jacques
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Réplique
Chaque fois que se produit quelque part un tremblement de terre, on entend parler de « répliques ». J'ai d'abord pensé à une impropriété, mais j'ai pris la peine de vérifier : en géophysique, ce mot est d'emploi correct et il n'y a donc rien à y redire.
Ce qui me chagrine, en revanche, c'est la définition du Robert : « Nouvelle secousse sismique succédant au choc principal d'un tremblement de terre ».
Le Dictionnaire des difficultés du même Robert se montre plein d'indulgence pour secousse sismique et donne une justification : il prétend que l'adjectif sismique qualifiant une secousse ne s'emploie que pour les tremblements de terre, alors qu'il existe d'autres types de secousses qui ne sont pas sismiques.
Le Petit Larousse évite la périssologie : « Secousse secondaire faisant suite à la secousse principale d'un séisme ». Et le Larousse des difficultés de préciser : « Éviter le pléonasme secousse sismique (séisme est issu du grec seismos qui signifie choc, secousse). On dit correctement phénomène sismique, secousse tellurique, tremblement de terre ».
Robert est cependant soutenu par Hanse. Grevisse est du même avis que Robert. Bordas, en revanche, va dans le sens de Larousse.
Une fois de plus nous sommes devant les désaccords des spécialistes.
Dans mon raisonnement de petit amateur sans qualification, l'opinion de base est qu'on crée un pléonasme fautif chaque fois qu'on accole deux mots de même sens, et que secousse sismique revient à secousse secouante, qui est du plus mauvais effet.
Et pourquoi employer cette formule discutée, alors que Larousse donne trois termes non suspects ?
Ce qui me chagrine, en revanche, c'est la définition du Robert : « Nouvelle secousse sismique succédant au choc principal d'un tremblement de terre ».
Le Dictionnaire des difficultés du même Robert se montre plein d'indulgence pour secousse sismique et donne une justification : il prétend que l'adjectif sismique qualifiant une secousse ne s'emploie que pour les tremblements de terre, alors qu'il existe d'autres types de secousses qui ne sont pas sismiques.
Le Petit Larousse évite la périssologie : « Secousse secondaire faisant suite à la secousse principale d'un séisme ». Et le Larousse des difficultés de préciser : « Éviter le pléonasme secousse sismique (séisme est issu du grec seismos qui signifie choc, secousse). On dit correctement phénomène sismique, secousse tellurique, tremblement de terre ».
Robert est cependant soutenu par Hanse. Grevisse est du même avis que Robert. Bordas, en revanche, va dans le sens de Larousse.
Une fois de plus nous sommes devant les désaccords des spécialistes.
Dans mon raisonnement de petit amateur sans qualification, l'opinion de base est qu'on crée un pléonasme fautif chaque fois qu'on accole deux mots de même sens, et que secousse sismique revient à secousse secouante, qui est du plus mauvais effet.
Et pourquoi employer cette formule discutée, alors que Larousse donne trois termes non suspects ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Oui, si vous vous en tenez au sens d' "ébranlement" de seismos.Jacques a écrit :secousse sismique revient à secousse secouante
Non, si vous considérez son autre acception (tremblement de terre) qui, seule, a été retenue dans la formation de l'adjectif sismique (qui a rapport aux tremblements de terre). D'où la remarque de Robert.
Plus de précisions sur Séisme, sismique
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- Jacques
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Ce n'est pas l'avis de tout le monde (je parle des spécialistes), mais il y a un semblant de justification qui joue sur l'interprétation du mot grec.
J'en reviens cependant à mon argument précédent : puisqu'il y a doute et désaccord, pourquoi s'obstiner à utiliser une expression contestée, alors qu'il existe d'autres termes non discutés comme : séisme, secousse tellurique, phénomène sismique, tremblement de terre ?
Secousse tellurique est particulièrement bien indiqué, et on a l'impression que c'est par provocation que Robert insiste en parlant de secousse sismique.
J'en reviens cependant à mon argument précédent : puisqu'il y a doute et désaccord, pourquoi s'obstiner à utiliser une expression contestée, alors qu'il existe d'autres termes non discutés comme : séisme, secousse tellurique, phénomène sismique, tremblement de terre ?
Secousse tellurique est particulièrement bien indiqué, et on a l'impression que c'est par provocation que Robert insiste en parlant de secousse sismique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ce n'est pas l'avis de tout le monde, non plus !Jacques a écrit :Secousse tellurique est particulièrement bien indiqué
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Voici ce qu'écrivait André Rigaud dans Vie et Langage :
"Au demeurant le tellurisme est "l'influence du sol sur les habitants d'une contrée, sur leurs mœurs, leur mode de vie". Et l'adjectif tellurique qualifie "ce qui tient à la nature du sol". Une secousse tellurique est donc un ébranlement qui tient à la nature du sol. En voulant raffiner inutilement sur des données acquises, et en manipulant imprudemment le vocabulaire, on aboutit à un non-sens.
On pourrait, à la rigueur, dire une secousse tellurienne, car tellurien signifie "qui provient du sol" ; on ne commettrait plus alors qu'un faux sens. Mais l'adjectif sismique disant parfaitement ce qu'il veut dire - antérieur du reste à séisme - est le seul qui puisse qualifier une secousse provenant d'un tremblement de terre".
Par ailleurs, les termes séisme et tremblement de terre sont trop souvent confondus, alors qu'ils recouvrent des réalités différentes.
Bref, à y regarder de plus près, on est en droit de se demander si l'expression secousse sismique est vraiment plus contestable que toutes les autres expressions envisagées...
Dernière modification par Marc81 le mer. 30 mai 2012, 13:33, modifié 2 fois.
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Re: Réplique
Certes, mais je viens de consulter mon Petit Larousse illustré, édition 2005 :Jacques a écrit :Le Petit Larousse évite la périssologie : « Secousse secondaire faisant suite à la secousse principale d'un séisme ».
- à l'entrée sismique : "secousse sismique : séisme",
- à l'entrée séisme : "SYN : secousse sismique ou tellurique".
L'expression n'a pas l'air de le déranger...
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C'est juste, mais alors il se contredit car dans son ouvrage Difficultés et pièges du français, que j'ai cité plus haut, et qui date de l'année dernière, il déconseille secousse sismique qu'il considère comme pléonasme à éviter.
J'ai déjà constaté ce paradoxce : des faits de langue qu'il dénonce comme fautifs dans cet ouvrage trouvent leur place dans son dictionnaire.
Comment lui faire confiance ? Et comment faire confiance aux autres ?
Une fois encore, ces spécialistes qui devraient nous éclairer nous plongent dans l'indécision et la perplexité par leur inaptitude à adopter une ligne de vue commune.
J'ai déjà constaté ce paradoxce : des faits de langue qu'il dénonce comme fautifs dans cet ouvrage trouvent leur place dans son dictionnaire.
Comment lui faire confiance ? Et comment faire confiance aux autres ?
Une fois encore, ces spécialistes qui devraient nous éclairer nous plongent dans l'indécision et la perplexité par leur inaptitude à adopter une ligne de vue commune.
Dernière modification par Jacques le mer. 30 mai 2012, 16:17, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Non seulement les dictionnaires se contredisent parfois au sein de la même écurie (Petit Robert / Robert / Dixel ; idem chez Larousse), mais il n'est pas rare non plus de trouver des avis divergents au sein d'un même ouvrage (à propos des traits d'union, notamment) !Jacques a écrit :J'ai déjà constaté ce paradoxe : des faits de langue qu'il dénonce comme fautifs dans cet ouvrage trouvent leur place dans son dictionnaire.
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Le constat est que nous ne savons pas où est la vérité, et qu'ils ont l'air de ne pas le savoir non plus. Je reviens à votre définition de tellurique : de la nature du sol. Ce n'est pas ce qu'on trouve ailleurs : de la terre, qui concerne la terre. Le Hachette donne tellurien comme synonyme.
Encore de quoi alimenter notre perplexité !
Encore de quoi alimenter notre perplexité !
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Pas MA définition, celle de RigaudJacques a écrit :Je reviens à votre définition de tellurique : de la nature du sol. Ce n'est pas ce qu'on trouve ailleurs : de la terre, qui concerne la terre. Le Hachette donne tellurien comme synonyme.
Encore de quoi alimenter notre perplexité !
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Effectivement, je me suis fait la même réflexion, en regardant la définition du TLFi.
Tout ça pour dire que, en matière de secousse, il n'y a pas que l'écorce terrestre qui puisse être ébranlée : nos convictions également !
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Quand j'ai écrit « votre définition » je sous-entendais celle que vous avez trouvée.
Tout cela est quand même bien embrouillé et nous ne sommes pas plus avancés. Remarquez que c'est la même chose dans tous les domaines ; que ce soient les médecins, les plombiers ou n'importe quelle autre catégorie de « spécialistes », vous recevez toujours des avis différents, voire contradictoires, et on ne peut se fier à personne.
Tout cela est quand même bien embrouillé et nous ne sommes pas plus avancés. Remarquez que c'est la même chose dans tous les domaines ; que ce soient les médecins, les plombiers ou n'importe quelle autre catégorie de « spécialistes », vous recevez toujours des avis différents, voire contradictoires, et on ne peut se fier à personne.
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Il faut avant tout suivre son propre jugement, c'est ce que je me dis de plus en plus en prenant de l'âge.Jacques a écrit :que ce soient les médecins, les plombiers ou n'importe quelle autre catégorie de « spécialistes », vous recevez toujours des avis différents, voire contradictoires, et on ne peut se fier à personne.
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Comme je l'avais annoncé, j'ai laissé sur le site de l'Académie une question relative à l'expression « secousse sismique ». En fait elle se contente de s'aligner sur les opinions des uns et des autres qui lui sont favorables, en reprenant textuellement leurs arguments. Pas d'avis personnel de l'aréopage donc. Voici la réponse :
Nous suivons sur ce point Le Trésor de la langue française, qui écrit :
"La locution secousse sismique est considérée comme pléonastique en raison de l'étymologie de sismique. Mais dans la mesure où sismique est réservé aux secousses dues aux tremblements de terre, précisant ainsi la nature de ces secousses, on peut admettre cette locution d'ailleurs courante."
Je me contenterai de parler prudemment de tremblement de terre ou de secousse tellurique.
Nous suivons sur ce point Le Trésor de la langue française, qui écrit :
"La locution secousse sismique est considérée comme pléonastique en raison de l'étymologie de sismique. Mais dans la mesure où sismique est réservé aux secousses dues aux tremblements de terre, précisant ainsi la nature de ces secousses, on peut admettre cette locution d'ailleurs courante."
Je me contenterai de parler prudemment de tremblement de terre ou de secousse tellurique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ah l'Académie ! "ce n'est plus ce que c'était mon pauvre Môssieu !" Plaisanterie mise à part je constate qu'ils planchent sur la 9e édition depuis 9 ans si je ne m'abuse, alors que la réalisation de la 8e avait été plus rapide. Corrigez moi si je me trompe !Jacques a écrit :Comme je l'avais annoncé, j'ai laissé sur le site de l'Académie une question relative à l'expression « secousse sismique ». En fait elle se contente de s'aligner sur les opinions des uns et des autres qui lui sont favorables, en reprenant textuellement leurs arguments. Pas d'avis personnel de l'aréopage donc. Voici la réponse :
Nous suivons sur ce point Le Trésor de la langue française, qui écrit :
"La locution secousse sismique est considérée comme pléonastique en raison de l'étymologie de sismique. Mais dans la mesure où sismique est réservé aux secousses dues aux tremblements de terre, précisant ainsi la nature de ces secousses, on peut admettre cette locution d'ailleurs courante."
Je me contenterai de parler prudemment de tremblement de terre ou de secousse tellurique.
- Jacques
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Vous ne vous trompez pas. La huitième s'étalait de 1932 à 1935. La première édition avait paru en 1694, la suivante en 1718, et au fil du temps les écarts s'allongent. Au rythme où elle va, le dictionnaire sera dépassé quand elle arrivera au bout, dans combien d'années ? Il lui aura fallu probablement une douzaine d'années pour mener la tâche à bien.
En fait, pour ma question elle ne tranche rien et se contente de répéter l'avis donné ailleurs en le recopiant textuellement. Ce n'est pas ce que j'attendais.
En fait, pour ma question elle ne tranche rien et se contente de répéter l'avis donné ailleurs en le recopiant textuellement. Ce n'est pas ce que j'attendais.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).