Aberrer
Aberrer
J’entendais à la radio il y a peu un auditeur qui faisait allusion aux propos d'un homme politique en disant :
" Quand j’entends des propos semblables je suis aberré"
Je pense qu'il voulait dire atterré, stupéfait, et je me suis demandé si par hasard le verbe aberrer existait... Il existe bien, à ma surprise je dois dire, mais pas dans ce sens et pas conjugué sauf au participe présent qui a donné l'adjectif (?).
Si par hasard il y avait parmi nous d’autres ignorants je me sentirais moins seul...
" Quand j’entends des propos semblables je suis aberré"
Je pense qu'il voulait dire atterré, stupéfait, et je me suis demandé si par hasard le verbe aberrer existait... Il existe bien, à ma surprise je dois dire, mais pas dans ce sens et pas conjugué sauf au participe présent qui a donné l'adjectif (?).
Si par hasard il y avait parmi nous d’autres ignorants je me sentirais moins seul...
- Jacques-André-Albert
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Je ne m'étais jamais penché sur le verbe qui a donné aberrant (toute une vie ne suffirait pas, je pense, pour explorer tous les recoins de la langue), et j'avoue que je ne l'ai jamais utilisé, ni même rencontré dans mes lectures.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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Il faut quand même dire à notre décharge que ni Littré ni l'Académie ne le mentionnent (pour cette dernière il ne figure dans aucune des éditions du dictionnaire de la premièe à la neuvième).
D'après le Dictionnaire historique, il aurait fait une courte apparition au XVIe s. avant de tomber dans l'oubli, pour reparaître au XIXe avec un autre sens tout en demeurant d'un usage très rare.
C'est presque un verbe fantôme.
D'après le Dictionnaire historique, il aurait fait une courte apparition au XVIe s. avant de tomber dans l'oubli, pour reparaître au XIXe avec un autre sens tout en demeurant d'un usage très rare.
C'est presque un verbe fantôme.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Pour ma part, au contraire, je ne perçois pas de différence de sens entre son emploi ancien et l'usage qui en est fait au dix-neuvième siècle, sans tenir compte de sa rareté ; le verbe, qui signifie s'écarter de au sens propre (du latin ab errare = errer loin de), et qui est déjà employé par Cicéron au sens figuré de s'égarer dans son esprit ; c'est dans ce sens que Michel d'Amboise l'utilise dans une de ses ballades : « si du chemin d'equite aberrons ».Jacques a écrit :Il faut quand même dire à notre décharge que ni Littré ni l'Académie ne le mentionnent (pour cette dernière il ne figure dans aucune des éditions du dictionnaire de la première à la neuvième).
D'après le Dictionnaire historique, il aurait fait une courte apparition au XVIe s. avant de tomber dans l'oubli, pour reparaître au XIXe avec un autre sens tout en demeurant d'un usage très rare.
C'est presque un verbe fantôme.
On le trouve dans un livre religieux de 1621, au sens figuré, dans le Grand dictionnaire franco-flamand de Jean-Louis d'Arsy (1651)
On peut noter une apparition, au sens propre, dans les Recherches sur quelques principes des connaissances humaines d'Élie Luzac (1756)
Savoit-on que les corps s attirent en raison inverse du quarré des distances ? que mus en ligne droite, à un certain éloignement d'un autre corps, ils devoient aberrer de leur cours pour s'approcher de ce corps ; & cela suivant des Loix constantes ?
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- JR
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Re: Aberrer
En effet, les politiciens tentent souvent d'induire en erreur ceux qui les écoutent sans exercer leur sens critique. Il est bizarre de ne découvrir ce verbe que maintenant, les occasions de l'utiliser n'ayant pourtant pas manqué.André79 a écrit :J’entendais à la radio il y a peu un auditeur qui faisait allusion aux propos d'un homme politique en disant :
" Quand j’entends des propos semblables je suis aberré"
Je pense qu'il voulait dire atterré, stupéfait, et je me suis demandé si par hasard le verbe aberrer existait... Il existe bien, à ma surprise je dois dire, mais pas dans ce sens et pas conjugué sauf au participe présent qui a donné l'adjectif (?).
Si par hasard il y avait parmi nous d’autres ignorants je me sentirais moins seul...
Si ça peut vous consoler, mon Larousse et moi l'ignorions totalement.
Je crois que je vais lui offrir une popularité qu'il n'a jamais connue en cinq siècles d'existence : reconnaissez que "vous aberrez fortement" a une autre classe que le classique (mais vulgaire) "tu déc. . . à plein tube" !
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
François Rabelais
- Manni-Gédéon
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Je ne connaissais pas aberrer (s'égarer, se perdre si j'ai bien compris) mais il me fait penser à un autre verbe peu connu "adirer" qui signifie perdre ou égarer
Administrativement on parle de plis ou de valeurs adirés
C'est amusant car les 2 étymologies sont proches (ad ire et ab errare) or l'un a le sens d'un verbe à la forme pronominale, l'autre pas !
Administrativement on parle de plis ou de valeurs adirés
C'est amusant car les 2 étymologies sont proches (ad ire et ab errare) or l'un a le sens d'un verbe à la forme pronominale, l'autre pas !