De l'abus des propositions participes
- Jacques-André-Albert
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De l'abus des propositions participes
Vous avez sans doute remarqué, à la télévision, l'utilisation systématique des propositions participes, dans des phrases de ce type :
Emmêlé dans ses explications, il n'a pas su fournir la preuve de ce qu'il avançait.
L'homme de télévision use et abuse de cette tournure, et la construit mal quelquefois (par exemple : retardé par des soucis techniques, la chance ne lui a pas souri).
À cet égard, les commentaires qui accompagnent certaines émissions documentaires sont lassants par leurs phrases toujours construites sur ce modèle, d'égale longueur et débitées sur un ton monocorde et sans doute avec une voix filtrée. J'ai regardé hier soir Des racines et des ailes sur TV5 monde : c'est une émission de qualité, les sujets sont intéressants et bien mis en valeur. Malheureusement ces commentaires plaqués sur les images sont fatigants et presque ridicules dans leur forme.
Emmêlé dans ses explications, il n'a pas su fournir la preuve de ce qu'il avançait.
L'homme de télévision use et abuse de cette tournure, et la construit mal quelquefois (par exemple : retardé par des soucis techniques, la chance ne lui a pas souri).
À cet égard, les commentaires qui accompagnent certaines émissions documentaires sont lassants par leurs phrases toujours construites sur ce modèle, d'égale longueur et débitées sur un ton monocorde et sans doute avec une voix filtrée. J'ai regardé hier soir Des racines et des ailes sur TV5 monde : c'est une émission de qualité, les sujets sont intéressants et bien mis en valeur. Malheureusement ces commentaires plaqués sur les images sont fatigants et presque ridicules dans leur forme.
- Jacques
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Cette construction fautive que vous pointez est devenue courante dans de nombreux domaines de la narration.
Nous suivons cette émission, et le commentateur, par son timbre de voix et sa diction chantante en cycle perpétuel, reprenant le même ton à chaque phrase, m'agace passablement. Il me fait penser au sketch de la Table de multiplication de Jacques Bodoin. Il a en effet certains tics de langage, et j'ajouterai à votre remarque cette manie qu'il a de reprendre « aujourd'hui ceci et cela... » qui revient à tout bout de champ, et qu'en outre il prononce aujord'hui.
Nous suivons cette émission, et le commentateur, par son timbre de voix et sa diction chantante en cycle perpétuel, reprenant le même ton à chaque phrase, m'agace passablement. Il me fait penser au sketch de la Table de multiplication de Jacques Bodoin. Il a en effet certains tics de langage, et j'ajouterai à votre remarque cette manie qu'il a de reprendre « aujourd'hui ceci et cela... » qui revient à tout bout de champ, et qu'en outre il prononce aujord'hui.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Re: De l'abus des propositions participes
Bien maîtrisée, l'anacoluthe peut nous offrir quelques beaux effets :Jacques-André-Albert a écrit :L'homme de télévision use et abuse de cette tournure, et la construit mal quelquefois (par exemple : retardé par des soucis techniques, la chance ne lui a pas souri).
"Exilé sur le sol au milieu des huées /
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher" (Baudelaire, L'Albatros)
Mon site Parler français sur les difficultés de la langue française
- Jacques-André-Albert
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Est-ce vraiment une anacoluthe ? Je perçois plutôt une inversion :Jacques a écrit :Dans l'hymne national français, La Merseillaise, une anacoluthe a longtemps défié ma logique d'enfant et d'adolescent :
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé.
Contre nous, l'étendard sanglant de la tyrannie est levé,
ou encore :
L'étendard sanglant de la tyrannie est levé contre nous.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
L'anacoluthe est une rupture syntaxique : les mots ne sont pas dans l'ordre logique.
Si la phrase suivait l'ordre logique de la syntaxe, on dirait : L'étendard sanglant de la tyrannie est levé contre nous. L'inversion donnerait : Est levé contre nous l'étendard sanglant de la tyrannie. Mais dans le chant il y a un mélange syntaxique plus complexe ne résultant pas d'une simple inversion.
On peut rapprocher ces vers du désordre syntaxique dans cette phrase de Céline citée par mon dictionnaire de rhétorique : Pourtant les flics un peu la veille, ils l'avaient traité encore pire.
Appelons-en à Melchisédech qui a l'air d'être versé en rhétorique.
Si la phrase suivait l'ordre logique de la syntaxe, on dirait : L'étendard sanglant de la tyrannie est levé contre nous. L'inversion donnerait : Est levé contre nous l'étendard sanglant de la tyrannie. Mais dans le chant il y a un mélange syntaxique plus complexe ne résultant pas d'une simple inversion.
On peut rapprocher ces vers du désordre syntaxique dans cette phrase de Céline citée par mon dictionnaire de rhétorique : Pourtant les flics un peu la veille, ils l'avaient traité encore pire.
Appelons-en à Melchisédech qui a l'air d'être versé en rhétorique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- TSOS
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Re: De l'abus des propositions participes
Je ne comprends pas ce qui est choquant...Jacques-André-Albert a écrit :Vous avez sans doute remarqué, à la télévision, l'utilisation systématique des propositions participes, dans des phrases de ce type :
![[confus] :?](./images/smilies/icon_confused.gif)
- Manni-Gédéon
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- Localisation : Genève (CH)
Pour vous, Tsos, je reprends les exemples de Jacques-André-Albert :
Retardé par des soucis techniques, la chance ne lui a pas souri.
Ici, la syntaxe est boiteuse car "il" (celui qui a été retardé) devrait être le sujet du verbe. Autrement, à l'oral, on comprend que c'est la chance qui a été retardée.
Emmêlé dans ses explications, il n'a pas su fournir la preuve de ce qu'il avançait.
Cette phrase est correcte et elle n'est pas dérangeante en elle-même. Mais l'intérêt de cette tournure est de varier la structure des phrases pour éviter la monotonie. Si on l'utilise de manière systématique, le but n'est pas atteint...
Retardé par des soucis techniques, la chance ne lui a pas souri.
Ici, la syntaxe est boiteuse car "il" (celui qui a été retardé) devrait être le sujet du verbe. Autrement, à l'oral, on comprend que c'est la chance qui a été retardée.
Emmêlé dans ses explications, il n'a pas su fournir la preuve de ce qu'il avançait.
Cette phrase est correcte et elle n'est pas dérangeante en elle-même. Mais l'intérêt de cette tournure est de varier la structure des phrases pour éviter la monotonie. Si on l'utilise de manière systématique, le but n'est pas atteint...
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- Jacques-André-Albert
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