Euphémismes

[JR]

Pour les questions raciales, c'est autre chose.

En principe, oui; en réalité, pas tout à fait. Ne pas être de la bonne ethnie (même si ce n'est pas physiquement visible) là où on vit, c'est aussi un handicap.

[Jacques]

Je suis bien d'accord avec vous, et ce que je voulais dire c'est que le sujet est beaucoup plus délicat et plus sensible, du point de vue du vocabulaire, que celui d'un handicap physique ; les précautions de langage sont parfois justifiées, sans tomber dans les excès absurdes.
Je me rapelle un ami français, arménien, qui avait passé son enfance en Turquie et pratiquait un peu la langue locale. Son nom de famille était Kessedjian mais il nous disait que, quand il retournait en Turquie, il prétendait s'appeler Kessedj, qui faisait couleur locale.

[AliceAlasmartise.]

Le mot mal-voyant est utile, le mot non-voyant est consternant.

Il n'est utile qu’utilisé à bon escient, mais quand on emploie malvoyant pour parler d'un aveugle, ça devient un peu n'importe quoi...

Dans le monde arabe, de ce que j'en ai vu, les étiquettes raciales sont plus impitoyables car on en est encore à une exploitation proche de l'esclavage des noirs, des pakistanais, sri lankais, éthiopiens, soudanais, irakiens, etc...
Et les arabes de nationalité jugée « impropre » sont purement et simplement exclus, le racisme est partout.
Quand on va à la piscine avec une personne noire, on nous demande : « La bonne, elle nage ? »
Parce que noire=bonne, et que certaines personnes refusent que la femme de ménage ait le droit de nager.
Les palestiniens, qui ont la chance de pouvoir le faire, se feront passer pour des turques.

La mentalité fait que oui, c'est un handicap, encore plus là-bas qu'en France, je pense.

[Jacques]

Le racisme, en France, n'est malheureusement pas complètement éteint, mais il y a du progrès. Ce que vous dites du monde arabe et de ses discriminations est désolant. C'est une ségrégation extrême.

[JR]

Ce que vous dites du monde arabe et de ses discriminations est désolant. C'est une ségrégation extrême.

qui s'implante et se développe en France : ma fille vient d'en être victime.

[Jacques]

À la veille de 2013, il y a donc encore des comportements de ce genre. Je croyais que cela appartenait au passé. Nous avons été assez bien servis du côté du racisme, avec notre fils moitié noir et probablement moitié maghrébin, mais nous ne savons pas ce qu'il en est aujourd'hui qu'il est majeur et loin de nous.
Remarquez qu'il y a des ségrégations raciales assez inattendues. Nous habitons en Champagne, et nous avons appris par un reportage dans une revue locale qu'à Épernay il ne fait pas bon avouer qu'on est ardennais. Il existe une forte communauté ardennaise implantée dans la ville, et les brimades et vexations vont paraît-il bon train. Un rejet total, comme pour les juifs au Moyen Âge.

[jarnicoton]

Un moyen assez efficace de surmonter les préjugés régionaux dont on serait "victime" (l'abus du mot est agaçant) : fréquenter si on le peut un cercle "de luxe" : Rotary, terrain de golf, aéroclub...

[Hippocampe]

Il y a sûrement des gens qui n'aiment pas ceux qui fréquentent un cercle "de luxe" : Rotary, terrain de golf, aéroclub...

[Klausinski]

Ou tout simplement participer aux activités locales, même si elles ne sont pas « de luxe ».

[Jacques]

Ou tout simplement participer aux activités locales, même si elles ne sont pas « de luxe ».

Mais encore faut-il y être admis. Les Ardennais d'Épernay ne seraient probablement pas bien vus dans un cercle d'échecs indigène.

[Hippocampe]

Si je vais un jour à Épernay je demanderai aux gens de bien me confirmer que la ville se trouve dans les Ardennes.
Pour me faire des copains.

[Klausinski]

Oui, vous avez sans doute raison, Jacques. J'ai eu la chance, pour ma part, d'être bien accepté dans le village où je me suis installé cette année, alors que je vis en couple avec une personne du même sexe que moi.

[Hippocampe]

Il me semble que l'ostracisme anti-homosexuels a la vie moins dure que le racisme. Ça dépend où, sans doute.

Nous parlons d'euphémismes ici. Y en a-t-il un concernant les homosexuels?

[Claude]

[...] J'ai eu la chance, pour ma part, d'être bien accepté dans le village où je me suis installé cette année, alors que je vis en couple avec une personne du même sexe que moi.

Croyez-vous qu'il s'agisse de chance ? Aujourd'hui je trouve qu'il est tout à fait normal d'être bien accepté, même dans un village, l'inverse constituant maintenant une exception.

[Jacques]

Oui, vous avez sans doute raison, Jacques. J'ai eu la chance, pour ma part, d'être bien accepté dans le village où je me suis installé cette année, alors que je vis en couple avec une personne du même sexe que moi.

Mon fils, outre le racisme propre à ses origines, subissait un certain ostracisme parce qu'il est homosexuel. Je ne sais pas maintenant qu'il est adulte et vit en couple, si les esprits sont apaisés. Il a subi des insultes devant ma femme de la part de copains d'école. Je crois, et j'espère ne pas me faire d'illusions, que, en partie grâce aux médias et à des gens connus qui avouent publiquement cette tendance, les mentalités ont beaucoup évolué et qu'une majorité de gens font preuve de compréhension et de tolérance.

Je suis désolé pour le verbe avouer, qui pourrait donner à tort l'impression qu'il y a faute, mais je n'en trouve pas d'autre.