Hippocampe a écrit :Il me semble que l'ostracisme anti-homosexuels a la vie moins dure que le racisme. Ça dépend où, sans doute.
Je ne comprends pas bien votre phrase. Voulez-vous dire que le rejet des homosexuels, qu'on appelle couramment homophobie, est moins fort, moins courant que le racisme ? Sans doute. Je n'ai jamais été la cible de propos haineux en raison de ma sexualité. Ou plutôt, au collège, les insultes de ce genre étaient fréquentes, mais personne ne me savait homosexuel.
Puis il a écrit :Nous parlons d'euphémismes ici. Y en a-t-il un concernant les homosexuels?
Oui, le mot gay est un genre d'euphémisme. Le mot homosexuel en est aussi un, en quelque sorte. Il a permis d'éviter des mots à trop grande valeur morale, comme « inverti », qui implique qu'il y a une sexualité droite et une sexualité inversée.
Claude a écrit :Croyez-vous qu'il s'agisse de chance ? Aujourd'hui je trouve qu'il est tout à fait normal d'être bien accepté, même dans un village, l'inverse constituant maintenant une exception.
Vous voyez, Claude, avant d'être un villageois moi-même, j'avais des préjugés concernant l'esprit de village. :D
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
Oui, il me semble que l'homophobie s'est beaucoup effilochée ces derniers temps alors que le racisme me paraît encore bien établi.
Jacques, vous auriez pu dire "ont exprimé leur homosexualité".
Je me demande pourquoi le mot "homo" a presque disparu. "Pédé" est évidemment péjoratif et n'est plus usité que par des abrutis. "Gay" n'est pas péjoratif, est courant en angliche mais n'est répandu en France, toujours me semble-t-il, que dans les milieux branchés.
Il me semble qu'il manque un mot, qui serait d'usage simple, non péjoratif et voulant dire homosexuel. Ç'aurait pu être homo mais ce mot me semble tombé en désuétude.
Quant à "lesbienne", est-ce péjoratif? Il y a un couple de lesbiennes dans mon immeuble et tout le monde s'en fout.
Ça n'aurait peut-être pas été comme ça il y a trente ans.
J'ai un copain homo et, idem, tout le monde s'en fout.
Mais pour les blancs, gaulois, noirs, arabes... je crains qu'il n'y ait de l'avenir encore.
J'ajoute aussi les préjugés religieux, voire les aversions religieuses. Je précise que j'habite dans le dix-neuvième arrondissement de Paris qui est particulièrement concerné (surtout le sud de l'arrondissement où je vis, c'est précis): on y trouve pas mal de musulmans fondamentalistes et de juifs fondamentalistes. Des journalistes ont évoqué plusieurs fois la bande du dix-neuvième ou les mosquées du dix-neuvième. La plupart des mosquées et des musulmans sont normaux mais ce quartier a fourni des élèves en nombre non négligeable pour certains camps afghans et certaines mosquées sont virulentes. On y trouve aussi des juifs normaux mais pas mal de juifs à chapeaux (chapeaux petits ou grands) et de plus en plus de commerces ou de restaurants où l'on se sent mal accueilli si l'on n'est pas juif. Un journaliste de Libération a appelé un jour mon quartier "Jérusalem-sur-Seine".
Le Canard enchaîné a d'ailleurs recommandé un roman policier sorti il y a quelque mois dont l'action se déroule chez moi sur ce fond social étonnant. Je l'ai acheté mais non encore lu. "Arab Jazz" de Karim Miské aux éditions Viviane Hamy, collection Chemins nocturnes.
J'aimerais que tout évolue comme l'homosexualité. Comme l'homosexualité en France, je précise, car dans d'autres pays, même en Europe, ça ne va pas du tout de ce côté-là.
Pour en revenir à vous, Jacques, et à votre fils, vous me faites penser à la série policière américaine "New York Unité spéciale": un des personnages principaux a un fils noir et homosexuel, ce qui donne de la matière à certains épisodes.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
Hippocampe a écrit : "Pédé" est évidemment péjoratif et n'est plus usité que par des abrutis.
Ce serait peut-être l'occasion de revenir à la langue française dont nous nous sommes éloignés, en rectifiant une erreur de vocabulaire. Pédéraste n'est pas synonyme d'homosexuel, c'est le vrai terme désignant ces monstres qui ont une attirance coupable envers les enfants. On y trouve la racine paido, comme dans pédagogue, celui qui enseigne aux enfants, pédiatre, médecin qui soigne les enfants... Pédophile est une impropriété, d'après ses deux racines grecques il signifie « qui aime les enfants » mais sans aucune notion de perversité, en toute pureté, comme un bibliophile aime les livres, un aquariophile l'élevage des poissons, et comme un philanthrope aime l'humanité.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Jacques a écrit : Un rejet total, comme pour les juifs au Moyen Âge.
Nous revenons donc au moyen âge (il y a des majuscules ?) :
L'homme avec qui ma fille rèvait de construire un avenir commun vient de rompre sous l'influence de ses "copains" arabes antisémites : il a été mis en demeure de choisir entre elle et eux.
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
"Pédéraste n'est pas synonyme d'homosexuel". Je sais mais en pratique "pédé" s'est mis à vouloir dire homosexuel ou plutôt homosexuel-que-je-n'aime-pas.
JR, si ce gars est comme ça, ça aurait sûrement mal tourné un jour ou l'autre. C'est peut-être mieux que votre fille construise dans quelque temps un avenir commun mieux engagé. Je le lui souhaite.
C'est vrai que nous nous éloignons de la langue française.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
Jacques a écrit :Ce serait peut-être l'occasion de revenir à la langue française dont nous nous sommes éloignés, en rectifiant une erreur de vocabulaire. Pédéraste n'est pas synonyme d'homosexuel, c'est le vrai terme désignant ces monstres qui ont une attirance coupable envers les enfants. On y trouve la racine paido, comme dans pédagogue, celui qui enseigne aux enfants, pédiatre, médecin qui soigne les enfants... Pédophile est une impropriété, d'après ses deux racines grecques il signifie « qui aime les enfants » mais sans aucune notion de perversité, en toute pureté, comme un bibliophile aime les livres, un aquariophile l'élevage des poissons, et comme un philanthrope aime l'humanité.
Oui, le mot pédophile est critiqué ; certains proposent « pédomane ». À mon avis, il ne faudrait tout de même pas mettre sur le même plan la pédophilie ou pédomanie — qui est déjà quelque chose de bien complexe, entre les personnes attirées par des enfants mais qui restent à distance et celles qui cèdent à leur pulsion — et la pédérastie, qui relève des mœurs de l'antiquité, qui constituait un rite initiatique, était codifiée et devait normalement s'exercer sans violence ni contrainte.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
JR a écrit :
Nous revenons donc au moyen âge (il y a des majuscules ?) :
Les deux orthographes sont admises : moyen âge et Moyen Âge, et même avec trait d'union : moyen-âge, Moyen-Âge. Dans la pratique, Moyen Âge avec majuscules et sans trait d'union est probablement l'orthographe prédominante.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Mais dans certains cas, on ne peut comprendre pourquoi on utilise tel mot à la place de tel autre ou telle expression à la place de telle autre que si l'on réfléchit à ce qu'on associe à ces mots ou expressions.
Par exemple, je me demande toujours pourquoi on ne dit plus "homo".
Maintenant, l'étude de l'état des discriminations dans notre pays ou les conseils matrimoniaux sont hors-sujet, j'en conviens. Mais si nous ne dérivions jamais, nous serions des machines, des machines bien réglées j'entends.
Comme nous sommes des humains nous dérivons parfois.
D'où l'intérêt des barrières anti-dérives!
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
Il faut savoir domestiquer les dérives, et s'autodiscipliner pour qu'elles n'aillent pas trop loin. Et puisque nous sommes des humains, nous avons suffisamment de bon sens justement pour rester dans des limites raisonnables et nous arrêter à temps.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Tenir le cap quand se lève le vent de l'émotion demande du savoir au navigateur, surtout à proximité de récifs tels que la religion ou la politique.
D'où l'intérêt d'avoir à bord un capitaine d'armes.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
