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GB-91
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Message par GB-91 »

Jacques a écrit :J'ai aussi remarqué cette faute, et j'ai tiqué. Les journaleux ne peuvent pas se mettre dans la tête la différence qui existe entre les deux adjectifs étudiant et estudiantin.
Il y a même une théorie fumeuse propagée par certains « spécialistes » qui dit qu'estudiantin est pédant ou affecté.
Dans un registre différent mais dans le même quotidien du soir daté du 27 décembre, à propos de la création d’un chantier de démontage de navires à Bordeaux, on peut lire au-dessus d’un cliché représentant un bateau haut d’une trentaine de mètres :

Un cargo de grande taille est découpé à Bassens, en amont de la cité girondine.

Je connais peu et mal cette belle ville de Bordeaux mais je sais qu’il existe un pont appelé « pont de pierre » dont le tirant d’air doit avoisiner les six mètres. Il était donc impossible que notre cargo s’engage à l’amont de Bordeaux.
Les Bordelais auraient-ils, comme à Saint-Pétersbourg, des ponts qui s’ouvrent la nuit pour favoriser le trafic fluvial ? Non, notre rédacteur a tout simplement confondu aval et amont.
Gogol Ertz m’a permis de découvrir que Bassens se trouve au nord de Bordeaux, en rive droite, donc à l’aval. Et, par parenthèse, en matière de marine, on doit dire chantier de déchirement car on y pratique le déchirage des bateaux. C’est le terme en usage.
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Claude
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Message par Claude »

Avec vous je découvre l'expression tirant d'air dont on devine la définition pour qui connaît celle du tirant d'eau ; logique ma foi !
GB-91
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Message par GB-91 »

Claude a écrit :Avec vous je découvre l'expression tirant d'air dont on devine la définition pour qui connaît celle du tirant d'eau ; logique ma foi !
Tirant d'air est surtout utilisé en fluvial. En effet, si sur les canaux le niveau de l'eau est constant, il n'en est pas de même sur les fleuves et rivières qui subissent crues et étiages. Or, le problème du navigateur en temps de crue, c'est de pouvoir passer sous les ponts. Les bateliers de Mâcon en savent quelque chose. Il leur arrive de lester (ou ballaster) avec de l'eau pour pouvoir franchir certains ponts.
En navigation fluviale : tirat d'eau: 1,80 m. Tiant d'air: 3,5 m
cyrano
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Message par cyrano »

Claude a écrit :Une remarque soulignée par le TLFi :
En raison de ses connotations souvent plaisantes, estudiantin est de nos jours de plus en plus remplacé par étudiant en emploi adjectivé
C'est le cas en Belgique aussi, où estudiantin n'a rien de pédant ou d'affecté, mais est au contraire connoté plutôt familièrement (ou plaisamment, comme le dit le TLFi).

A force de parler de folklore estudiantin, de fêtes estudiantines... (qui se réfèrent implicitement à des soirées arrosées), on hésite à utiliser cet adjectif dans des contextes plus sérieux et on a tendance à dire "syndicat étudiant", "mouvement étudiant"...

C'est un peu le même phénomène, mais pour des raisons différentes, qu'avec l'adjectif politicien qui, lui, est souvent connoté négativement ("des querelles politiciennes"), si bien qu'on lui préfère l'adjectif politique dans des emplois plus neutres ou plus positifs ("un combat politique"), bien que le véritable terme péjoratif soit plutôt politicard.
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Claude
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Message par Claude »

Il y en a même qui disent de la politique politicienne.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Il y en a même qui disent de la politique politicienne.
Je pense que cette tautologie est un effet de style que je ne condamnerais pas. C'est dénoncer le fait de faire de la politique pour la politique, et pas dans l'intérêt général.
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Claude
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Message par Claude »

Elle est de loin préférable à au jour d'aujourd'hui.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Elle est de loin préférable à au jour d'aujourd'hui.
Aujourd'hui étant déjà un pléonasme, nous en avons un double, et du plus mauvais effet. Les gens qui nous servent ces sottises manquent vraiment de lucidité.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Le pléonasme ne fait que se répéter, si on regarde l'histoire du mot : hui, dans aujourd'hui, vient du latin hodie (à l'origine hoc die = ce jour) ; aujourd'hui est déjà un pléonasme, le phénomène que nous observons est donc une tendance ancienne, qui, selon le TLFI, n'existerait qu'en français ; du moins, il n'existe nie en italien (oggi), ni en espagnol (hoy).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Message par Brazilian dude »

Ni en portugais (hoje), ni en catalan (avui), ni en roumain (azi), etc.
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Jacques
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Message par Jacques »

Au lieu du pléonasme aujourd'hui (au jour de ce jour), il serait plus logique de dire ce jour. La tournure existe mais elle est fort peu utilisée, sauf dans le langage juridique.
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Message par Claude »

Et lorsqu'elle est employée, c'est souvent sous la forme À ce jour la Terre tourne toujours sur elle-même, mais attendons la prochaine annonce de fin du monde (c'est dimanche, je brode).
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans les Ardennes où je naquis, du moins à l'époque de ma jeunesse, on ne disait pas aujourd'hui mais à c't'heure, qui voulait aussi dire maintenant. Si je ne m'abuse, c'était un régionalisme assez répandu.
En Normandie, les paysans disaient anui.
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cyrano
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Message par cyrano »

A c't'heure reste assez vivant en Wallonie, quoique plutôt utilisé par dérision: "Comment vas-tu, à c't'heure?" est une manière plaisante de demander comment quelqu'un se porte (sans insistance sur l'idée de "aujourd'hui": "à c't'heure" fonctionne plutôt comme une sorte d'interjection, à la manière de "quoi" ou "n'est-ce pas").
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est, en quelque sorte, une de ces expressions sans signification véritable, comme le célèbre « sais-tu » : C'est vrai sais-tu ; il est sympathique sais-tu ; tu ne peux pas (tu ne dois pas en France) sais-tu. Ou comme « allez » fort utilisé en France.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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