"propice aux malheurs" : CORRECT ou PAS CORRECT ?

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Jacques
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Message par Jacques »

shokin a écrit :Dans T'es un chou, même si tu as fait chou blanc., y a-t-il deux métaphores ? (une femme parlant à un homme, qui n'a pas cuisiné)
Je ne le pense pas : il n'y a pas d'antinomie apparente ; mais faire chou blanc c'est subir un échec, et non manquer à quelque tâche.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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shokin
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Message par shokin »

La vérité si je mens ! Le mensonge est vérité. Le silence est très parlant. Entre fausses vérités et vrais mensonges, est-ce que la réalité devient virtuelle ou irréelle ? Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. Est-ce que Raymond Smullyan peut m'aider avec son île peuplée de Purs, qui disent toujours la vérité, et de Pires, qui mentent toujours ?

Une sociologie, une histoire des figures de style disséquées jusqu'à l'atome, y a-t-il des linguistes et scientifiques du langage qui se sont attelés à analyser cette pièce de théâtre ?

Ou faut-il y insérer de la psychologie sociale ? Le proverbe Nul n'est prophète en son pays. me semble être un bon terreau. Difficile d'être primus inter pares. :lol:
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shokin
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Message par shokin »

Jacques a écrit :
shokin a écrit :Dans T'es un chou, même si tu as fait chou blanc., y a-t-il deux métaphores ? (une femme parlant à un homme, qui n'a pas cuisiné)
Je ne le pense pas : il n'y a pas d'antinomie apparente ; mais faire chou blanc c'est subir un échec, et non manquer à quelque tâche.
Mais s'il ne s'agit pas de métaphores, de quelle(s) figure(s) de style s'agit-il (si on leur a donné un nom) ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Je suis peu versé en rhétorique, je ne saurais vous le dire.
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Hippocampe
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Message par Hippocampe »

"
– c'est un cousin éloigné qui habite près de chez moi
– il regardait ses descendants qui montaient l'escalier
– pauvre petite fille riche (chanson de Claude François)
– la bonne des voisins est mauvaise
"

Il n'y a pas un peu de zeugme là-dedans?
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Il faudrait savoir exactement à quoi renvoie le chou de « mon chou ». Ce n'est certainement pas à la plante, ça peut être à la pâtisserie ou au ruban appelés ainsi par analogie. Donc, si « chou » est une métaphore (en employant ce mot au sens large d'analogie), c'est une métaphore de métaphore. Le chou de « mon chou » est celui qui rappelle ce ruban ou cette pâtisserie qui rappelle cette plante qu'on appelle chou.
Pour ce qui est de « faire chou blanc », ce serait plutôt une extension de sens, car l'expression était, selon l'Académie, employée au jeu de quilles dans le sens de « faire une partie sans marquer un point ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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shokin
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Message par shokin »

En fait, je ferais bien de relire en détail cette page ainsi que de me procurer divers ouvrages qui y sont mentionnés, comme :

- Rhétorique Générale,
- Gradus, Les Procédés Littéraires, Bernard Dupriez,
- Introduction à la Rhétorique, Olivier Reboul,
- Traité de l'Argumentation, Chaïm Perelman.

Ainsi que ce site.
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cyrano
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Re: "propice aux malheurs" : CORRECT ou PAS CORRE

Message par cyrano »

Mickaël a écrit :Auriez-vous une expression meilleure que "cette période est propice aux malheurs" ?
Cette expression n'est pas correcte à mon avis, car "propice" a habituellement un sens exclusivement positif.
Je reviens un instant à la question initiale.

Je ne serais pas aussi catégorique à propos de la connotation positive de propice. Tout à l'heure, j'entendais notre Monsieur Météo dire à peu près: "Ce temps doux, calme et humide est propice à la formation de brume et de brouillard". Je ne sais pas vous, mais moi ça ne m'a pas choqué, or on ne peut pas dire que la brume et le brouillard soient connotés de manière particulièrement positive (j'ai entendu ça sur l'autoroute, dans une purée de pois qui créait une atmosphère pour le moins cafardeuse...).

Du coup, j'ai repensé à ce fil et vérifié au Robert, qui définit propice au sens de: "qui se prête tout particulièrement à". Il est vrai que les exemples donnés ensuite sont tous positifs. Mais pour autant, ne pourrait-on pas construire propice avec des compléments en tout cas de valeur neutre, voire généralement négative, comme dans l'exemple de la brume et du brouillard?

"Un climat social tendu, propice aux émeutes", par exemple?
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques
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Message par Jacques »

Hippocampe a écrit :"
– c'est un cousin éloigné qui habite près de chez moi
– il regardait ses descendants qui montaient l'escalier
– pauvre petite fille riche (chanson de Claude François)
– la bonne des voisins est mauvaise
"
Il n'y a pas un peu de zeugme là-dedans?
Pas le moins du monde. Le zeugme est une figure qui réunit deux mots introduits généralement par un verbe, l'un étant au sens propre et l'autre au sens figuré :
– il prit son air le plus inspiré et son porte-documents en cuir ;
– c'était un gendarme à cheval et à moustache ;
– jeune Napoléon était maigre et officier d'artillerie. Plus tard il prit du ventre et beaucoup de pays ;
– cet officier avait reçu trois blessures : une à l'épaule, une autre à Madagascar, et la troisième à la tête de ses troupes.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Jacques a écrit :Pas le moins du monde. Le zeugme est une figure qui réunit deux mots introduits généralement par un verbe, l'un étant au sens propre et l'autre au sens figuré :
– il prit son air le plus inspiré et son porte-documents en cuir ;
– c'était un gendarme à cheval et à moustache ;
– jeune Napoléon était maigre et officier d'artillerie. Plus tard il prit du ventre et beaucoup de pays ;
– cet officier avait reçu trois blessures : une à l'épaule, une autre à Madagascar, et la troisième à la tête de ses troupes.
Vos exemples m'ont fait rire, Jacques. Toutefois, vous allez peut-être dire que je cherche la petite bête, mais on ne peut pas dire qu'à chaque fois un terme est au sens propre et l'autre au sens figuré. Cheval et moustache sont à prendre tous deux au sens propre, tout comme maigre et officier d'artillerie ou épaule et Madagascar. La définition proposée par Wikipédia conviendrait peut-être mieux : « figure de style qui consiste à faire dépendre d'un même mot deux termes disparates qui entretiennent avec lui des rapports différents, en sous-entendant un adjectif ou un verbe déjà exprimé ».
Cyrano a écrit :Du coup, j'ai repensé à ce fil et vérifié au Robert, qui définit propice au sens de: "qui se prête tout particulièrement à". Il est vrai que les exemples donnés ensuite sont tous positifs. Mais pour autant, ne pourrait-on pas construire propice avec des compléments en tout cas de valeur neutre, voire généralement négative, comme dans l'exemple de la brume et du brouillard ?
Comme vous, cet emploi ne me choque pas particulièrement, mais, pour ceux qu'il choque, la définition du Robert peut servir. « Une époque qui se prête (particulièrement) aux malheurs », n'est-ce pas un bon substitut à « propice aux malheurs » ?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
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Message par Jacques »

C'est vrai, j'aurais dû préciser que sens propre et sens figuré est le cas le plus fréquent mais pas absolu, mais je voyais « à cheval » comme un sens propre (cela se discute).
Dernière modification par Jacques le sam. 05 janv. 2013, 8:51, modifié 1 fois.
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Message par Jacques »

Klausinski a écrit :Il faudrait savoir exactement à quoi renvoie le chou de « mon chou ». Ce n'est certainement pas à la plante, ça peut être à la pâtisserie ou au ruban appelés ainsi par analogie.
Il n'y a pas de certitude à 100%, mais ce pourrait être un dérivé du verbe chouer, ancienne forme de choyer.
Quant à faire chou blanc (manquer son but au jeu de quilles comme vous l'expliquez), il viendrait soit des emplois de chou évoquant un échec ou un ratage, une situation déplaisante (il est dans les choux), soit d'une déformation de « faire coup blanc » mais là encore on flotte dans l'incertitude.
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Re: "propice aux malheurs" : CORRECT ou PAS CORRE

Message par Jacques »

cyrano a écrit :Du coup, j'ai repensé à ce fil et vérifié au Robert, qui définit propice au sens de: "qui se prête tout particulièrement à". Il est vrai que les exemples donnés ensuite sont tous positifs. Mais pour autant, ne pourrait-on pas construire propice avec des compléments en tout cas de valeur neutre, voire généralement négative, comme dans l'exemple de la brume et du brouillard?

"Un climat social tendu, propice aux émeutes", par exemple?
Je n'y verrais pas d'inconvénient, je dirai même que cela présenterait quelque facilité, car il manque un mot exprimant cette idée de quelque chose qui réunit les conditions propres à faciliter une situation, sans qu'on prête attention à son caractère favorable ou défavorable. Je crois que l'évolution est inéluctable et que cela finira par passer dans l'usage.
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