Déjeunatoire
- Jacques
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Déjeunatoire
Comme presque tout le monde le sait, je suis chargé par notre association, Défense de la langue française, de répondre aux questions sur la langue des adhérents ou des visiteurs de notre site Internet.
Hier on m'a transmis la demande de quelqu'un qui se dit déjà très agacé par l'adjectif dînatoire (entériné par l'Académie et vieux de 5 siècles) et demande par quoi il pourrait bien remplacer le néologisme déjeunatoire, non validé par les dictionnaires, du moins ceux que je possède et qui ont quelques années, dans une invitation qu'il a reçue : « Il faut être présent à 11 heures. F. nous offrira un verre déjeunatoire. »
Lequel « verre » consiste en un solide buffet propre à remplacer le repas de midi.
J'aimerais connaître vos propositions, je dévoilerai la mienne plus tard.
N.B. : évidemment, nous avons affaire au parisianisme déjeuner désignant le repas de la mi-journée, que les gens sensés nomment dîner.
Hier on m'a transmis la demande de quelqu'un qui se dit déjà très agacé par l'adjectif dînatoire (entériné par l'Académie et vieux de 5 siècles) et demande par quoi il pourrait bien remplacer le néologisme déjeunatoire, non validé par les dictionnaires, du moins ceux que je possède et qui ont quelques années, dans une invitation qu'il a reçue : « Il faut être présent à 11 heures. F. nous offrira un verre déjeunatoire. »
Lequel « verre » consiste en un solide buffet propre à remplacer le repas de midi.
J'aimerais connaître vos propositions, je dévoilerai la mienne plus tard.
N.B. : évidemment, nous avons affaire au parisianisme déjeuner désignant le repas de la mi-journée, que les gens sensés nomment dîner.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Pourquoi ne pas créer soupatoire, petit-déjeunatoire, quatreheuresatoire ou heureduthéatoire ? J'ai l'impression que l'on fabrique beaucoup de mots plus ou moins inutiles et que l'on dira bientôt : Je regarde la télé lunettairement (avec mes lunettes) ; je me rends à la messe dixhuiteurative ; j'ai fait une sieste clinique ou matelasique, que sais-je encore ?
Pour le TLFi, qui note cette expression comme familière, on peut tout à fait parler d'un déjeuner dînatoire ou même d'un goûter dînatoire, car ce mot signifie « qui tient lieu de dîner » (notons qu'un verre qui tient lieu de dîner est une drôle de chose). On peut aussi écrire bêtement : « accompagné d'un déjeuner, d'un repas ».
Pour le TLFi, qui note cette expression comme familière, on peut tout à fait parler d'un déjeuner dînatoire ou même d'un goûter dînatoire, car ce mot signifie « qui tient lieu de dîner » (notons qu'un verre qui tient lieu de dîner est une drôle de chose). On peut aussi écrire bêtement : « accompagné d'un déjeuner, d'un repas ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Votre réaction est à peine exagérée, tant nous voyons fleurir de ces néologismes barbares. Le verbe « petitdéjeuner », par exemple, est maintenant installé dans les mœurs : « Nous petitdéjeunerons à 7 h 30 » est d'usage courant.
Ce qui m'étonne, c'est que l'Académie présente dînatoire comme un dérivé savant de dîner. Mais le mot existe depuis le XVIe siècle. Pour ma part je le rejette.
cependant, la question de mon correspondant était de remplacer déjeunatoire par un mot acceptable désignant un buffet proposé à 11 h du matin.
Ce qui m'étonne, c'est que l'Académie présente dînatoire comme un dérivé savant de dîner. Mais le mot existe depuis le XVIe siècle. Pour ma part je le rejette.
cependant, la question de mon correspondant était de remplacer déjeunatoire par un mot acceptable désignant un buffet proposé à 11 h du matin.
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- Klausinski
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Je crois que l'on parle couramment de brunch. Selon Wikipédia, l'Académie aurait proposé « grand petit déjeuner » à la place de cet anglicisme. Pour, l'Office québécois de la langue française le mot brunch a remplacé « déjeuner dînatoire ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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C'est un peu là que je voulais en venir. Je terminais ainsi mon commentaire :Klausinski a écrit :Je crois que l'on parle couramment de brunch.
Il existe un terme parfaitement adapté, brunch, qui est un mot-valise construit sur breakfast et lunch, mais c’est un anglicisme. Si vous répugnez à son emploi, il me semble qu’apéritif déjeuner (ou apéritif-déjeuner ?) ferait l’affaire. Il s’applique bien aux conditions que vous décrivez. Qu’en pensez-vous ?
Oui, mais le monsieur me répond :
Je récuse les anglicismes ( je dis même fin de semaine...)
apéritif-déjeuner sera comépris avec chaque mot sa signification.
Et apéritif n'est pas très chic pour une invitation...
Alors lançons déjeunatoire qui sera entériné, comme dînatoire.
Pour ce qui me concerne, en l'absence de mot français satisfaisant et devant la quasi-impossibilité d'en créer un, j'accepte volontiers le brunch. Je ne fais pas d'anti-anglicismes irraisonné. Quant à apéritif, je ne vois pas en quoi ce terme ne serait « pas chic ». Il n'a rien de vulgaire ni même de familier.
Comme l'eût dit Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien. Après avoir vomi déjeunatoire, il se dit prêt à l'accepter, et moi je me suis décarcassé inutilement.
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- Jacques
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Oui franchement, la réaction est paradoxale : il considère apéritif comme un mot peu élégant, mais accepte le « verre » de type très familier, et finalement intègre déjeunatoire à son vocabulaire.jarnicoton a écrit :Le verre déjeunatoire sera-t-il servi au foyer occupationnel ?
À Perkele : je veux bien de la collation, entre deux discussions sur le forum.
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- Klausinski
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La réaction de votre correspondant est décevante, en effet. S'il ne veut pas de brunch, qu'il accepte déjeuner dînatoire ou déjeuner-dîner*. Qu'est-ce qu'il peut bien reprocher à ce terme ? Je me répète, il n'est pas besoin de créer un mot pour chaque subtilité de sens. (Pourquoi pas manguetter pour « manger avec des baguettes » ?) Enfin, si tout cela lui déplaît, il peut en rester au « buffet servi à l'heure du déjeuner », non ?
* Comme le propose au XIXe siècle un certain professeur Platt, auteur du Dictionnaire critique et raisonné du langage vicieux (1835).
* Comme le propose au XIXe siècle un certain professeur Platt, auteur du Dictionnaire critique et raisonné du langage vicieux (1835).
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
N'appelle-t-on pas encore, dans certains milieux, déjeuner, dîner et souper les trois repas de la journée ?
Pour ma part, ce qui est logique me semble correct, mais parfois, pour être sûr d'être compris, il vaut mieux s'en tenir à l'usage commun. Moi qui ne mange en général que le soir, après ma journée de travail, je n'appelle jamais ce premier repas mon déjeuner.
En lisant Chéri, de Colette, où les oisifs personnages de la haute société se lèvent, et donc déjeunent, à midi, puis dînent à la fin de la journée, puis enfin soupent au milieu de la nuit, avant de se coucher, j'ai pensé que le décalage horaire de ces trois repas pouvait venir des habitudes de cette haute société, obligeant ainsi par la suite ceux qui se lèvent tôt à inventer le petit-déjeuner.
Pour ma part, ce qui est logique me semble correct, mais parfois, pour être sûr d'être compris, il vaut mieux s'en tenir à l'usage commun. Moi qui ne mange en général que le soir, après ma journée de travail, je n'appelle jamais ce premier repas mon déjeuner.
En lisant Chéri, de Colette, où les oisifs personnages de la haute société se lèvent, et donc déjeunent, à midi, puis dînent à la fin de la journée, puis enfin soupent au milieu de la nuit, avant de se coucher, j'ai pensé que le décalage horaire de ces trois repas pouvait venir des habitudes de cette haute société, obligeant ainsi par la suite ceux qui se lèvent tôt à inventer le petit-déjeuner.
- Klausinski
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J'ai lu autre part cette explication du glissement de sens. Je crois que c'est la bonne.Anne a écrit :En lisant Chéri, de Colette, où les oisifs personnages de la haute société se lèvent, et donc déjeunent, à midi, puis dînent à la fin de la journée, puis enfin soupent au milieu de la nuit, avant de se coucher, j'ai pensé que le décalage horaire de ces trois repas pouvait venir des habitudes de cette haute société, obligeant ainsi par la suite ceux qui se lèvent tôt à inventer le petit-déjeuner.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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