Proverbe, sentence, maxime, dicton
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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Proverbe, sentence, maxime, dicton
Nous avons tous un riche bagage de ces milliers de formules toutes faites et immuables inspirées de l'observation des faits, de la sagesse populaire, des évènement liés aux saisons, de la nature humaine.... : Après la pluie le beau temps ; un tiens! vaut mieux que deux tu l'auras ; Noël au balcon, Pâques aux tisons ; aide-toi le Ciel t'aidera ; les petits ruisseaux font les grandes rivières, etc.
Oui, mais pourquoi ces quatre mots cités dans le titre ? Quelle est la différence, qu'est-ce qui permet de classer une de ces expressions dans l'une ou l'autre catégorie ?
Les définitions du dictionnaire ne nous aident pas vraiment. Ainsi, à dicton je lis : sentence passée en proverbe et à sentence : maxime.
Comment pourrions-nous essayer de les définir ?
Oui, mais pourquoi ces quatre mots cités dans le titre ? Quelle est la différence, qu'est-ce qui permet de classer une de ces expressions dans l'une ou l'autre catégorie ?
Les définitions du dictionnaire ne nous aident pas vraiment. Ainsi, à dicton je lis : sentence passée en proverbe et à sentence : maxime.
Comment pourrions-nous essayer de les définir ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Dans Littré, nous trouvons déjà une distinction entre maxime et sentence. Il est impossible de dire mieux que le grand lexicographe :
MAXIME, SENTENCE. La maxime est une proposition importante qui sert de règle dans la conduite ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est la grandeur, la force. La sentence est une proposition courte qui instruit et enseigne ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est l'idée d'opinion, de manière de voir. Le malheur est le grand maître de l'homme, est une sentence ; Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît, est une maxime. Mais c'est aussi, si l'on veut, une sentence ; de sorte que sentence est plus général que maxime ; il peut se dire là où maxime se dit, mais maxime ne peut pas se dire partout où l'on dit sentence.
Le dicton, dit-il, est une sentence passée en proverbe, c'est-à-dire qu'elle est devenue commune, que tout le monde la connaît.
Dans la définition de proverbe est ajoutée l'incise : en peu de mots. Un proverbe serait donc un peu plus court qu'un dicton.
Pour Jean-François Féraud, « [o]n ne dit [le mot dicton] qu'en plaisantant, et en s'en moquant ».
Littré fait également la distinction suivante :
PROVERBE, ADAGE. Le proverbe peut être et est souvent une sentence revêtue d'une métaphore ou représentant une petite parabole. L'adage est une sentence directe qui n'implique ni métaphore ni parabole.
Il est vrai que tout cela date un peu. Je me demande si ces distinctions sont encore en vigueur.
MAXIME, SENTENCE. La maxime est une proposition importante qui sert de règle dans la conduite ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est la grandeur, la force. La sentence est une proposition courte qui instruit et enseigne ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est l'idée d'opinion, de manière de voir. Le malheur est le grand maître de l'homme, est une sentence ; Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît, est une maxime. Mais c'est aussi, si l'on veut, une sentence ; de sorte que sentence est plus général que maxime ; il peut se dire là où maxime se dit, mais maxime ne peut pas se dire partout où l'on dit sentence.
Le dicton, dit-il, est une sentence passée en proverbe, c'est-à-dire qu'elle est devenue commune, que tout le monde la connaît.
Dans la définition de proverbe est ajoutée l'incise : en peu de mots. Un proverbe serait donc un peu plus court qu'un dicton.
Pour Jean-François Féraud, « [o]n ne dit [le mot dicton] qu'en plaisantant, et en s'en moquant ».
Littré fait également la distinction suivante :
PROVERBE, ADAGE. Le proverbe peut être et est souvent une sentence revêtue d'une métaphore ou représentant une petite parabole. L'adage est une sentence directe qui n'implique ni métaphore ni parabole.
Il est vrai que tout cela date un peu. Je me demande si ces distinctions sont encore en vigueur.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Bravo pour ces trouvailles. Oui, c'est aussi la question que je me pose. N'y aurait-il pas une fusion qui tende à englober le tout dans le mot proverbe, par exemple ? Littré s'est livré à un bel exercice en définissant les caractéristiques des diverses catégories, ce qui est malaisé.
Ce qui nous est accessible, à nous profanes, c'est la distinction portant sur le dicton qui, si je ne me trompe, donne des principes ou des conseils fondés sur l'observation : en avril ne te découvre pas d'un fil ; en mai fais ce qu'il te plaît ; à Sainte-Catherine toute plante reprend racine ; à la Chandeleur l'hiver se passe ou prend vigueur ; la nuit porte conseil... Il me semble, mais je n'ai pas de certitude.
Ce qui nous est accessible, à nous profanes, c'est la distinction portant sur le dicton qui, si je ne me trompe, donne des principes ou des conseils fondés sur l'observation : en avril ne te découvre pas d'un fil ; en mai fais ce qu'il te plaît ; à Sainte-Catherine toute plante reprend racine ; à la Chandeleur l'hiver se passe ou prend vigueur ; la nuit porte conseil... Il me semble, mais je n'ai pas de certitude.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Cela est vrai et je ne m'en étais pas aperçu. Le dicton me semble avoir une origine nettement plus populaire, en général, que le proverbe. Un vers de La Fontaine peut devenir un proverbe. Le dicton vient d'une source plus profonde, plus ancienne.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Perkele
- Messages : 12920
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Je ressens le dicton comme plus mystérieux, peut-être à cause de sa forme désuète ou de termes employés issus de patois. Il ressemble parfois à un oracle qu'il est nécessaire d'interpréter. N'avons-nous pas récemment discuté de "qui dort dîne" ?
Ma mère ma justement dit hier soir (je traduis, mais ça rime en provençal)
Rouge du soir attend du beau temps
Rouge du matin baigne ton voisin
Ma mère ma justement dit hier soir (je traduis, mais ça rime en provençal)
Rouge du soir attend du beau temps
Rouge du matin baigne ton voisin
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
L'article de Wikipedia (qui n'est certes pas la Bible, mais qui n'est pas farfelu non plus) abonde dans votre sens: proverbe serait aujourd'hui un terme générique, recouvrant des distinctions telles que dicton, maxime, sentence... (dont le sens est aussi précisé à l'article Wiki en question).Jacques a écrit :N'y aurait-il pas une fusion qui tende à englober le tout dans le mot proverbe, par exemple ?
Des distinctions, ajouterais-je, qui tendent à se perdre dans l'usage courant, d'autant plus que les frontières entre elles sont parfois très floues. Pour le commun des mortels, toute phrase exprimant une forme de sagesse populaire est aujourd'hui un proverbe. Dicton reste encore fort utilisé pour des expressions proverbiales relatives à la météo et aux saisons, surtout sous forme rimée: il me semble que la présence de la rime fait en sorte qu'on a davantage tendance à qualifier la phrase de dicton ("Pluie du matin n'effraie pas le pélerin" etc).
Mais maxime, sentence, aphorisme, adage et précepte sont des distinctions qui se perdent (pour autant qu'elles aient jamais eu de réalité dans l'usage courant).
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)