Vous répondez bien à ma question, Cyrano. Je me demandais aussi ce que l'on pouvait écrire par exemple à la fin d'un nouveau sujet créé sur ce forum. Certainement pas : « Merci de bien vouloir répondre à ma question », qui aurait l'air d'une injonction. Je crois qu'en fait la meilleure politesse, en l'occurrence, est de formuler sa question de manière claire et développée. On peut remercier ensuite, ou simplement faire savoir que l'on a pris bonne note de ce qui a été dit.cyrano a écrit :Je pense que, dans un contexte pas trop formel, cela peut aussi être utilisé à l'écrit, pour répondre à la préoccupation de Klausinski: "Merci de bien vouloir excuser mon fils", "Merci de bien vouloir transmettre cette demande à...". La personne reste libre de ne pas le faire, mais si elle veut bien, on la remercie déjà.
Impolitesse du remerciement
- Klausinski
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« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Dans ce cas précis, l'idée de "bon vouloir" et de liberté laissée à la personne de le faire ou non doit effectivement être exprimée de manière plus claire. Je dirais "Merci à ceux qui voudront bien répondre à ma question".
Théoriquement, le sens est très proche d'une tournure telle que "Merci de bien vouloir (transmettre etc)...", mais dans ce dernier cas il y a tout de même une présomption que la personne le fera parce que, dans le contexte donné, on ne voit pas très bien pourquoi elle ne le ferait pas. C'est subtil: on semble lui laisser le choix, mais en fait c'est une simple formule de courtoisie. Mais dans le cas que vous citez, cette manière de forcer la main deviendrait gênante.
Comme quoi la langue, et la courtoisie, sont choses bien subtiles...
Théoriquement, le sens est très proche d'une tournure telle que "Merci de bien vouloir (transmettre etc)...", mais dans ce dernier cas il y a tout de même une présomption que la personne le fera parce que, dans le contexte donné, on ne voit pas très bien pourquoi elle ne le ferait pas. C'est subtil: on semble lui laisser le choix, mais en fait c'est une simple formule de courtoisie. Mais dans le cas que vous citez, cette manière de forcer la main deviendrait gênante.
Comme quoi la langue, et la courtoisie, sont choses bien subtiles...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Klausinski
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Vous m'avez bien compris. C'est exactement le type de formule que je cherchais. Grâce à vous, Cyrano, je ne passerai plus jamais pour un rustre. :D
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Cela me rappelle un cas semblable où on fait semblant de vous laisser le choix par politesse tout en ne vous le laissant pas. Je crois que nous en avons déjà discuté.cyrano a écrit :C'est subtil: on semble lui laisser le choix, mais en fait c'est une simple formule de courtoisie.
Comme quoi la langue, et la courtoisie, sont choses bien subtiles...
Un établissement commercial vous écrira : « Nous vous saurions gré de nous régler la facture dans les meilleurs délais » ou quelque chose de semblable. Le fisc, lui, n'emploie pas le subjonctif mais le futur : « Nous vous saurons gré de nous verser cette somme avant le... ».
Le conditionnel fait appel à votre bon vouloir, mais le futur est une mise en demeure : la question ne se pose pas de savoir si vous voudrez ou non, cette fausse courtoisie est une injonction à laquelle vous devez vous plier sous peine de sanctions.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- AliceAlasmartise.
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est exact, et je l'ai maintes fois constaté. Paradoxalement, les services publics, qui avaient jadis une réputation exécrable parfaitement justifiée, ont fait des progrès considérables dans l'accueil et la courtoisie envers les administrés, alors que dans le privé les comportements irrévérencieux et le manque de complaisance se sont fortement accrus.AliceAlasmartise. a écrit :Et il y a tout de même pas mal d'endroits où le client a perdu son statut de roi
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Les endroits où l'on sait que, quoi qu'on fasse, il ne reviendra pas de si tôt (il s'est meublé par exemple) et les endroits où l'on sait qu'il reviendra même s'il est traité comme un chien dans un jeu de quilles (fast-food par exemple).AliceAlasmartise. a écrit :Et il y a tout de même pas mal d'endroits où le client a perdu son statut de roi
Il y a aussi les commerçants improvisés qui, en suivant les conseils ayant pour but la diminution du chiffre de chômeurs inscrits émis par un organisme dont je tairais le nom, s'installent et s'étonnent de ne subsister qu'un seul exercice.
Il y a encore les lieux où l'on arnaque avec le sourire et en faisant des révérences.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
"""Je n'ai pas écrit beaucoup de lettres, mais il paraît que ces codes et règles varient en fonction de plein de facteurs (le contexte, la culture, la relation avec le destinataire, le moyen de communication, etc.).""" (sic Shokin).
Par pure plaisanterie, j'ajoute un facteur de plus: l'employé de la Poste, sans lequel notre lettre n'arrivera pas.
Plus sérieusement concernant les formules de politesse, je me souviens avoir lu un roman dont mes longues recherches de ce matin (et ma mémoire défaillante!) ne m'ont pas permis de retrouver le titre ou l'auteur (peut-être Kundera?) et dans lequel l'un des protagonistes étrangers recevait de France une lettre comportant une formule de politesse qu'il interpréta comme une marque de sincère amitié personnelle.
Si, par un heureux hasard, ceci disait quelque chose à un membre du forum, "je le remercie par avance d'avoir la gentillesse de m'éclairer".![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Par pure plaisanterie, j'ajoute un facteur de plus: l'employé de la Poste, sans lequel notre lettre n'arrivera pas.
Plus sérieusement concernant les formules de politesse, je me souviens avoir lu un roman dont mes longues recherches de ce matin (et ma mémoire défaillante!) ne m'ont pas permis de retrouver le titre ou l'auteur (peut-être Kundera?) et dans lequel l'un des protagonistes étrangers recevait de France une lettre comportant une formule de politesse qu'il interpréta comme une marque de sincère amitié personnelle.
Si, par un heureux hasard, ceci disait quelque chose à un membre du forum, "je le remercie par avance d'avoir la gentillesse de m'éclairer".
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- Klausinski
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- Localisation : Aude
Je n'ai malheureusement pas retrouvé le passage dont vous parlez. J'espère que quelqu'un le retrouvera parce que ce genre de méprise m'amuse toujours beaucoup.
D'ailleurs, ce que vous dites me fait penser à d'autres cas de politesses prises au pied de la lettre. On en trouve de jolis exemples chez Proust :
Comme le sens critique qu’il croyait exercer sur tout lui faisait complètement défaut, le raffinement de politesse qui consiste à affirmer à quelqu’un qu’on oblige, sans souhaiter d’en être cru, que c’est à lui qu’on a obligation, était peine perdue avec lui, il prenait tout au pied de la lettre. Quel que fût l’aveuglement de Mme Verdurin à son égard, elle avait fini, tout en continuant à le trouver très fin, par être agacée de voir que quand elle l’invitait dans une avant-scène à entendre Sarah Bernhardt, lui disant, pour plus de grâce : « Vous êtes trop aimable d’être venu, docteur, d’autant plus que je suis sûre que vous avez déjà souvent entendu Sarah Bernhardt, et puis nous sommes peut-être trop près de la scène », le docteur qui était entré dans la loge avec un sourire qui attendait pour se préciser ou pour disparaître que quelqu’un d’autorisé le renseignât sur la valeur du spectacle, lui répondait : « En effet on est beaucoup trop près et on commence à être fatigué de Sarah Bernhardt. Mais vous m’avez exprimé le désir que je vienne. Pour moi vos désirs sont des ordres. Je suis trop heureux de vous rendre ce petit service. Que ne ferait-on pas pour vous être agréable, vous êtes si bonne ! »
D'ailleurs, ce que vous dites me fait penser à d'autres cas de politesses prises au pied de la lettre. On en trouve de jolis exemples chez Proust :
Comme le sens critique qu’il croyait exercer sur tout lui faisait complètement défaut, le raffinement de politesse qui consiste à affirmer à quelqu’un qu’on oblige, sans souhaiter d’en être cru, que c’est à lui qu’on a obligation, était peine perdue avec lui, il prenait tout au pied de la lettre. Quel que fût l’aveuglement de Mme Verdurin à son égard, elle avait fini, tout en continuant à le trouver très fin, par être agacée de voir que quand elle l’invitait dans une avant-scène à entendre Sarah Bernhardt, lui disant, pour plus de grâce : « Vous êtes trop aimable d’être venu, docteur, d’autant plus que je suis sûre que vous avez déjà souvent entendu Sarah Bernhardt, et puis nous sommes peut-être trop près de la scène », le docteur qui était entré dans la loge avec un sourire qui attendait pour se préciser ou pour disparaître que quelqu’un d’autorisé le renseignât sur la valeur du spectacle, lui répondait : « En effet on est beaucoup trop près et on commence à être fatigué de Sarah Bernhardt. Mais vous m’avez exprimé le désir que je vienne. Pour moi vos désirs sont des ordres. Je suis trop heureux de vous rendre ce petit service. Que ne ferait-on pas pour vous être agréable, vous êtes si bonne ! »
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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