Emploi de "dont"

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Perkele
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Emploi de "dont"

Message par Perkele »

Je lis sur une page touristique :
Le château de La Tour d'Aigues vous rappellera certains châteaux Renaissance du Val de Loire et plus particulièrement de l'Ile de France, dont les plans se sont inspirés.
Et je suis dérangée par la dernière proposition.

Qu'en pensez-vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Il suffit peut-être d'enlever « se », des plans ne pouvant pas s'inspirer eux-mêmes.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Une bizarrerie de cette phrase m’apparaît, sans rapport avec « dont ». « Et plus particulièrement », selon moi, annonce une précision par rapport à « certains châteaux du Val de Loire » et ne devrait pas servir de transition vers « de l’Île-de-France ».
Quant à « dont », il a pour antécédent « certains châteaux Renaissance du Val de Loire et plus particulièrement de l’Île-de-France » : on ne sait pas de quoi les plans de ces châteaux se sont inspirés. Pour moi manque « des siens ».
J’aurais écrit :
Le château de La Tour d’Aigues vous en rappellera d’autres, de style Renaissance, en Val de Loire et en Île-de-France, dont les plans se sont inspirés des siens.
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Jacques
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Message par Jacques »

André (Georges, Raymond) a écrit : J’aurais écrit :
Le château de La Tour d’Aigues vous en rappellera d’autres, de style Renaissance, en Val de Loire et en Île-de-France, dont les plans se sont inspirés des siens.
Je suis comme JAA, « les plans se sont inspirés » ne passe pas chez moi. Ont été inspirés paraît plus logique.
Selon moi, ce n'est pas un cas où on peut user de cette fausse forme pronominale.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Le verbe « s’inspirer » (de) existe, mais il a normalement pour sujet un nom de personne. Je me suis permis, peut-être à tort, de personnifier les plans.
Le sens que prend la phrase d’origine sans le pronom SE (« sont inspirés ») n’a plus rien à voir avec ce que son auteur veut dire : « inspiré » devenant adjectif, elle signifie alors que les plans des châteaux sont « mus par un élan créateur » (Larousse), qu’ils pullulent d’idées originales… La deuxième partie de la phrase d’origine « oubliait » sa première partie par l’omission de « des siens », supprimer SE amplifie, selon moi, l’oubli.
Mais « ont été inspirés », qui consiste cette fois à conjuguer le verbe « inspirer », me plaît tout à fait, s’il est prolongé par « des siens ». Sans que je sois pour autant totalement convaincu de mon erreur !
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La phrase d’origine pèche par une omission qui la rend inintelligible : son auteur a cru, en utilisant « dont », rendre compte à la fois du complément du verbe « s’inspirer » (Question : s’inspirer de quoi ?) et du complément du nom « plans » (Question : plans de quoi ?).

L’idée centrale de la subordonnée introduite par « dont » est la suivante : Les plans des châteaux des deux régions V. de L. et I. de F. se sont inspirés de / ont été inspirés par ceux du château de La T. d’A.

Il s’agit donc de châteaux dont les plans se sont inspirés de / ont été inspirés par ceux du château de La T. d’A.

Mais le château de La T. d’A. et ses plans ont été mentionnés auparavant : pour éviter la répétition, on parle donc de châteaux dont les plans se sont inspirés des / ont été inspirés par les siens.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« Tu parles bien de ta sœur aînée ?
— Oui, c’est d’elle DONT je parle ! »
Il y a longtemps déjà, je m’étais étonné de cet emploi du pronom relatif — qui a continué depuis lors de se répandre dans les médias — auprès d’un collègue professeur de français. Mais il m’avait assuré que l’on pouvait dire aussi bien « C’est d’elle dont je parle ! » que « C’est d’elle que je parle ! » Ma réticence (euphémisme) à accepter DONT en l’occurrence est intacte !
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Jacques
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Message par Jacques »

J'ai des doutes sur les compétences de votre ami. Dont signifie de qui ou de quoi. Si on dit c'est d'elle dont... on emploie deux fois la préposition de, ce qui crée un pléonasme. Que est donc la seule forme admise.
Ce que confirme l'Académie :
Dont équivalant à de qui, de quoi c'est un pléonasme aujourd'hui condamné que de dire : C'est de cette affaire dont je vous parle. On dira : C'est de cette affaire que je vous parle ou c'est l'affaire dont je vous parle.
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AliceAlasmartise.
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Message par AliceAlasmartise. »

La forme « C'est elle dont je parle » n'est-elle pas correcte ? (si c'est le cas, la similitude entre les deux pourrait avoir embrouillé le professeur)
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Claude
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Message par Claude »

On peut dire : c'est elle dont je parle ou c'est d'elle que je parle mais pas en associant dont et d', ce que Jacques a précisé.
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est elle dont je parle me paraît bizarre. Si cela se dit, c'est probablement dans un registre familier, voire populaire (à vérifier). Les livres sur les difficultés du français ne mentionnent pas cette construction. L'Académie française non plus.
Quant au professeur, qu'il se laisse embrouiller par quoi que ce soit montre qu'il ne domine pas son sujet, et de loin. Quand on sait de quoi on parle, on ne se mélange pas dans les constructions. Je veux bien excuser des gens qui n'ont pas fait d'études et exercent un métier sans rapport avec la langue, mais quelqu'un dont c'est la profession, et qui a suivi une formation spécialisée, ne peut pas se laisser embrouiller par des similitudes (après tout quand je dis qu'il a suivi la formation, peut-être que c'était de loin et qu'il n'a jamais réussi à la rattraper !). :D
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :C'est elle dont je parle me paraît bizarre. Si cela se dit, c'est probablement dans un registre familier, voir populaire (à vérifier). Les livres sur les difficultés du français ne mentionnent pas cette construction. L'Académie française non plus.
Vous me surprenez :
c'est lui dont j'ai fait choix (Corneille, Remarques sur Théodore)
car c'est lui dont il est écrit (Bossuet, l'enseignement de l'église catholique sur le dogme et sur la morale)
c'est lui dont on veut attirer les bienfaits sur les époux (abbé Roubaud, synonymes français, 1796).
C'est donc une forme sans doute vieillie, mais non fautive.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Jacques
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Message par Jacques »

Voilà un point acquis. Archaîsme mais pas faute.
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AliceAlasmartise.
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Message par AliceAlasmartise. »

C'est étrange, à l'oral la formule est toujours assez employée, par exemple : « Mais tu sais bien ! Celui dont je t'ai parlé »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

J’ai imaginé la phrase « C’est d’elle dont je parle ! » de la même façon que j’aurais pu faire dire à mon personnage « C’est de lui dont je parle » s’il avait répondu à « Tu parles bien de ton frère ? » Je ne sais plus précisément de quoi il s’agissait. Vous confirmez, Jacques, ainsi que le montre par ailleurs votre citation d’une phrase de l’Académie, le pléonasme que je vois aussi dans cette tournure, à propos de laquelle je me questionnais depuis la réponse de ce collègue.
Et surtout, l’affaire m’est revenue bien des fois à l’esprit par la suite, parce qu’on entend ce genre de pléonasme à longueur de temps dans les médias. Peut-être y a-t-il ici d’autres personnes à en avoir fait l’observation ?
À une question comportant la locution verbale « avoir besoin de », on peut, selon moi, (entre autres !) répondre en utilisant l’ensemble pronom démonstratif, verbe « être », pronom attribut et pronom relatif DONT (C’est lui [elle, cela] dont j’ai besoin) ou l’ensemble pronom démonstratif, verbe « être », préposition « de », pronom et conjonction « que » (C’est de lui [d’elle, de cela] que j’ai besoin.) Je trouve par contre également un peu familière la tournure « C’est elle dont je parle », bien que je ne voie rien à lui reprocher grammaticalement.
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