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- Hippocampe
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- Jacques
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Le wallon, que j'ai appris étant jeune dans ma famille de Belgique, n'est pas à proprement parler une variante du français. C'est l'un des dialectes romans de langue d'oïl jadis parlés en Gaule, et il est apparenté au Picard. JAA en sait probablement plus long que moi, mais je pense que l'on peut dire que ces dialectes étaient du préfrançais. Autant que j'aie pu l'observer, non les médias ne diffusent pas d'émissions en wallon (il y en a plusieurs variantes), disons que c'est un peu » folklorique », et que les Belges, en tout cas ceux que j'ai connus, mettent un point d'honneur à revendiquer leur appartenance à la francophonie.André (Georges, Raymond) a écrit :Dit-on [aginder] ou [ageander] ?
Il m'est arrivé il y a une trentaine d'années de faire étape dans un petit village de Wallonie, à l'approche de Liège, d'écouter des jeunes parler sur la place du village... et de ne quasiment rien comprendre. .
Dans le village où habitait ma famille, les conversations courantes se faisaient en dialecte, mais sorti dudit village on parlait français.
Il y a des mots qui sont apparentés au français, mais d'autres qui n'ont aucun rapport. Par exemple, les pommes de terre son des krompirs. En haut se dit al kopett. Si un Wallon vous dit I n'avout bramain des liards, cela signifie il avait beaucoup d'argent.
Une fable de La Fontaine c'est eun fôp di La Fon-twin-ne. Rwéti c'est regarder, etc. Il n'est pas étonnant que vous n'ayez pas compris, car la parenté, mitigée, est assez lointaine et il s'y ajoute la difficulté d'un accent auquel des oreilles françaises ne sont pas habituées.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Sur cette page, vous pourrez trouver les traits principaux qui distinguent wallon, picard et lorrain du français, ou qui les opposent.
Des exemples :
– là où le français dit dent, le lorrain dit dat, le wallon et le picard dint.
– picard et wallon diphtonguent e devant r ou s : français fer, lorrain fér, wallon et picard fièr.
De même, le français tête se dit de même en lorrain, mais tièsse en wallon et tiète en picard.
La palatalisation du k se produit en wallon et en lorrain, mais pas en picard :
– français chasseur, wallon tchesseu, lorrain tchessou, picard cacheu.
- français chapeau, wallon liégeois, sud-wallon et lorrain tchapé ou tchépé, wallon namurois tchapia, picard capio.
Le picard se distingue aussi par
– la palatalisation du s initial : français et wallon cinq, picard chinq,
– la non mouillure du L comme dans feule (français feuille, wallon foye, fouye)
et boutèle (français bouteille, wallon idem).
Le wallon, quant à lui, s'oppose au français et au picard, entre autres, par :
– la diphtongaison de o ouvert devant r : mwèrt, mwart pour mort
– le maintien du s latin devant p et t : spine, spène pour épine, esté ou osté pour été.
– le maintien du w latin après q : cwarème, cwate et cwinze pour carême, quatre et quinze.
Toutes ces formes varient selon les endroits, mais ce sont des traits généraux.
Des exemples :
– là où le français dit dent, le lorrain dit dat, le wallon et le picard dint.
– picard et wallon diphtonguent e devant r ou s : français fer, lorrain fér, wallon et picard fièr.
De même, le français tête se dit de même en lorrain, mais tièsse en wallon et tiète en picard.
La palatalisation du k se produit en wallon et en lorrain, mais pas en picard :
– français chasseur, wallon tchesseu, lorrain tchessou, picard cacheu.
- français chapeau, wallon liégeois, sud-wallon et lorrain tchapé ou tchépé, wallon namurois tchapia, picard capio.
Le picard se distingue aussi par
– la palatalisation du s initial : français et wallon cinq, picard chinq,
– la non mouillure du L comme dans feule (français feuille, wallon foye, fouye)
et boutèle (français bouteille, wallon idem).
Le wallon, quant à lui, s'oppose au français et au picard, entre autres, par :
– la diphtongaison de o ouvert devant r : mwèrt, mwart pour mort
– le maintien du s latin devant p et t : spine, spène pour épine, esté ou osté pour été.
– le maintien du w latin après q : cwarème, cwate et cwinze pour carême, quatre et quinze.
Toutes ces formes varient selon les endroits, mais ce sont des traits généraux.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques-André-Albert
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Dans la région de Valenciennes, d'où était ma grand-mère, les pommes de terre sont des peun'tières, en haut se dit in haut, et votre phrase se dirait i n'davot granmint d'argint.Jacques a écrit :Par exemple, les pommes de terre son des krompirs. En haut se dit al kopett. Si un Wallon vous dit I n'avout bramain des liards, cela signifie il avait beaucoup d'argent.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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- Jacques
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Dans les Ardennes, j'ignore pourquoi, les pommes de terre sont des canadas.
Si j'ai bon souvenir, dans certaines régions ce nom est donné à des pommes fruits.
J'ai bien retrouvé dans votre liste les mots familiers du wallon que j'avais appris, dans la région de Huy. Mais le mot tchapia me trouble, c'est bien le nom qu'on y donne pour chapeau, alors que le village dépend de la province de Liège, et non de Namur.
Si j'ai bon souvenir, dans certaines régions ce nom est donné à des pommes fruits.
J'ai bien retrouvé dans votre liste les mots familiers du wallon que j'avais appris, dans la région de Huy. Mais le mot tchapia me trouble, c'est bien le nom qu'on y donne pour chapeau, alors que le village dépend de la province de Liège, et non de Namur.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Hippocampe
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Pour ceux qui sont sensibles à ces mots étranges et même parfois troublants vivant si loin de nous : à nos portes, je suggère quelques liens:
http://www.lexilogos.com/wallon_langue_ ... naires.htm
http://dictionnaire-wallon-francais.skynetblogs.be/
http://lucyin.walon.org/diccionairaedje/djiveye400.html
http://www.lexilogos.com/wallon_langue_ ... naires.htm
http://dictionnaire-wallon-francais.skynetblogs.be/
http://lucyin.walon.org/diccionairaedje/djiveye400.html
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Certaines phrases me sont familières, d'autres non mais c'est difficile à déchiffrer. Il existe plusieurs dialectes, en outre je n'ai eu de contacts qu'avec la langue parlée, je ne sais pas s'il y a un code d'écriture mais c'est laborieux à lire. Ne connaissant pas cette écriture, je ne peux pas resituer les mots dans leur phonétique. Je serais prêt à parier que les Wallons que j'ai connus auraient aussi du mal à s'y retrouver.
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"granmint" correspond-il à "grandement" ?Jacques-André-Albert a écrit :Dans la région de Valenciennes, d'où était ma grand-mère, les pommes de terre sont des peun'tières, en haut se dit in haut, et votre phrase se dirait i n'davot granmint d'argint.Jacques a écrit :Par exemple, les pommes de terre son des krompirs. En haut se dit al kopett. Si un Wallon vous dit I n'avout bramain des liards, cela signifie il avait beaucoup d'argent.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
JAA me donne en dialecte picard (ou en patois) la traduction de la phrase que j'ai écrite en wallon. Dans ma phrase donc, bramain ou bramint signifie beaucoup.
Ma phrase veut dire : il a ou il avait (c'est la même chose) beaucoup d'argent.
Ma phrase veut dire : il a ou il avait (c'est la même chose) beaucoup d'argent.
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- Jacques-André-Albert
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Oui, selon les correspondances phonétiques entre le français standard et le picard.André (Georges, Raymond) a écrit :"granmint" correspond-il à "grandement" ?
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(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Manni-Gédéon
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- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
En effet, comme l'a dit Marco, on enseigne le Hochdeutsch dans les écoles et tous les textes officiels sont rédigés en allemand, le Schwytzertütsch étant essentiellement une langue parlée, ou plutôt un ensemble de dialectes (qui peut aussi comprendre ceux du Liechtenstein).André (Georges, Raymond) a écrit :le "Schwytzertütsch" étant passablement différent du "Hochdeutsch" et loin d'être uni, que font vos compatriotes francophones, italianophones ou romanchophones lorsqu'ils veulent apprendre la langue des Suisses germanophones ? Qu'enseigne-t-on dans les écoles ?
Cependant, il existe des cours et même un diplôme de Schwytzertütsch. Mais je ne sais pas s'il s'agit d'un dialecte (dans ce cas, ce serait probablement celui de Zürich) ou d'une forme unifiée et standardisée de suisse allemand, comme il en existe pour le romanche (le rumantsch grischun).
On écrit aussi en Schwytzertütsch depuis longtemps, mais apparemment, il s'agit d'une écriture phonétique. Voici un exemple actuel et une belle affiche du début du XXe siècle.
Certains Suisses allemands voudraient même que le Schwytzertütsch soit reconnu comme une langue à part entière. Pour cela, il faudrait promouvoir une forme standardisée. La Confédération suisse fait des efforts pour la sauvegarde et la promotion du romanche, qui est la quatrième langue officielle de Suisse et qui est enseignée dans la plupart des écoles primaires du canton des Grisons, mais comme le suisse allemand ne manque pas de locuteurs, ça m'étonnerait qu'on lui réserve un jour le même traitement.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Veuillez excuser ma tardive manifestation, mais curieusement, avec Larousse je l'entends comme je le prononce moi-même, à savoir aucune des deux prononciations d'André mais ajunder.Marco a écrit :Le premier. Vous pouvez entendre la prononciation ici en cliquant sur le symbole qui précède le verbe.André (Georges, Raymond) a écrit :Dit-on [aginder] ou [ageander] ?
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
... et c'est encore plus difficile parlé qu'écrit ! Pour se faire une idée de la différence avec le « Hochdeutsch », on peut noter par exemple que « zeerscht » correspond à « zuerst » (en français : d’abord), « emol » à « einmal » (une fois etc.) et je ne parle que de ce que je comprends !manni-gedeon a écrit : Voici un exemple actuel