Je ne me suis pas levé pour rien ce matin, mais pour découvrir ces deux jolis mots.
A qui m'en apprendra le sens, j'expliquerai en retour celui des mots : pédanterie et cuistrerie (et je m'y connais ! ).
Belle découverte lexicale. Pour reprendre les termes de Salvador Dali, je dirai que c'est hyperboliquement transcendental. Ou ceux de je ne sais plus quel parodiste, c'est époustoufifiant.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
J'avoue que je ne saisis pas où trouver sujet à critique ou dérision dans ces deux mots-là. J'ai pratiqué depuis pas loin de quarante ans les livres et revues qui traitent de la nature, et ces deux adjectifs me sont familiers ; je les trouve bien pratiques pour accompagner ce qui concerne la flore et la faune. De toute façon, ce sont des termes scientifiques, et dans un contexte d'étude de la nature, leur emploi n'est pas critiquable.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Les sciences ne sont pas immunisées contre les tendances à s'exposer aux plaisanteries de Molière... Je pense que les nomenclatures scientifiques, hautement sérieuses, ne sont pas la même chose qu'un certain bourgeonnement plus ou moins gratuit d'un vocabulaire destiné au gargarisme entre initiés. Moi-même je ne prends qu'à demi au sérieux le bel étalage de termes savants que j'ai récemment précisé au sujet de l'aéronautique (aéronef/aéroplane/aérodyne/etc.).
Sur les nomenclatures scientifiques hautement sérieuses, j'apporterai même quelques réserves. On dirait que les sciences sont jalouses de la rigueur absolue des mathématiques, et veulent aussi la leur. Voici une trentaine d'années j'ai découvert dans le manuel de chimie de mes neveux le dioxygène, le diazote, etc., pour désigner ce qu'on entendait par oxygène et azote depuis Lavoisier. J'en ai naturellement compris le sens et la raison d'être, ce qui ne m'a pas empêché d'y voir une volonté normalisatrice frôlant le ridicule (oxygène tout court dans 99% des cas voulant dire dioxygène, et les autres cas n'étant quasiment jamais ambigus).
Je suppose que le dioxyde de carbone dont on nous rebat les oreilles est à mettre dans le même sac. En cours de chimie, on nous parlait de deux gaz appelés gaz carbonique et oxyde de carbone, CO et CO2 si je ne me trompe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Oui et non pour le même sac. Enfin, ce serait compliqué à préciser ici. Côté historique, on peut noter aussi les termes souvent employés autrefois d'anhydride carbonique (correct en soi) et d'acide carbonique (extension abusive, mais répandue jadis et systématique chez Jules Verne).
Le gaz carbonique et l'oxyde de carbone n'en restent pas moins très communs en effet, et grâce à cette banalité ne sont pas du tout ambigus (alors qu'ils le sont en soi : le monoxyde de carbone est bien un gaz "carbonique" et le dioxyde de carbone est bien un oxyde de carbone).
On l'a même appelé dès avant Lavoisier "l'air fixé", parce qu'il est "fixé" sur la craie jusqu'à ce qu'un acide l'en dégage.
Mnémotechnique : "Des deux, c'est l'oxyde qui occit le mieux".
(Je sais, c'est un verbe défectif).